Si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur

par | 2 novembre 2016

Frère Pavel Syssoev

Quand l’homme se penche sur son mystère : « Qui suis-je ? » il y a tant et tant de manières de répondre à cette question. Des réponses certes, vraies, mais si partielles ! Mon travail, mon passé, mes espoirs, mes relations, mon compte en banque, mon CV – serait-ce moi ? Ce souffle fragile qui m’anime, est-ce moi ? Ce corps qui restera sur une plaque froide une fois ce souffle partira, est-ce moi ? Mes souvenirs fugaces, mes paroles – est-ce moi ? Qu’est-ce qui tient ensemble tout ce que je suis, qu’est-ce qui anime mon être, par quoi mon âme vit-elle, d’où vient sa lumière, secrète, précieuse ?
Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourrons, nous mourrons pour le Seigneur. Mon identité la plus profonde, c’est le Christ. Ma vie, la plus vraie, c’est Dieu. Ma destinée, ma seule destinée véritable, c’est sa Résurrection.
Mais il y a en moi aussi tant et tant de choses qui s’opposent à cette vie ; qui traînent, qui résistent, qui tardent. Mes non-amours et mes non-réponses, mes infidélités et mes tiédeurs, mon faux ego et ma vraie mort – tout cela n’est pas le Christ, n’est pas encore le Christ.
Cette distance qui me sépare de lui, me sépare en même temps de mon prochain. C’est mon prochain que je n’aime pas, c’est lui qui je ne vois pas, ne sers pas, je ne le veux pas. Tout ce qui le couvre à mes yeux, me sépare aussi du Christ. Tout ce qui m’unit au Christ, m’unit aussi à mon prochain, mieux encore sers l’union de mon prochain avec Dieu.
Plus je deviens ce que je suis appelé être – le fils dans le Fils, le bien-aimé de Dieu dans l’Unique Engendré, le Verbe éternel – plus je suis uni à mon prochain, plus je l’unis au Christ. Dans l’unique Médiateur de l’Alliance nouvelle et éternelle je deviens le lien vivant qui rattache tout homme à Dieu.
Si nous cherchons à trouver une vraie communion avec nos défunts, allons vers la source commune de notre vie – allons vers le Christ. C’est dans sa main que nous sommes réunis. Tous nous sommes sa part, son héritage, ce don qu’il a reçu de son Père et qu’il mènera à la résurrection commune. Nous tous, qui avons été baptisés en Christ, nous avons revêtus le Christ. Il est le Seigneur des vivants et des morts, il nous mène tous vers sa lumière.
Oui, telle est la volonté de mon Père que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle et que je le ressuscite au dernier jour. En venant à l’Eucharistie, nous nous approchons de la source de la Vie et nous nous y plongeons avec nos défunts, avec tous ceux que nous portons dans notre cœur, pour y vivre à jamais, ensemble, dans le Christ.
Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourrons,nous mourrons pour le Seigneur. Dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. 

fr. Pavel Syssoev, op

Frère Pavel Syssoev

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