Avec Marie et Joseph vers le « sommet » de Noël

par | 23 décembre 2019

Frère Nicolas-Bernard Virlet

La Vierge Marie et Joseph sont des maîtres et témoins hors pairs pour nous préparer en vérité à ce « sommet » salvifique, unique en son genre, qu’est Noël : celui de Dieu avec l’humanité.

Un « sommet » est d’autant plus important que l’un de ses membres au moins a un rang éminent : géo-politiquement, économiquement, moralement, spirituellement … Et quelle personne aurait rang plus élevé que Dieu, Créateur et Sauveur, par qui, en qui et pour qui tout a été fait.

Dans une préparation d’un sommet, on a beau essayer de penser à tout, il y a toujours de l’imprévu. Et Marie et Joseph, question imprévus, ont été servis du début à la fin, et au-delà. Ils nous apprennent à accueillir l’initiative toujours surprenante de Dieu qui dépasse tout espoir, tout ce qui n’est jamais monté au cœur de l’homme (1 Co 2,9). Ils avaient fait sans doute des plans sur la comète ou sur l’étoile du berger.

Joseph se trouve devant Marie, sa fiancée, qui attend un enfant qui n’est pas de lui : un imprévu de taille. Il fût « songeur », au sens profond et noble, divin, du terme : « la nuit portant conseille ». Sans précipitation, ni agitation et fébrilité, il a su se garder de la tentation si grande d’un jugement hâtif sur une apparente évidence première : il a su demeurer disponible et docile à la grâce, laissant Dieu le visiter par son ange dans la nuit de son incompréhension. Ainsi il a pu accueillir le Mystère de la venue du Messie en son foyer pour l’humanité toute entière.

Joseph est un homme juste, devant Dieu et devant les hommes, patriarche de l’humilité, à « la vie cachée », mais qui illumine le monde, participant éminemment  à lui donner le Sauveur : un anawim, qui murmure la loi de Dieu jour et nuit (Ps 1), qui la connaît. Entre autres, la prophétie messianique de l’Emmanuel du premier prophète Isaïe (7,14). La parole de Dieu est le Rocher de sa vie. S’il avait douté de la fidélité de Marie, il l’aurait répudier publiquement, selon la loi, et non secrètement. Mais les questions qu’il se posait légitimement, n’étaient pas que Marie lui paraissait indigne de lui, mais que, dans une confiance indéfectible à l’égard de Marie, sans aucun doute, il percevait que se déployait en elle un si grand Mystère qui le dépassait infiniment et dont, lui, ne te sentait pas digne d’accueillir, par elle, sous le toit de son cœur. Le juste, comme Dieu, ne regarde pas à l’apparence, mais au cœur (1 Sm 16,7). Les interrogations de Joseph restaient dans la confiance, où 1000 questions pour mieux comprendre, connaître et donc aimer, ne font pas un doute.

En cet Avent du « Sommet », Marie ne s’est pas non plus justifiée auprès de Joseph de sa situation humainement si difficile à expliquer. Elle laisse Dieu la justifier par l’ange auprès de son époux. Configurée déjà par là aussi à Jésus son Fils, qui au dernier jour sur la croix, ne se justifiera pas non plus lui-même, mais laissera Dieu son Père le faire, le ressusciter.

Pour participer à ce « sommet », avec Joseph, nous apprenons aussi à passer d’une mauvaise crainte à la bonne crainte de Dieu. La mauvaise crainte nous éloigne de Dieu comme Joseph qui ne se sentait pas digne d’accueillir chez lui Marie, Tabernacle du Dieu vivant, et par elle, le Fils de Dieu : et, pour cela, envisageait de la répudier en secret. Comme Pierre après la pêche miraculeuse (Lc 5,8-11)… La bonne crainte, au contraire, est celle qui nous conduit à nous approcher de Dieu. Non dans l’impunité, mais dans l’humilité, l’adoration, l’imploration : comme la Vierge Marie Lc 1,38), comme le Centurion (Mt 8,8) … ou comme Zachée (Lc 19,8-9).

Joseph nous apprend ainsi à accueillir la Vierge Marie sous le toit de notre vie personnelle comme Jean le fera au pied de la croix (Jn 19,26-27), et sous le toit de notre vie communautaire familiale ou religieuse comme les apôtres au Cénacle (Ac 1,13-14). L’accueillir c’est accueillir par elle l’Esprit Saint (Lc 1, 41+44), le Verbe de Dieu, et Celui qui l’a envoyé, le Père (Mt 10, 40)

Pour cela, il a fallut le « oui » de Marie à Dieu au nom de toute l’humanité, mais aussi le « oui » de Joseph, qui appellent notre « oui » véritable à notre tour, afin que nous lui soyons chacun une humanité de surcroît pour son Incarnation et notre rédemption.

Oui, ce « sommet » n’est vraiment vraiment pas comme les autres … C’est énorme dans l’humilité et l’obéissance, la charité… déjà dans la préparation. Alors dans son déroulement : rendez-vous dans trois jours … Soyez attentifs …

Parmi tant d’autres aspects plus que surprenants : aucun contrôle de sécurité ou de papiers : tous invités … Une seule condition pour participer à ce « sommet » : l’humilité que scelle en nos cœurs le sacrement incontournable du pardon. S’incliner en vérité devant le Sauveur qui s’abaisse jusqu’à nous infiniment plus que nous-mêmes pouvons le faire à son égard.

Préparons-nous à célébrer en vérité Noël en contemplant Marie et Joseph et en nous laissant guidés par eux jusqu’à Bethléem. Le Seigneur est proche, tout proche. Nous sommes tous, pauvres pécheurs, invités, attendus, aimés par Lui … pour ce « sommet » à nul autre pareil pour notre salut et celui du monde.

Nicolas-Bernard o.p.

Frère Nicolas-Bernard Virlet

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