Connaissez-vous un berger ?

par | 21 avril 2024

Fr. Sébastien Perdrix

Si je procédais ce matin à une petite enquête sociologique, en demandant « qui connaît un berger ? », je pense que je ne verrais pas beaucoup de mains se lever dans l’assemblée – à moins d’un débarquement de basques à la messe ! Mais nous les aurions reconnus à leur gilet en laine de brebis ! Et je ne voudrais pas vous décevoir, mais avoir assisté à une fête de transhumance lors de vacances dans les Cévennes ou avoir visionner sur Youtube la vidéo de Tibo Inshape « Je quitte tout pour devenir Berger », ça ne compte pas ! En fait, peu importe, que nous ayons ou non rencontré un vrai berger, je ne crois pas que cela nous empêche de saisir toute la portée de l’image que Jésus emploie aujourd’hui.

« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger ». À travers cette image, qu’est-ce que Jésus souhaite nous dire ? Au moins deux choses : il veut nous mettre en garde et nous donner des critères objectifs de discernement.

Nous mettre en garde contre qui ? Contre les mauvais, les faux bergers, les bergers mercenaires. Mais encore. Jésus fait référence ici aux faux prophètes, aux pseudo-guides religieux qui prétendent nous conduire à Dieu. Et l’histoire ne manque pas de ces imposteurs. Les guides spirituels sont nombreux, mais un seul mène au Père. Seul le Christ conduit au ciel, lui qui est à la fois le guide et la porte. « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ». Alors nul besoin de prêter l’oreille à de pseudo-révélations. Gardons-nous de toute curiosité spirituelle malsaine. Gardons-nous de la quête du merveilleux, de la démangeaison de la nouveauté. Revenons sans cesse à l’Evangile. « Seigneur, à qui irions-nous Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Jésus nous met en garde. Il nous donne aussi des critères de discernement. À quoi reconnaît-on le vrai berger ? À quoi reconnaît-on le Sauveur envoyé par le Père ? Voici une liste non exhaustive de quatre critères que nous pourrons tirer de l’évangile de ce jour. Je les ai classés non pas ordre d’apparition, mais par ordre croissant d’importance. C’est une proposition personnelle. Vous en faîtes ce que vous souhaitez. L’essentiel est de retenir les critères.

Premier critère : comme tout berger, le bon pasteur connaît ses brebis. Un faux pasteur se démasque vite. Face au troupeau, il ne voit qu’une masse indistincte. Il est incapable d’appeler la moindre brebis par son nom, car il n’en connaît aucune. Il aura beau siffler, faire de grands gestes ou de grands discours, elles ne bougeront pas, car elles n’obéissent qu’à la voix de leur maître. Mais quand le vrai pasteur se présente, au son de sa voix, elles tressaillent de joie. J’espère que tous ici nous avons fait, au moins une fois dans notre vie, une semblable expérience : celle d’entendre la voix de Jésus dans les évangiles et de tressaillir intérieurement en se disant : « Jamais homme n’a parlé de la sorte ! » ; « Voilà un discours à nul autre pareil » ; « Voilà une parole qui me connaît et me touche au cœur ». 

Deuxième critère, le vrai pasteur veut le bien de ses brebis. Car elles sont à lui. Elles sont son bien, ses « précieuses », elles comptent pour lui. Et pour cette raison, il est prêt à se battre. Il est prêt à les défendre contre les attaques du loup – le diable en l’occurrence. Et nous le savons, un seul répond à ce critère. Un seul nous a arraché à la gueule du loup, c’est le Christ. Et cela s’est réalisé pour nous, concrètement, le jour de notre baptême. Ce jour-là, Jésus nous a dit : « tu as du prix à mes yeux, petite brebis ». Et en sortant du bain, nous avons retrouvé notre toison toute immaculée. Au passage, évitons de nous rouler dans la fange du péché.

Troisième critère, le vrai pasteur veut non seulement conduire ses brebis, mais aussi toutes les autres brebis qui existent. Son pâturage est vaste. Ce n’est pas un club sélect pour brebis grasses. Le bon berger a même une prédilection pour les brebis égarées et les chétives. Il veut que toutes les brebis soient sauvées, sans distinction. Le bon pasteur ne fonde pas d’église nationale ou de religion ethnique, mais une église ouverte à tous, pour les hommes « de toutes races, langues et nations ». Et nous le savons, c’est le souhait le plus cher du Christ uni à son Père : Que tous soient un en lui et aient la vie éternelle. 

Mais le critère le plus décisif, le test ultime, le critère indubitable pour reconnaître le vrai berger, le voici : le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Le vrai berger ne se paie pas de mots. Seul celui qui donne sa vie pour les siens est digne d’être suivi. Et je n’en connais qu’un qui passe le test : « Voici comment nous avons reconnu l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. » Alors écoutons sa voix et suivons-le.

 

fr. Sébastien Perdrix

Fr. Sébastien Perdrix

Fr. Sébastien Perdrix