Saint Luc, “le médecin bien-aimé »

par | 19 octobre 2019

Frère David Perrin

Il n’est jamais facile de trouver un bon médecin, un médecin de confiance, qui ne se cache pas derrière son écran et ne pense pas qu’à vous demander votre carte vitale, un médecin qui prend le temps de vous regarder, de vous ausculter, de vous poser des questions. Ce bon médecin, cette perle rare, saint Paul l’a trouvée en la personne de Luc, qu’il appelle son « médecin bien-aimé » (Col 4, 14).

Avant d’être évangéliste et apôtre, Luc est médecin. Il connaît par cœur le corps de l’homme. Il sait comment fonctionne notre petite machinerie interne, cette mécanique compliquée faite de muscles, d’os, de nerfs, de sang et d’humeurs… si fragile et si belle à la fois. Il connaît les merveilles et les limites de la chair, ses souffrances aussi. Il mesure donc parfaitement ce que Dieu a fait quand il a pris notre chair mortelle, quand il a assumé un corps humain.

La vocation de saint Luc nous montre, une fois de plus, que la grâce ne supprime pas la nature mais l’élève et la perfectionne. Saint Pierre fut pêcheur de poissons avant d’être pêcheur d’hommes. Saint Luc fut médecin des corps avant d’être, par grâce, médecin des âmes. Cet homme dont le métier était de soigner les corps, de redonner la santé et de délivrer des remèdes fut appelé par Dieu à soigner les âmes, à leur apporter le salut, à leur livrer le grand remède de la grâce divine. Ce ne sont plus des ordonnances qu’il fut chargé d’écrire mais l’évangile du salut. Les patients de son cabinet furent les patients de Dieu, cette humanité souffrante, blessée, paralysée par le péché, cette humanité qui cherche à vivre la vie éternelle que Dieu lui a promise.

Sous l’inspiration du Saint-Esprit de Dieu, saint Luc a commencé par écrire un évangile. Il l’a fait pour un certain Théophile, dont le nom signifie : « ami de Dieu ». À travers lui, c’est à tous les amis de Dieu qu’il s’adressait. Pour accomplir sa tâche, Luc a pris le temps d’écouter et d’interroger, en bon médecin qu’il était, tous les témoins du Christ qu’il connaissait : « Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. » (Lc 1, 1-4)

Et parce qu’un bon médecin n’abandonne jamais son patient sans avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour le guérir, saint Luc a poursuivi son traitement en écrivant les Actes des Apôtres. Ces actes sont ceux de l’Esprit Saint qui rend la santé et la vie au monde : « Cher Théophile, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. » (Ac 1, 1)

En accomplissant cette tâche, saint Luc est devenu pour chacun de nous et pour l’Église tout entière, notre docteur, notre « médecin bien aimé ».

Fr. David Perrin o.p.

Frère David Perrin

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