Saint Jean-Baptiste, l’enfant terrible d’Israël !

par | 24 juin 2020

Frère David Perrin

Six mois, tout pile, avant la naissance de Jésus : celle de Jean-Baptiste, l’enfant terrible d’Israël ! L’empêcheur de tourner en rond ! Celui qui ne fait jamais comme tout le monde ! Le poil à gratter des pharisiens ! Le démolisseur d’orgueil ! Le mangeur de sauterelles et le chameau du désert ! Le baptiste ! Le précurseur !

Jean est un original, un poème (sacré, bien sûr) ! Tenez, sa naissance ! Vous pensez qu’il serait né comme tout le monde ? Mais non, le petit môssieur est arrivé à un âge où l’on ne peut plus faire des bébés ! Sa mère, Élisabeth, était appelée “la femme stérile”. Mais comme le dit l’ange à Marie : “Rien n’est impossible à Dieu”. Quand Zacharie apprit de la bouche de l’ange qu’il allait être papa — il était tout proche de la retraite — il resta sans voix ! Zacharie commença sa paternité par un silence de 9 mois. C’est long, surtout quand on est prêtre, comme lui ! L’enfant impose le silence à ses parents mais il sait aussi les faire crier de joie. À la venue de Marie, il tressaille et bondit de joie dans le ventre d’Élisabeth. Les cousins font déjà les quatre-cent coups par ventres interposés ! Les parents, sous le choc, exultent sous l’action de l’Esprit Saint. Jean n’est pas encore né qu’il indique déjà le Sauveur à ses parents ! Prophète à six mois, dès le sein de sa mère, c’est précoce, n’est-ce pas ?

Le jour de sa circoncision, huit jours après sa naissance, il fait encore sensation. Tous s’attendaient à ce qu’il reçoive le nom de son père : Zacharie. Mais pas du tout ! Son père, muet comme une carpe, écrit sur une table : “Son nom est Jean” qui signifie « Dieu fait grâce ». “À l’instant même, sa bouche s’ouvrit et sa langue se délia, et il parlait et bénissait Dieu. La crainte s’empara de tous leurs voisins, et dans la montagne de Judée tout entière on racontait toutes ces choses. Tous ceux qui en entendirent parler les mirent dans leur cœur, en disant : Que sera donc cet enfant ?”.

Voilà une bonne question ! Et, croyez-moi, aucun conseiller d’orientation n’aurait été capable de prédire ce que ce garçon allait devenir. Alors que sa voie semblait toute tracée — Jean serait prêtre, comme son père et comme le père de son père — le voilà qu’il part au désert. Au désert !

Ne pensez pas qu’il soit rebelle ou anti-système. Il l’est un peu, c’est vrai… Mais s’il se retire de l’autre côté du Jourdain, ce n’est pas par plaisir de manger du miel et des sauterelles, comme les écolos, et de s’habiller avec un pagne bio en poils de chameau. Même la revue Limites trouverait ça limite ! S’il va au désert, c’est pour incarner, selon la prophétie d’Osée, la fiancée que Dieu veut purifier de ses péchés. C’est la conversion à Dieu que Jean prêche. Voilà le sens de son baptême : il faut lâcher dans le Jourdain son ancienne vie, ses péchés, avant de renaître, un jour, de l’Esprit Saint ! Car il vient le Sauveur du monde : “Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d’enlever les sandales; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.”

Si Jean est le champion de la décroissance, ce n’est pas au plan économique mais au plan moral. Comme il l’explique à ses disciples : « Il faut que lui [Jésus] grandisse et que moi, je diminue ! » Les montagnes qu’il veut abaisser, c’est d’abord et avant tout celles de l’orgueil qui nous empêche de reconnaître le messie, ce messie qui est plus déroutant encore que Jean-Baptiste lui-même. “Es-tu celui qui doit venir ?” s’inquiète Jean dans sa prison. Jusqu’à son dernier souffle, le baptiste cherchera à connaître le messie et à hâter son avènement.

Celui dont nous fêtons, aujourd’hui, la venue au monde, est l’aurore avant le jour, celui qui précède le messie et passe derrière lui, celui qui baptise l’auteur du baptême, le plus grand parmi les enfants des hommes et le plus petit dans le royaume de Dieu, celui qu’on veut entendre et qu’on veut faire taire, celui qu’on emprisonne mais qui libère, celui dont on promène la tête sur un plateau d’argent et qui fait tourner nos têtes endurcis de pécheurs, celui qui nous dit encore et toujours : “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde”.

Frère David Perrin

Frère David Perrin