L’action de grâce récompensée

par | 20 octobre 2013

Frère Antoine Tingba

L’action de grâce récompensée

Dieu merci, ils ne sont pas tous partis sans action de grâce. Pas tous, mais un seul sur dix est revenu sur ses pas. Ils étaient dix pourtant à venir à Jésus, s’arrêtant à distance, ils ont crié: Jésus, maître, prends pitié de nous. Jésus a eu pitié de tous les dix, il les a renvoyés se montrer aux prêtres et tous ont été purifiés. Mais le dixième est le seul à voir qu’il n’était pas seulement purifié mais guéri.

Lui seul prend l’initiative de revenir vers Jésus pour glorifier Dieu en se jetant la face contre terre à ses pieds. Ce lépreux au comportement étrange, l’évangile ne nous livre pas son nom. Jésus constate qu’il est un étranger, c’est un samaritain. L’ère messianique est ouverte à toutes les nations à qui, en définitive, s’adresse l’évangile.

Dix hommes souffrant de la lèpre, c’est beaucoup pour un petit village. La lèpre était une maladie dont tout le monde évitait la contagion et les lépreux étaient mis à l’écart de tous. La loi exigeait, en effet, que le malade de la lèpre soit tenu isolé, et banni de la société. La guérison même constatée ne suffisait pas, il fallait une purification proprement dite, avec sacrifice tel que le prescrivait la loi de Moïse. Parmi les signes de l’avènement des temps messianiques, ce que Jésus cite expressément c’est non seulement la guérison d’aveugles ou de boiteux, mais la purification des lépreux. Si la venue du règne de Dieu est manifestée par la délivrance de toute maladie, elle l’est à plus forte raison par la purification de la lèpre, considérée comme une impureté.

Nous imaginons en effet combien ces lépreux avaient le désir d’être purifiés de la maladie qui faisaient d’eux des exclus de la société, des intouchables, des rejetés et méprisés. Ils ont obéi à l’autorité de la parole de Jésus. Allez, vous montrer aux prêtres. Et sur la route, ils ont été délivrés du mal. Au fond d’eux-mêmes, la guérison faisait partie de leurs besoins fondamentaux. Une fois purifiés, ils se devaient de se montrer au prêtre et présenter l’offrande que Moïse avait prescrite: la référence à la loi étant donc expresse. La purification n’était qu’un premier pas vers le salut. La manifestation extérieure d’un recouvrement de la santé. Il fallait aboutir à la réintégration dans la société, dans la vie publique.

Tous se pressent à obéir à cette recommandation. Mais un seul entretient un autre rapport avec Dieu. Il revient vers celui qui l’a délivré de sa lèpre. Il ne prend pas la même direction que les 9 autres lépreux. Les neuf autres, on ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger ! De Dieu, il se rend compte qu’il a reçu plus. En Jésus, il voit le premier des prêtres, le grand-prêtre plein de compassion, le prêtre pour l’éternité.

Il a raison de chanter la gloire de Dieu! Il glorifie Dieu à pleine voix. Son action de grâce est une louange. Un chant et un cri. En effet, lorsque nous portons beaucoup de fruits, nous glorifions Dieu pour tous ses bienfaits et toutes ses merveilles. Dieu seul est bon et tout ce qu’il peut y avoir de bon en nous, cela nous vient directement ou indirectement de Lui. Les fruits que nous portons sont le reflet de sa grâce dans nos vies.

Jésus même, dans toute l’étendue de son ministère a reconnu en Dieu d’être la source de tout ce qu’Il accomplissait. Louant la puissance de Dieu, le lépreux appelle la grâce : et la grâce ne peut absolument pas manquer à ce qui a précédé, la purification de la lèpre.

Il est seul à se jeter la face contre terre et à se prosterner devant Dieu !

Il s’exprime dans un geste d’abandon, la prostration, le plus expressif des gestes d’adoration. En se jetant la face contre terre, il s’anéanti devant Dieu. Il n’était pas digne d’être exaucé, mais Dieu a daigné descendre jusqu’à lui. Dieu l’a purifié. Ce qui double en effet le prix des bienfaits, c’est leur valeur intrinsèque et le néant de celui qui les reçoit. Acte d’humilité parfaite, exemplaire de la honte que doivent nous infliger les souillures de notre vie, l’impureté occasionnée par le péché, sans étouffer l’aveu à faire. L’humilité seule donne un autre regard sur soi-même et sur autrui. Le dixième lépreux est humble ; guéri en sa chair, il s’est senti surtout aimé, accepté et réhabilité par Jésus.

Relève toi et va : ta foi t’a sauvé, lui dit Jésus. L’action de grâce est une dynamique de la foi. Il est d’autant plus notable que Jésus ne puisse résister à la foi de ce lépreux. Jésus est admiratif devant sa confiance en Dieu.

Le lépreux est relevé, signe qu’il ressuscite de la mort. Dix ont été purifiés, mais un seul est guéri, sauvé parce que les chaines de la mort qui le retenaient sont maintenant brisées.

Jésus n’a pas moins guéri les 9 autres lépreux. Seulement, grâce à sa foi et son action de grâce, le dixième lépreux, le Samaritain, a reçu plus que les neuf autres. Aussi nous apprend-il que, pour aller jusqu’au bout, la foi doit s’extérioriser pour chanter le don de Dieu et se mettre en route. Ainsi, le lépreux purifié et guéri est devenu apôtre de l’Évangile comme d’ailleurs Jésus le lui demandera expressément, relève toi et va. Il est envoyé et mis en route pour croître dans l’intimité de Dieu. Il a obtenu plus que la purification, plus que le fait d’être guéri, il est couvert de salut et de la paix du Christ.

 

Chacun de nous peut ressembler à ce lépreux samaritain purifié et sauvé, si nous incarnons son attitude, si nous chantons comme lui notre action de grâce, en glorifiant Dieu à pleine voix pour tous ses bienfaits. Témoigner de sa gratitude, c’est le propre d’un cœur reconnaissant. Et Dieu récompense quiconque lui témoigne de la gratitude.

fr. Antoine Tingba op

Frère Antoine Tingba

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