16/11/2010 – L’angoisse devant de la fin du monde annoncée – fr. Ignace Berthot, op

par | 16 novembre 2010

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Lc 21,5-19 : L’angoisse devant de la fin du monde annoncée
“Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit […] Maître, quand cela arrivera t-ilˮ ? Cette question des disciples face à cet évènement à venir ne révèle pas seulement de leur incertitude de cette date, mais aussi d’une profonde angoisse de l’humanité au sujet de la fin du monde. Si l’incertitude pourrait être passionnante, celle-ci pourrait éveiller en nous de l’angoisse. L’Église ne nous témoigne pas seulement cette situation eschatologique, mais aussi elle nous la rend présente en cette fin de l’année liturgique. En dépit de tout, cette grande catastrophe finale annoncée inquiète beaucoup de chrétiens. Elle affole aussi le monde, les hommes se sentent concerner. Les nations sont déjà “dans l’angoisse inquiète du fracas et des agitationsˮ. Des prophètes commencent à prophétiser. Des astronomes commencent à faire des pronostiques autour de cette date de la fin du monde. On parle de 2012. L’imagination de certains cinéastes cherche à nous faire vivre déjà cette réalité bouleversante. Ces tendances apocalyptiques sont marquées par tout ce qui se passe actuellement dans le monde : des famines, des épidémies, des tremblements de terre, des intempéries, des inondations, des attentats, des guerres et des soulèvements entres des nations. Ces tendances apocalyptiques nous révèlent donc un moment de grandes crises, de désespoir et de souffrance.
Toutes ces angoisses que ces évènements provoquent en nous, expriment notre crainte par une double cause: la  misère de l’humanité et notre souffrance spirituelle. D’un côté, nous craignons à cause de notre vulnérabilité. Nous nous sentons en effet faible devant tous ces maux qui nous menacent. Car le malheur est réel. Le danger nous fait peur. Notre impuissance est un motif d’être terrorisés et, surtout, ces menaces ne s’arrêtent pas. C’est pourquoi, nous vivons de nos jours dans une sorte de solitude morale. Nous sommes souvent sans état d’âme, et comme sans réconfort pour vaincre nos peurs. D’un autre côté, la cause de notre crainte s’exprime par un vide d’amour. Bien souvent nous craignons de ne pas aimer assez ou de ne pas arriver auprès de Dieu. Ce qui pourrait nous conduire dans une sorte de culpabilité et dans la dépression.
Cette vie angoissante, que nous vivons souvent, nous demande de revenir à l’évangile et de voir aussi que rien n’est faux de ces expériences traumatisantes. La parole de vérité du Christ nous révèle l’état d’un monde vrai. Sa parole a une résonance à travers toutes les époques.
Dans l’actualité, cette parole doit nous toucher du plus profond de notre cœur. Nous sommes en effet tous bouleversés, directement ou indirectement par ces catastrophes naturelles et les menaces de vie de la population mondiale. Ce qui nous rend malades par des stress, nous avons donc besoin la présence d’un médecin qui n’est seulement un médecin du corps, mais aussi de l’âme.  Le Christ frappe à notre porte, il nous dit qu’il est venu, non pas pour les bien-portant, mais pour les malades. Ne sentez-vous pas la nécessité de l’accueillir chez vous, dans votre cœur ?
Les paroles du Christ pourraient paraitre effrayantes, mais aussi elles doivent faire du bien, car elles nous décrivent la vérité. “Ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abordˮ. Tous ces faits terrifiants que nous vivons dans ce monde, des grands signes que nous voyons, des grandes persécutions dans certaines de nos églises ou certains d’entre nous vivent dans leur chair ne doivent pas nous éloigner du Christ. Ces situations apocalyptiques annoncées doivent nous rapprocher de la vérité et de la parole du Christ. Oui tout pourrait s’effondrer, mais la parole de la vérité subsistera et ceux qui la vivent et la mettent en pratique, ce sont ceux qui résisteront devant tous ces maux. Cette parole de vérité doit être notre force, notre espérance et elle nous demande aussi de résister devant le prince de ce monde, le maître universel de la peur.
Frères et sœurs, si de nos jours, nous voyons qu’on nous accuse ou on nous amène devant des rois, des gouverneurs à cause de la vérité ou à cause du nom du Christ, nous ne devons pas avoir peur. Car il s’agit d’une occasion de rendre témoignage : ne vous souciez “pas de votre défense. Je vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposerˮ
Toutes ces situations nous demandent aussi d’être au cœur du monde, au cœur de ces évènements, au cœur de l’humanité pour faire une rencontre de cœur à cœur avec Dieu. Le secret pour accéder à cette expérience intime, c’est la confiance, la foi en Dieu. Car c’est par la foi que nous pouvons vaincre les craintes, les angoisses de toutes les situations présentes. C’est aussi la foi qui pourrait nous faire sortir de nos crises intérieures profondes et faire face au désarroi de la vie.
C’est en effet la foi qui pourrait nous donner la force pour ne pas être envahis par le découragement à cause de tous ces signes que ces faux prophètes croient voir dans le ciel et qui ne sont pas encore des signes réels. Oui, nous sommes capables de vaines imaginations pour donner sens à certaines manifestations. Cependant nous refusons d’accueillir le vrai signe qui nous est donné et de comprendre qu’“il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin.ˮ
Frères et sœurs, les hommes vivent depuis toujours avec ces surprises : Eh bien ! Qu’est ce qu’il y a donc de nouveau ? Ce qui est nouveau, c’est que les plus grands risques naissent des conséquences des péchés de l’humanité.
Si nous marchons de surprise en surprise, si nous voyons de plus en plus de problèmes dans ce monde, nous ne devons pas seulement prendre conscience que le monde est en proie à des fléaux qui nous surprennent, mais  beaucoup de ces fléaux sont aussi les conséquences de nos propres actes. C’est pourquoi, la prophétie du prophète Malachie nous est adressée pour nous annoncer déjà comment le jour du retour du Seigneur va être pour ceux qui refusent de changer leurs mauvaises actions dans ce monde. Il nous dit que ce jour “va être angoissant pour les arrogants, pour tous ceux qui commettent l’impiété. Ils seront de la pailleˮ, dans la fournaise qui ne consumera pas.
Frères et sœurs, c’est notre conversion et notre foi au Christ qui pourraient ne pas nous sanctionner du verdict de ce jugement final qui n’est pas encore, mais qui nous préoccupe tellement déjà. Pour faire face à toutes ces angoisses quotidiennes qui commencent déjà, le chemin de la prière s’ouvre devant nous. La prière est le premier des remèdes pour combattre les angoisses de ces catastrophes. Cette source d’énergie puissante doit nous donner la force de vivre et la paix intérieure. Elle doit aussi nous conduire à l’adoration de celui qui est réellement présent au milieu de nous et à la reconnaissance de celui qui est le Signe que nous cherchons. Frères et sœurs, le moment est-il vraiment tout prochain ? Nous ne savons pas, mais le Christ est tout proche. Sa proximité annonce l’approchement de ce moment final. Notre conversion devient urgente et elle doit passer par une vie intime avec le Christ. Car sans cette rencontre personnelle, le grand risque est de prendre distance ou de nous éloigner de la vie éternelle et de nous laisser séduire, égarer par les paroles de ceux qui viendront sous le nom du Christ. Demandons au Christ de nous libérer toutes ces angoisses et de nous donner la confiance afin d’avoir la paix intérieure au milieu des épreuves de ce monde. Demandons lui aussi de nous donner sa chair et son sang, dans l’eucharistie, comme nourriture des forts qui donne force et consolation dans les angoisses afin de persévérer dans la foi et dans la prière pour obtenir la vie éternelle. Amen.

fr. Ignace Berthot, op

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Frère dominicain