1. La question se pose : dans les courants du New Age

L’Eglise catholique vient de publier un long document intitulé : ” Jésus-Christ le porteur d’eau vive. Une réflexion chrétienne sur le Nouvel Âge “. Le ” New Age ” œuvre dans nos cultures depuis de nombreuses années. Sous des aspects très divers, il rend diffus un certain nombre d’idées et de sentiments sur la vie humaine et religieuse : ” Pour beaucoup, le terme Nouvel Âge indique clairement un tournant majeur dans l’histoire. D’après les astrologues, nous sommes actuellement dans l’ère des Poissons, qui a été dominée par le christianisme. Mais l’ère des Poissons est sur le point de faire place à la nouvelle ère (en anglais New Age) du Verseau, en ce début du troisième millénaire (…) ” Ces théories empruntent largement à l’ésotérisme et les mélangent à des vraisemblances ” scientifiques ” modernes. Parmi les convictions du New Age, il y a souvent la ” réincarnation “. Pourquoi ?

2. Pourquoi la réincarnation ?

La théorie de la réincarnation était peu répandue en Occident. Au milieu du XX° s., beaucoup ignoraient le sens du mot ou le tenaient pour extravaguant. Depuis, le moindre collégien a une opinion dessus. Nombreuses personnes, célèbres ou non, y croient. Pourtant, la réincarnation est une ” croyance d’importation ” profondément ré-aménagée par l’individualisme occidental : ” Dans la mesure où la bonne santé comporte un allongement de la vie, le Nouvel Âge propose une formule orientale en termes occidentaux. À l’origine, la réincarnation faisait partie de la pensée cyclique hindoue, basée sur l’atman ou noyau divin de la personnalité (devenu plus tard le concept de jiva), transmigrant d’un corps à l’autre dans un cycle de souffrances (samsara), déterminé par la loi du karma et lié au comportement dans les vies antérieures. L’espérance réside dans la possibilité de renaître dans un meilleur état ou même d’être finalement libéré de la nécessité de se réincarner. Dans la plupart des traditions bouddhistes, ce n’est pas l’âme qui transmigre de corps en corps, mais un continuum de conscience. La vie présente s’inscrit dans un processus cosmique potentiellement infini qui inclut même les dieux. En Occident, depuis l’époque de Lessing, la réincarnation est vue de façon plus optimiste, comme un processus progressif d’apprentissage et d’accomplissement individuel. Le spiritisme, la théosophie, l’anthroposophie et le Nouvel Âge considèrent la réincarnation comme une participation à l’évolution cosmique. Cette approche post-chrétienne à l’eschatologie permettrait de répondre aux questions non résolues de la théodicée et d’éliminer la notion d’enfer. Quand l’âme se sépare du corps, on peut jeter un regard en arrière sur toutes ses vies passées, et quand elle s’unit à un nouveau corps, on a un aperçu de la nouvelle vie à venir. En outre, les individus peuvent avoir accès à leurs vies antérieures à travers les rêves et les techniques de méditation. ”

3. Incarnation, réincarnation, résurrection

Dans la foi catholique, le mot ” réincarnation ” n’existe pas. Il faut donc bien le distinguer de deux notions qui lui sont proches. A cause de cette proximité, certains chrétiens pensent que la réincarnation est compatible avec leur foi. Les deux mots chrétiens sont : incarnation et résurrection. Incarnation (in-carne) exprime le fait historique de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. “Le Verbe s’est fait chair”, dit saint Jean. La résurrection exprime la victoire de ce même Jésus sur la mort. Lui qui a été crucifié, le troisième jour, il est ressuscité des morts et il vit désormais éternellement auprès de Dieu, communiquant aux homme la vie de Dieu. La réincarnation, elle, exprime en Occident une transmigration de la même âme à travers plusieurs corps, au cours de vies successives, et dans le seul horizon terrestre. Cela est totalement opposé à la foi chrétienne. Pour plusieurs raisons.

4. La réincarnation s’oppose à la notion chrétienne de ” personne ”

La réincarnation fait passer par diverses vies terrestres. Si je suis un soldat romain au I° s., un serf au XII° s, Napoléon au XIX° s., Brigitte Bardot au XX° s., une question se pose : au bout du compte, qui suis-je ? ” Dans ce qui peut être considéré comme une présentation classique du Nouvel Âge, les individus naissent avec une étincelle divine, concept qui est une réminiscence du gnosticisme ancien. Ce fait les relie à l’unité du Tout. Ils sont donc vus, essentiellement, comme des êtres divins, bien qu’ils participent de cette divinité cosmique à des niveaux de conscience différents. Nous sommes co-créateurs et nous créons notre propre réalité. Certains auteurs Nouvel Âge soutiennent que nous choisissons les circonstances de notre vie (et même notre état de santé, bon ou mauvais), dans une vision où chaque individu est considéré comme la source créatrice de l’univers. Mais nous devons faire un voyage pour découvrir notre place exacte dans l’unité du cosmos. Ce voyage est la psychothérapie, et le salut est la reconnaissance de la conscience universelle. Il n’y a pas de péché: il n’y a qu’une connaissance imparfaite. L’identité de chaque être humain est diluée dans l’être universel et dans la série des incarnations successives. Les individus sont soumis à l’influence déterminante des astres, mais peuvent s’ouvrir à la divinité qui vit en eux à travers la recherche constante (à l’aide des techniques appropriées) d’une plus grande harmonie entre le moi et l’énergie cosmique divine. Point n’est besoin de Révélation ou de Salut venu de l’extérieur: il suffit de faire l’expérience du salut présent au fond de soi-même (auto-rédemption), grâce à la maîtrise des techniques psychophysiques menant à l’illumination définitive. ”

5. La réincarnation élimine le sens du péché et du salut

“Le Nouvel Âge n’a pas vraiment la notion du péché, mais plutôt celle d’une connaissance imparfaite. Ce qui nous manque, c’est l’illumination, qui peut être obtenue à l’aide des techniques psychophysiques appropriées. À ceux qui participent aux activités Nouvel Âge, on ne dit pas ce à quoi ils doivent croire, ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, mais: ” Il y a mille façons d’explorer la réalité intérieure. Laissez-vous guider par votre intelligence et votre intuition. Ayez confiance en vous “. L’autorité est passée de Dieu au moi. Le problème le plus grave pour le Nouvel Âge n’est pas la faute personnelle ou le péché, mais l’aliénation par rapport au cosmos. Le remède consiste à s’immerger chaque jour davantage dans la totalité de l’être. À en croire certaines publications et pratiques Nouvel Âge, une vie ne suffirait pas, et la réincarnation serait nécessaire pour permettre aux hommes de réaliser pleinement leur potentiel. ”

6. La réincarnation se passe d’une révélation divine crédible

Demandez à un occidental comment il sait que la réincarnation est vraie. La réponse est toujours subjective. Elle appartient à une conviction intime incontestable pour lui. Par là, elle rejoint l’homme moderne qui considère les croyances religieuses comme une option privée. Le bilan est aussi clair que lourd : pas de péché, pas de salut, pas de révélation, pas de personne, pas de résurrection. Donc pas besoin ni de Dieu, ni du Christ, ni de la grâce.

7. Redécouvrir la résurrection

Le document romain, largement cité ici, invite à une rencontre personnelle avec le Christ. Il prend l’exemple concret de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine. Nous risquons tous d’être touchés, même à notre insu, par le New Age. Quatre comportements sont donc urgents : 1. S’informer sérieusement sur la réalité du New Age ; 2. Bien comprendre son incompatibilité avec la foi chrétienne, notamment la contradiction entre la résurrrection et la réincarnation; 3. Mettre au cœur de notre vie spirituelle la rencontre et l’amour du Christ ; 4. Comprendre aussi, chez les tenants du New Age et de la réincarnation, l’aspiration spirituelle parfois authentique qui s’y cache. Par conséquent, apporter le témoignage clair, vivant et joyeux d’une vie spirituelle dans la lumière et dans l’espérance données par le Christ ressuscité.

Texte intégral : ” Jésus-Christ le porteur d’eau vive. Une réflexion chrétienne sur le Nouvel Âge “, sur le site du Vatican :

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/interelg/documents/rc_pc_interelg_doc_20030203_new-age_fr.html

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/interelg/documents/rc_pc_interelg_doc_20030203_new-age_fr.html

fr. Gilbert Narcisse op