Rameaux – « Hosanna, Fils de David – De grâce, aide-moi ! »

par | 20 mars 2016

Fr Hughes-François Rovarino

« Hosanna, Fils de David – De grâce, aide-moi ! »

Rameaux – fr. Hugues-François Rovarino, dominicain – Bordeaux 2016

Vers elle, nous avons convergé ! En liesse, jubilant, émus, bouleversés ou impressionnés, curieux peut-être, en foule nous avons pérégriné : nous avons traversé les siècles ou plutôt, voici qu’ils nous saisissent. Ayant  suivi le Messie, nous sommes restés avec lui devant elle ; et nous l’avons interrogée. Aux couleurs des palmes agitées par les enfants de Dieu, notre Porte se dressait. Encore un temps, et nos chants nous rapprocheraient d’elle. Nos cœurs étaient désormais préparés. Quelques marches et nous allions célébrer le Seigneur dans son Temple Saint, comme nous y conviait le Messie. Comme des psaumes, nos chants scandaient notre montée, notre foi. Comme des soupirs fidèles nos « Hosanna » ! portaient notre espérance : oui « Hosanna – De grâce, aide-moi ! »

Vers elle nous levions les yeux. Et notre joie heurtait ses vantaux ! « Ouvrez-vous, Portes Eternelles, qu’il entre le Roi de Gloire ! » Et si la Croix venait déjà marquer cette porte, la frapper, bientôt, celle-ci allait céder à Celui qui désormais serait lui-même la Porte ; Celui qui embrasserait cette Croix et qui nous offrirait le Salut. Il n’était plus temps désormais d’hésiter, mais d’entendre ses titres de Gloire : Fort, Vaillant, Roi Messie. Il serait notre Sauveur !

Voilà la grâce de cette Heure : nous faire entrer dans le Mystère de la Passion du Christ. La porte allait s’ouvrir : la Croix devenait la clef de l’Eglise ; donnant l’accès au Seigneur. Le Messie entrait. Nous étions transformés par l’action de grâce ; comme l’écrivit saint Luc : « la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus,  et disaient : ‘Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux !’ ».

Alors nous sommes entrés. Cette porte est du bois dont on fait notre Croix ! Du Bois dont le Sauveur fait notre Salut. Elle est de ce bois, en effet, comme l’arche pour nous porter au milieu des tumultes du monde dont nous ne sommes pas retirés. Ce monde ravagé par ses drames, ses tragédies humaines, si vastes que nous ne savons plus comment y mettre fin ; ses fractures dans lesquelles les « Hosanna – De grâce, aide-moi ! » lancés vers Dieu, ont tant de peine à être aussi entendus de nos oreilles, alors même que le Seigneur veut nous donner sa Paix. Ainsi suivant le Messie, nous laissions le Seigneur approcher de nous. Franchissant la porte, c’est notre cœur qu’ensemble nous lui ouvrions.

Cependant combien mesurons-nous chaque jour que l’image de Dieu que nous sommes, oublie ou se détourne de sa réalité, et qu’elle fuit même sa grâce. Et combien de souffrances cela génère-t-il ! Le monde est à feu, à sang ; au milieu de lui, « l’Eglise est Jésus-Christ répandu et communiqué », mais les membres de l’Eglise – quels qu’ils soient, qui que nous soyons – comme des vases d’argile, ne portent pas tous cette lumière ; ou font obstacle à son rayonnement. Le Mal n’organise pas seulement la passion du Messie, mais il a ses complices jusqu’en notre cœur.

En cette heure où nous entendons combien le Messie est dévoré par le zèle du Serviteur, la charité, comment ne pas communier au Nom qu’il révèle et vouloir sa grâce ! Sa Passion est là. Elle est là pour nous. Pour que la  liesse de l’espérance nous transforme, agisse en profondeur. Ne l’avons-nous pas entendu : « Seigneur, pour montrer au genre humain quel abaissement il doit imiter, tu as voulu que notre Sauveur […] subisse la mort de la croix : accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de sa passion et d’avoir part à sa résurrection. » Le Chemin est tracé.

 

Quand Jésus, sur le bois, sera élevé de terre, demandons-lui de nous attirer à lui : « Hosanna, Fils de David – De grâce, aide-moi ! » ce cri nous parcourt. Demandons au Sauveur de comprendre que notre vie est là ; et de goûter qu’avec lui, elle a la grâce de prendre part à l’œuvre de Dieu, en une charité efficace, et qui ne passera pas !

fr. Hugues-François Rovarino, op

Fr Hughes-François Rovarino

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