La grande espérance du bonheur éternel !

par | 30 mai 2019

Frère Antoine-Marie Berthaud

La grande espérance du bonheur éternel !

Quelle merveilleuse fête de l’Ascension !

Pendant quarante jours depuis Pâques, Jésus a pris la peine d’apparaître et de demeurer en son corps glorieux au milieu des Apôtres. Pourquoi donc s’attarde-t-il ? Sans doute pour au moins deux raisons. Pour affermir la foi de ses disciples en sa résurrection et les envoyer ainsi l’annoncer à travers le monde. Mais également pour les préparer à la grande espérance chrétienne.

Car Jésus n’est pas fait pour cette terre, pour ce monde qui passe. Il y a accompli son œuvre sur la croix pour le salut du monde. Donc, mission accomplie ! Mais il se doit de remonter d’où il est venu, c’est-à-dire au Ciel, d’auprès du Père.

Le Ciel ? Vous voulez parler encore du Ciel ! Est-ce bien sérieux ? Vous vous rappelez, pour les plus anciens d’entre nous, le cosmonaute Youri Gagarine, qui en 1961 fit le premier vol dans l’espace au plus haut du ciel que l’homme pouvait alors atteindre. On lui prête ce fameux commentaire dans le ton de la propagande de l’époque : « je ne vois aucun Dieu là-haut ! »

Qu’est-ce donc que le Ciel, le Paradis ?… des mots qui font sourire les plus raisonnables de nos contemporains ? Le Ciel ne désigne pas un coin de l’azur, mais bien le règne de Dieu, le Royaume des cieux, là où tout est perfection, bonté et beauté. Le Ciel ? Le lieu libre de toute entrave, de tout péché, libéré de tout malheur et de toute souffrance. Et à l’inverse de notre monde, où liberté signifie trop souvent égoïsme et indifférence, le Ciel est un lieu où règne l’amour infini de Dieu, qui unit les saints de tous les temps dans une communion totale, bienheureuse et définitive. Bref, le bonheur absolu de la vie éternelle.

Mais, frères et sœurs, quelle perspective ! Et comme il est difficile d’en parler. Nous mêmes, prédicateurs, avons bien du mal à l’annoncer ! Saint Paul a bien quelques expressions : « nous verrons Dieu face à face » ! « Nous le verrons tel qu’il est » ! Oui mais encore ? « Il sera tout en tous ! » Idée de plénitude, certes. Mais nos mots sont bien trop courts pour dire l’indicible destinée, la gloire pour laquelle Dieu nous a faits !

Un jour une mère de famille me partage son immense joie : « nos enfants et petits-enfants sont aux quatre coins du monde à présent, et nous avons pourtant réussi à nous réunir tous pour une fête de famille tout à fait improbable. Ce fut, mon Père, un moment de paradis ! – Oh non, Madame, lui répondis-je. Pas le paradis… les miettes du paradis ». Car le bonheur de la vie éternelle est sans commune mesure avec les joies de ce monde. La joie du Ciel, c’est le plus grand moment de bonheur qu’on puisse imaginer sur terre à la puissance « infini », à la puissance « absolu », à la puissance « Dieu » ! Nous serons alors comblés au-delà de notre capacité à aimer et à être aimé. Oh oui, comme nous pouvons désirer cette vie éternelle, cette vie divine, cette vie humaine transfigurée, divinisée !

C’est là justement, frères et sœurs, que Jésus est allé nous préparer une place. « Là où je m’en vais, je veux que là aussi vous soyez. »

Oui, parce qu’aujourd’hui Dieu qui s’est fait homme, Jésus, cent pour cent Dieu, cent pour cent homme, Jésus entre dans le Ciel, dans cette splendeur de gloire. Désormais auprès du Père, du Créateur, il y a un homme, de notre race humaine. Lui, le Nouvel Adam, nous ouvre par son ascension les portes du Ciel, alors que le premier Adam, vous vous rappelez, nous les avait fermées par sa terrible chute.

Ce retour à Dieu, cette montée au Ciel, nous manifeste que l’humanité connaît une étape décisive dans sa destinée. La création est comme achevée.

Mais alors, que manque-t-il ? Rien. Car en Jésus, chef de l’humanité sauvée, tous les hommes sont représentés devant Dieu. Il ne manque rien… ou presque ! Car tout de même vous et moi, nous sommes encore là !

Alors que fais-tu donc Seigneur, pour établir enfin définitivement ta Royauté sur l’univers ? Aurions-nous oublié, frères et sœurs, la parole qu’il adressa à ses Apôtres avant de les quitter et de les laisser sur terre : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » ! C’est un ordre de mission. Un ordre de mission qui justifie notre présence en ce monde et qui nous unit à la volonté du Père, à la mission du Fils par la puissance de l’Esprit Saint : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre… Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 18).

Jésus s’élève et disparaît aux yeux de ses disciples. Il s’efface comme pour mieux agir, comme pour mieux poursuivre son œuvre de salut à travers les membres de son Corps qu’est l’Eglise. En œuvrant dans le monde, les Chrétiens doivent être les gardiens de sa Parole, témoins de la Vérité, éveilleurs du désir du Ciel où Dieu les attend. Et nous y sommes déjà un peu. Car notre espérance en la vie glorieuse est déjà accomplie en Jésus, même si elle n’est pas encore totalement réalisée.

Nous savons bien que lors de l’accouchement d’un bébé, le passage à la vie pour laquelle il est fait, si la tête est passée, comme on dit : le plus dur est fait. Nous avons donc l’assurance que le corps tout entier suivra pour une naissance réussie.

Eh bien aujourd’hui Jésus, notre chef, la tête de l’Eglise, est entré dans cette plénitude à laquelle nous sommes tous appelés, à sa suite.

Alors aidons à cette naissance au Ciel de toute l’humanité rachetée par le sang du Christ. Par notre prière, notre labeur, nos joies et nos sacrifices, nos cœurs purifiés de ce qui souille notre conscience, la fidélité à notre vocation jusqu’au Ciel… faisons monter nos personnes, faisons monter nos familles et nos communautés. Faisons monter toute la terre vers le Royaume que Jésus a inauguré pour nous !

Oui, élevons notre cœur pour le tourner vers le Seigneur !

 

Fr. A.-M. BERTHAUD, o.p.

Frère Antoine-Marie Berthaud

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