Pour l’amour de Marie – Solennité de l’Assomption

par | 15 août 2020

Frère David Perrin

Que ne ferait-on pas pour sa maman ? Si l’on avait dans ses mains la joie véritable, la joie sans fin, l’amour infini, ne les lui donnerait-on pas sur le champ ? Mais à quoi bon rêver ? Nous savons qu’un tel cadeau est impossible. Car ce bonheur, cet amour, ne sont pas de ce monde et il ne nous revient pas de les accorder. Nous n’en sommes ni capables, ni dignes ! Un homme, un seul, a eu le pouvoir d’offrir de tels dons à sa mère : le Christ Jésus.

L’amour qu’il porte à celle qui l’a accueilli en sa chair dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Jésus le prouve aujourd’hui en faisant monter sa mère au ciel. Comment lui, le Fils de Dieu, aurait-il pu laisser en terre le corps inanimé de sa mère ? Quand on a la Vie entre ses doigts, quand on est, en personne, la Vie éternelle, comment ne pas donner la vie à celle que l’on chérit ? Pourquoi refuser ce don à celle qui était sans péché ? La mort ne méritait pas de la frapper, pas même de l’effleurer. Il lui fut pourtant permis de s’approcher et de fermer les yeux à la Mère de Dieu. Mais le Christ, aussitôt, intervint. Comme une personne que l’on retient dans sa chute et que l’on empêche de tomber, Marie fut soutenue par son Fils et ressuscitée par lui. Son corps, un instant séparé de son âme, n’eut pas le temps de toucher terre, qu’il était déjà réuni à son âme et que la Vierge, aussitôt, montait vers son Fils.

En un clin d’œil, Marie est passée de la terre au ciel, de la grâce à la gloire. Les longues années de séparation étaient révolues. Le bien-aimé avait élevé la voix : « Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens. Car voilà l’hiver passé, c’en est fini des pluies, elles ont disparu. » La Vierge s’est envolée au ciel, entourée de myriades et de myriades d’anges, pour retrouver son enfant bien-aimé, pour partager sa gloire et vivre la Vie divine, cette Vie qu’il avait méritée pour elle sur la croix et qu’elle avait goûtée, par le privilège spécial de son Immaculée Conception, avant les autres hommes. À genoux tous les anges ! Voici la Reine qui entre au ciel. À genoux tous les anges ! Voici la Mère qui entre dans la salle des noces. Voici l’unique, la colombe, la parfaite que le Seigneur couronne !

Chrétien, ne dis pas que cet amour est fou ! Car cet homme qui aime sa mère est Dieu. Il est la Sagesse et sa mère est son trône. Ne dis pas que cette femme ne mérite pas de tels honneurs ! Celle que tu vois, ainsi parée de ses bijoux, est la Mère de Dieu. Rien n’est trop beau, rien n’est trop glorieux pour elle ! N’accuse pas Dieu d’accorder à une humaine un tel traitement de faveur ! Car le Seigneur donne ses grâces à qui il veut, autant qu’il veut. Et s’il veut élever l’Immaculée au-dessus des anges, s’il veut l’asseoir à ses côtés, qui es-tu pour le contester ? En faisant cela, le Seigneur ne lèse personne et n’humilie personne. Au contraire, en élevant Marie, c’est toi qu’il honore. L’amour d’un roi pour une femme de moindre rang est un honneur pour sa famille. Aujourd’hui, l’immense famille des hommes est comblée et honorée en Marie ! Lève donc les yeux sur cette femme que les anges acclament ! Contemple la gloire de celle qui est, par nature, ta sœur, et par vocation, ta mère ! Souviens-toi que son Fils, sur la croix, a fait de toi le fils de Marie et qu’il t’a donné sa propre mère. Réjouis-toi, chrétien, car tu as, aujourd’hui, une mère dans les cieux. Tu voulais la rendre heureuse ? Tu voulais qu’elle vive et qu’elle resplendisse de la joie de Dieu ? Ton vœu est exaucé. Le bonheur, l’amour parfait inondent le cœur de celle qui prie et veille sur toi ! La voilà désormais à l’abri de la peine, à l’abri des larmes et de la mort, pour toujours. Le Seigneur a entendu ta prière. Ce que tu ne pouvais pas faire pour elle, il la fait. Ce que tu ne pouvais pas lui donner, il le lui a donné. Que le nom de Jésus, que le nom de Marie soient bénis ! Pour l’amour de Jésus, pour l’amour de Marie !

Frère David Perrin

Frère David Perrin