Par-ici, Seigneur, viens me chercher

par | 15 septembre 2019

Frère David Perrin

Je ne suis pas berger et je ne sais pas ce que ça fait de retrouver une brebis perdue mais ce que je connais, en revanche, c’est la joie de retrouver une pièce de monnaie !

Prenons un exemple tout bête : vous êtes au péage. Vous sortez votre argent de votre porte-monnaie quand soudain —catastrophe — la dernière pièce vous file entre les doigts et tombe quelque part dans l’auto ! Vous la cherchez sous le tapis, entre les sièges, partout… Pendant ce temps-là, ceux qui sont derrière vous s’impatientent et klaxonnent. Votre désir de retrouver la pièce grandit ; la file des voitures derrière, aussi. Votre passager de droite soupire et fustige votre maladresse. Enfin, vous la voyez ! Ça y est ! Elle est là, logée très exactement entre le frein à main et le siège de la voiture. Vous vous réjouissez et tentez le tout pour le tout : l’extraction avec les deux doigts ! Ça marche ! Vous triomphez et, dans votre joie, vous êtes prêts à crier à la machine et aux autres voitures derrière : « Je l’ai ! Je l’ai retrouvée ! Elle était planquée entre le frein à main et… ! »

Bref, cette joie simple et banale nous donne une petite idée d’un grand mystère. Cette parabole très ordinaire nous fait comprendre une vérité extraordinaire. Avec elle, le Seigneur nous fait entrevoir rien moins que la joie de Dieu, quand il retrouve la brebis, la pièce d’argent, le fils que nous sommes. Notre Dieu est, en effet, ce berger prêt à tout plaquer pour venir nous tirer du péché dans lequel nous nous sommes mis, cette femme qui met sens dessus dessous sa maison et renverse ciel et terre pour nous trouver. Il est ce père qui attend sur le pas de la porte le retour de son fils, sans jamais oublier son aîné.

La joie de Dieu de nous reprendre sur ses épaules, dans ses mains, dans ses bras, fait trembler les cieux. Le ciel exulte d’allégresse quand un pécheur se repent et entre dans un confessionnal. Les anges au-dessus et jusque devant le trône de Dieu dansent la samba. Dieu, lui-même, fait sauter le bouchon du péché !

Libre au monde d’imaginer un ciel triste, un Dieu courroucé et des confessionnaux qui sentent le renfermé et la culpabilité, Jésus, lui, nous parle d’une joie qui est plus grande au ciel pour un pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de pardon. Il n’a pas peur de comparer la joie de Dieu à celle d’une femme qui rameute tout le quartier parce qu’elle a retrouvé son argent perdu ou à celle d’un père qui tue le veau gras, débouche le champagne et sort ses vêtements du dimanche !

Libre au monde de se persuader que la confession est sans réconciliation et sans joie, que la religion est une entreprise de culpabilisation et que Dieu a le visage contracté à la vue de nos péchés ! Le Christ lui nous révèle un tout autre visage et une tout autre ambiance au ciel. Il nous révèle l’amour joyeux de Dieu pour chacun de nous. Le Dieu dont nous parle Jésus n’oublie personne, ni les justes, ni les pécheurs, ni ceux qui sont dans l’enclos, ni ceux qui s’égarent, ni les aînés ni les cadets. Chacun est aimé par lui comme s’il était sa seule brebis, comme s’il était sa seule pièce, comme s’il était son fils unique. Et nous le sommes, en vérité !

Pourquoi tardons-nous donc à revenir à lui ? Pourquoi repoussons-nous l’heure de recevoir le sacrement de la réconciliation ! Au lieu de nous recroqueviller sur nous-mêmes, nous devrions nous ouvrir à Dieu et lui crier de toutes nos forces : « Par ici, Seigneur ! Je suis là, dans ce trou, coincé dans ce péché, bloqué dans cette ornière, égaré loin de tes sentiers ! Je me suis perdu, Seigneur ! Par pitié, viens me sauver ! Je t’en supplie, viens me chercher ! »

Frère David Perrin

Frère David Perrin