La famille dans la lumière de Noël

par | 28 décembre 2014

Frère Antoine-Marie Berthaud

Fête de la Sainte Famille, Année B
Dimanche 28 décembre 2014, Bordeaux, couvent de la Vierge du Rosaire.
La famille dans la lumière de Noël !
Aujourd’hui, frères et sœurs, c’est encore Noël et c’est merveilleux ! Les bergers sont repartis, les Mages ne sont pas encore à l’Epiphanie. C’est le Noël de la famille. Dieu est né sur la terre dans une famille. Mystère de la Sainte Famille ! C’est encore une fois merveilleux, car il nous est donné de contempler le mystère de la famille dans cette lumière de Noël.
Oui, la famille est un mystère, un grand mystère et nous aurions tendance à l’oublier.
Du côté de l’homme, la famille naît naturellement de l’amour exclusif entre un homme et une femme qui relève bien déjà d’un sacré mystère. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Pourquoi se sont-ils choisis pour se marier ? Les arguments avancés alors ne trompent personne. L’amour qui fonde la famille est déjà un mystère.
Du côté de Dieu, c’est paradoxalement plus clair. Tout d’abord parce que Dieu est Amour et source de tout amour. Ensuite il a fait que l’amour mutuel d’un homme et d’une femme puisse s’établir. S’installer dans une cellule absolument unique qu’est la famille. Consacré par le mariage, cet amour pourra produire son fruit qui est vie, qu’il soit au singulier ou au pluriel ou encore dans le cœur des parents.
Un jour de Pâques j’entre dans la chambre d’une maternité pour porter la Communion à une maman qui venait d’accoucher. Elle avait sa petite crevette dans les bras et voulant me partager la joie du don de Dieu pour elle et sa famille, elle me dit : « Tenez ! Prenez-le ! ». Evidement je me sentais un peu maladroit ! On a peur que cela se casse, ces petites choses ! Maintenant que j’ai eu quelques neveux, ce n’est plus pareil ! Et d’ailleurs en voyant les petits frères et sœurs faire avec, je me suis dit que le Bon Dieu avait bien fait les choses : c’est drôlement solide ! Mais, en regardant ce petit bonhomme tout chaud contre mon cœur pour savoir s’il ressemblait plus à papa ou plus à maman, ce dont j’étais sûr c’est qu’il était d’abord à l’image et ressemblance de Dieu ! Dès l’instant de sa conception, Dieu en est le Créateur.
De qui est-il ce petit ? Il a un père et une mère certes, parfois inconnus. Mais à la question : à qui est-il ? Il n’y a pas d’hésitation : ni au père, ni à la mère, mais à Dieu et à Dieu seul ! Voilà pourquoi la vie humaine, comme surgissant du néant, qu’elle soit la bienvenue ou la malvenue, qu’elle se présente heureuse ou malheureuse, désirée ou redoutée, paisible ou panique, homologuée ou handicapée, toute vie humaine est sacrée. Dieu a sur elle une marque déposée ! Personne n’y touche sans atteindre Dieu. Et c’est pour cela aussi que ces jours-ci Dieu s’est fait bébé ! Tout ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi, Dieu, que vous l’aurez fait ! Et c’est bien ce que célèbre l’Eglise, chaque 28 décembre comme aujourd’hui, avec la fête des saints Innocents. La victoire incroyable de ces petits, pourtant massacrés par la furie d’Hérode hier, par la violence ou l’indifférence de notre monde aujourd’hui ! L’Eglise, servante de la Vérité de l’Amour, ne pourra jamais consentir à la fabrication comme à l’élimination des enfants des hommes. Oh mes amis, en ces temps de grande confusion et d’immense souffrance, soyons, nous chrétiens, de bons samaritains ! Vous connaissez une personne ou un couple touché par le drame de l’avortement ou bien ayant succombé à la tentation d’une procréation artificielle ? Je vous en supplie, ne les condamnez pas ! Ne les abandonnez pas ! Invitez-les à rencontrer un prêtre qui les accueillera. Car l’Eglise sait que la loi de la transgression touchant à l’essentiel est depuis l’origine un chemin de mort et de perdition. Seul Jésus et la puissance de sa miséricorde peuvent nous en libérer et nous en guérir, en un mot : nous en sauver !
Vous rappelez-vous le tout premier commandement d’amour de Dieu dans l’Ecriture Sainte : multipliez-vous et emplissez la terre ! Le Seigneur transmet au couple originel son propre élan créateur. Il institue le couple humain, premier instrument de la surabondance de son Amour. Voilà pourquoi il n’y a pas d’engagement dans le mariage sans désir de famille, sans ce désir de donner la vie comme Dieu ! Il n’y aura pas non plus de véritable famille sans mariage, sans cette alliance indissoluble, reflet de la Communion d’amour éternelle qu’est Dieu Trinité ! Voilà pourquoi les trois mensonges qui continueront à détruire nos familles sont l’inconséquence de la fornication, la banalisation de l’adultère et l’obligation de la contraception.
Oh frères et sœurs, cet enseignement du Christ et de l’Eglise est-il seulement entendu par nous tous, chrétiens, avant même d’être reçu par nos contemporains ? Vision dépassée, ringarde ? Et si personne n’y croyait plus, tout le monde en rêve ! Rien ne remplacera ce mystère de la famille, si ce n’est la désespérance qui atteint cruellement les jeunes générations avant même qu’elles soient adultes.
Vous dites « mariage », ils pensent « divorce ».
Vous dites « joie de l’engagement », ils pensent en eux-mêmes « peur de l’emprisonnement ».
Vous dites « accueil de la vie », ils pensent, pardonnez-moi l’expression, « emmerdement à vie ».
Cela ne vous rappelle-t-il pas la déprime d’Adam et Eve au lendemain de la chute ? Heureusement, et c’est la joie profonde de Noël, Dieu est venu en personne tirer l’homme de son malheur.
En venant dans le monde, c’est le monde entier qu’il est venu sauver. En naissant d’une femme, Jésus a sauvé la famille et la maternité. Première famille à accueillir le Sauveur, la première famille à être sauvée donc, la sainte Famille ! En Marie, toutes les maternités retrouvent leur perspective d’éternité. En Joseph, toute paternité sait maintenant qu’elle tient de Dieu son autorité. Tout enfant qui vient en ce monde est destiné à devenir à l’image du Fils unique cohéritier du Royaume des cieux. Quelle merveille !
Alors, pour que nos familles soient sauvées, retenons trois points de la Parole de Dieu :
Tout d’abord nos familles avec leurs joies et leurs peines ont leur sens ultime dans le cœur de Dieu. Elles ne sont pas nées simplement d’un vouloir d’hommes, produit culturel à géométrie variable. Dieu dit à Abraham, comme à tous les pères et mères de famille dans l’épreuve et le doute : « Ne crains pas ! Je suis un bouclier pour toi. Tu recevras de cette alliance un merveilleux salaire ». Et Abraham eut foi dans le Seigneur. Dieu réclame de nous une confiance totale pour notre famille. Que nos familles soient à l’image de la Sainte Famille le premier lieu de la foi, de la confiance en Dieu !
Ensuite comment faire de façon concrète face aux contradictions de la vie, aux situations les plus complexes et même dans la tourmente ? Dieu a parlé. Le chrétien est justement celui qui toujours se réfère à la Parole de Jésus pour connaitre la volonté du Père. Ainsi implore-t-il la grâce divine pour obéir assurément à ses commandements et mettre en œuvre la Bonne Nouvelle, l’Evangile de la Famille. Abraham ne comprend pas le sacrifice que lui demande Dieu. Mais sa foi et son obéissance seront infiniment récompensées. C’est vrai, le Seigneur réclame de nous d’aimer nos familles jusqu’à nous sacrifier pour elles sans que nous puissions toujours tout comprendre. Que nos familles soient à l’image de la Sainte Famille le premier lieu du don de soi, jusqu’au sacrifice de soi pour Dieu !
Enfin l’Evangile met en lumière l’humble obéissance de Joseph et de Marie à la loi religieuse de leur temps. Ils pouvaient s’estimer au-dessus d’elle en portant dans leur bras l’Auteur de la Loi nouvelle. Eh bien non ! Cette obéissance simple au Seigneur, signe de leur docilité à l’Esprit Saint, est pour nous l’exemple qu’il faut suivre. Le Seigneur réclame de nous humilité et docilité dans la mission qu’il nous confie. Alors la grâce ne nous manquera jamais. Que nos familles soient à l’image de la Sainte Famille le premier lieu où se vit l’humilité de toute vocation humaine à l’amour !
Lieu de la foi, du sacrifice et de l’humilité, la famille est certainement l’école de l’amour, de la sainteté commune, que Dieu a donnée à l’humanité. Quelle merveille ! Comme Dieu s’est donné une famille, il nous en a donné une. A nous de nous y donner, d’y travailler, afin qu’elle puisse donner un fruit selon le cœur de Dieu, à l’image de la Sainte Famille ! Amen

fr. Antoine-Marie BERTHAUD, op

Frère Antoine-Marie Berthaud

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