Il s’appelait Naaman …

par | 16 mars 2020

Frère Nicolas-Bernard Virlet

Il s’appelait Naaman …

Naaman arriva avec ses chevaux et son char à la maison d’Elisée. Elisée lui demande pour sa guérison d’aller se baigner sept fois dans le Jourdain. Et Naaman rentre dans une grande colère : attendant une guérison spectaculaire, à la hauteur de ce qu’il croyait être son rang avec tous ses attelages, et où, lui, Naaman n’aurait rien à faire.

Après sa colère, et sous les conseils de ses serviteurs, Naaman accepte de rentrer dans l’obéissance humble et confiante à la parole de Dieu qui lui vient par Elisée. Et il fut purifié et guéri de sa lèpre : relevé de sa maladie, recréé par ces sept bains, création nouvelle, comme les sept jours de la première création.

La situation particulière et éprouvante que le monde entier traverse en ces mois, nous appelle à cette obéissance humble et confiante à ce qui nous est demandé pour protéger les plus faibles, les plus fragiles, face à cette épidémie : aussi bien par nos gouvernants qui font tout ce qu’ils peuvent, ainsi que l’Eglise par nos pasteurs.

Deux passages des Evangiles peuvent nous aider à rentrer humainement et spirituellement dans cette démarche :

+ Avec Marie et Joseph eux-mêmes. L’empereur César Auguste émet un édit de recensement : c’était pour l’enrôlement dans l’armée et la levée de l’impôt … Nos dirigeants ont émis un ordre progressif vers le confinement publique : afin de tout faire pour sauver le plus possible de vie durant ces quelques semaines du pic de l’épidémie dans notre pays. Marie et Joseph, bien que parents du Fils de Dieu – quel rang éminent -, et bien qu’étant à une date proche de la très sainte naissance attendue, ne s’en sont humblement en rien prévalu, pour se dispenser de cette obéissance civile : ils sont partis, obéissant, à Bethléem, pour s’y faire recenser. Aux yeux du monde, les parents du Fils de Dieu pourraient paraître soumis à l’empereur. Mais par leur obéissance, ils le soumettent, sans que l’empereur le sache lui-même, à l’accomplissement de la prophétie qui annonçait la naissance du Messie attendu dans la ville du roi David : à Bethléem. (Lc 2,1-7 et Mt 2,6)

De même, face à la loi religieuse : les saintes femmes qui étaient au pied de la croix de Jésus jusqu’au bout, alors que tous les apôtres avaient disparu, sauf Jean, regardèrent attentivement où Joseph d’Arimathie déposa le corps de Jésus dans un tombeau proche. Elles auraient tant désirer l’approcher, le toucher, veiller sur son Corps très saint et Sauveur. Mais elles respectèrent le précepte religieux du shabbat dans l’humble obéissance : elles attendirent le premier jour de la semaine. C’était le matin de Pâque. La fin de toute quarantaine, de tout carême, de tout confinement, de tout jeûne eucharistique … (Lc 23,50-56).

Entrons dans cette humble et confiante obéissance de Naaman le Syrien, ce païen, que Jésus nous donne en exemple dans l’Evangile. Prenons humblement et avec charité fraternelle, avec foi et espérance, et avec persévérance, les moyens qui nous sont donnés à notre portée :

entre autres,

+ une attention plus grande à nos proches, visites et aides, quand cela est possible et avec discernement, pour les plus isolés et démunis, (aussi par téléphone, par courriers ou messages),

+ une prière familiale plus développée dans l’écoute commune de la parole de Dieu,

+ une prière les uns pour les autres plus large dans la Communion des Saints. Avec cette attention pour tous les personnels soignants au premier front de cette épreuve, et pour nos frères chrétiens dans tant de pays et régions du monde, qui ne peuvent pas participer habituellement à l’Eucharistie, à cause aussi des guerres, des persécutions, des injustices, de certaines réalités de très grandes misères.

+ une forme de retraite au désert de tant de relations familiales et sociales : où le Seigneur peut parler à notre cœur et le guérir par le sacrement de son pardon du virus aussi de notre péché non moins contagieux

En ces semaines si particulières, avec Marie et Joseph, avec les saintes femmes, à la suite de Naaman le Syrien, avançons avec toute l’Eglise sur le Chemin de Pâque que nous ouvre en toute circonstance le Christ, unique Sauveur de tous les hommes, dont rien ne peut nous séparer, qui est avec nous chaque jour, comme Il nous l’a promis.

 

fr. Nicolas-Bernard,  op

Frère Nicolas-Bernard Virlet

Frère Nicolas-Bernard Virlet