Aimer le pape comme Dieu l’aime

par | 27 août 2023

Fr. Timothée Lagabrielle

Est-ce que vous aimez le pape ?
Rassurez-vous, nous n’allons pas faire un sondage ou un vote à main levée et il n’y aura pas besoin que l’un de vous se lève dans l’assemblée pour, tel un nouveau Simon-Pierre, porter la réponse de tous ! Mais cette page d’évangile nous invite à nous poser cette question : est-ce que j’aime le pape ?
Attention à la façon de répondre à cette question. Dieu ne veut pas une réponse seulement humaine, car S. Pierre – et le pape après lui – sont des personnes théologiques, leur rôle ne se comprend vraiment qu’à la lumière de la foi. Avec la raison seule, nous ne pouvons pas comprendre la profondeur de leur mission. Il faut entrer dans l’ordre de la révélation, du surnaturel. Cela dépasse la nature, c’est une œuvre nouvelle de Dieu. En les regardant d’une façon seulement humaine, nous n’aurons pas accès à cette nouveauté, un peu comme « les gens » qui ne regardent Jésus que d’une façon humaine et qui ne sont pas capables de saisir son identité profonde. Ils n’imaginent qu’à partir de ce qui a déjà existé. Pour dire qui il est, ils ne disent que des noms de prophètes de jadis. Ils ne peuvent que citer des noms de morts alors qu’il est vivant.
Le neuf, c’est que Jésus bâtit son Église. Devenir membre de l’Église, ce n’est pas une question de chair et de sang, ce n’est pas une question de simple génération humaine, de descendance ou de transmission humaine, comme l’était l’appartenance au peuple de Dieu, à l’Israël de l’Ancien Testament (vous vous souvenez ? c’était un des enjeux de l’évangile de dimanche dernier). L’Église, étymologiquement ek-klesia, c’est l’assemblée de ceux qui sont appelés par Dieu. Le Père des Cieux convoque et cet appel est personnel et surnaturel. Cette assemblée qu’est l’Église vient directement de Dieu. C’est pour cela que les puissances de la mort ne l’emporteront pas sur elle. L’Église ne peut pas mourir. L’Église est plus que les autres sociétés humaines. Les sociétés humaines ou même les civilisations finissent toutes par disparaître. L’Église, elle, ne peut pas disparaître.
Parce que c’est l’Église de Jésus Christ. Jésus le dit bien aujourd’hui : « Je bâtirai mon Église ». Il dit mon Église, comme il pourrait dire « mon épouse » ou « mon corps ». L’Église a les mêmes promesses de la vie éternelle que le Seigneur ressuscité.
L’Église est une œuvre toute divine, une œuvre du fils du Dieu vivant. Mais, Jésus est aussi le fils de l’homme, comme il se nomme lui-même. Et, dans cette œuvre, il associe les hommes, notamment les apôtres et, en premier lieu, S. Pierre. De même que le Christ est homme et Dieu, l’Église est œuvre de Dieu et portée par des hommes.
Cette mission que Jésus confie à S. Pierre est une mission immense. Elle est plus grande que lui. Les mots employés par Jésus sont très forts : il applique à S. Pierre des termes qui sont normalement réservés à Dieu lui-même. Par exemple, le fondement de l’Église, c’est le Christ, mais il dit : « Sur toi, je bâtirai mon Église ». Ou bien, il dit que l’Église d’ici-bas est directement liée avec les Cieux : « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » L’Église n’est pas seulement une préparation du Ciel, c’est le début de la réalisation.
Face à cette grande mission, S. Pierre seul n’est pas à la hauteur. D’ailleurs, juste après il va le montrer en essayant de détourner Jésus de la Passion et, quelques semaines plus tard, il le reniera. Mais Jésus œuvre par lui et la docilité de S. Pierre – même un peu récalcitrant par moment – lui suffit. L’Église tient parce que Jésus fait tenir S. Pierre.
Cette charge de S. Pierre est faite pour être transmise, comme le montre l’image de la clef insigne du pouvoir qui est transmise. Jésus veut qu’un autre reçoive cette charge. Après tout, c’est normal puisque l’Église est là pour toujours. Ce rôle devra bien être assumé après lui . Voici le pape.
Le pape a donc d’abord un rôle théologique. Il est voulu par Jésus Christ. Pour être dans l’Église de Jésus Christ (vous vous souvenez, Jésus dit « mon Église »), il faut être dans celle du pape.
Alors, avec tout cela, comment ne pas aimer le pape ?
Bien sûr, cela demande d’avoir un regard théologique. Les vues humaines sont insuffisantes. Selon des critères humains, on peut aimer plus ou moins tel ou tel pape, se sentir très proche de lui, ou le sentir lointain de nous. Mais nous ne sommes pas sûrs que nos critères de jugement soient ceux de Dieu. Il est important de dépasser ces vues humaines (c’est vrai si on n’aime pas tel pape, mais aussi si on l’aime !) pour avoir des vues théologiques. Avec des saints papes ou des personnalités plus troubles, l’Église a avancé dans l’Histoire. L’unité de l’Église se joue avec lui.
Nous le nommons à chaque messe, comme l’évêque, parce qu’appartenir à l’Église de Jésus Christ passe concrètement par cette loyauté envers lui, par ce lien de la charité qui nous lie au pape. Et, puisque sa mission est trop grande pour lui tout seul, nous pouvons l’accompagner de nos prières. Le pape François demande souvent cela : « Priez pour moi ». Comment ne pas le faire ?
Seigneur, conduis ton Église par notre pape !
Seigneur donne-nous d’aimer ton Église et ses pasteurs !

fr. Timothée Lagabrielle op

Fr. Timothée Lagabrielle

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