Dieu dépouillé – Dimanche de la Passion

par | 5 avril 2020

Frère Pavel Syssoev

Vêtu de faste et d’éclat, tu as pour manteau la magnificence, dit le psaume.

C’est le dépouillement que nous contemplons aujourd’hui. Dépouillement de Dieu, qui s’est abaissé jusqu’à la mort et la mort sur une Croix. Dieu dépouillé – non pas parce qu’il soit vaincu par le mal, mais parce qu’il se livre sans réserve. Son Cœur transpercé est devenu pour nous une fontaine de vie, à jamais ouverte. Ce dépouillement est déjà le jaillissement de la gloire.

Le dépouillement de Dieu, son anéantissement volontaire, en ce temps nous le contemplons avec un regard neuf. Car nous sommes dépouillés – de nos célébrations : on fait au mieux, mais nos assemblés nous manquent. Nous vivons comme le peuple de l’exil – loin du sanctuaire, loin du peuple en prière, loin, souvent trop loin de la présence sacerdotale. Le dépouillement économique : les difficultés d’il y a six mois pourront nous paraître une époque d’opulence. Le dépouillement imposé par la solitude et la maladie. Le dépouillement particulièrement douloureux quand nous ne pouvons vivre notre deuil à travers ses rites et ses célébrations, quand nous ne pouvons pas accompagner nos proches lors du dernier passage. Dieu dépouillé et son peuple, dépouillé.

Le dépouillement des trésors dont on ne mesurait pas la valeur. Mais le dépouillement aussi des vanités, de tant de paroles creuses, encore que le brouhaha de la bêtise continue de nous assommer. Nous avons peur de nous retrouver nu face à Dieu. Nous nous couvrons donc des feuilles mortes pour ne pas nous tenir nus devant Dieu nu. Quand on est dépouillé du vrai bien, la tentation est de se cacher derrière des riens.

Adam, où es-tu ? J’ai entendu tes pas, j’ai eu peur, et je me suis caché, car je suis nu.

Adam, où es-tu ? Aujourd’hui, si nous entendons sa voix, n’endurcissons pas notre cœur. Dieu vient vers nous – dépouillé, livré, crucifié, pour nous enrichir de sa pauvreté, pour nous guérir par ses blessures, pour nous vêtir par son dépouillement. N’ayons pas peur d’être dépouillé avec lui, craignons de le fuir ! Tenons dans la lumière de la Passion de notre Seigneur.  Dieu vient. Voici ses pas. Ne fuyons pas devant sa face.

Frère Pavel Syssoev

Frère Pavel Syssoev