L’indignation, est-ce une vertu?

par | 2 avril 2011

Frère Pavel Syssoev

Homélie pour le troisième samedi du Carême.
Certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres.
 
L’indignation, est-ce une vertu ? Je ne le pense pas : accuser les autres, se repaitre de sa supériorité morale, être fasciner par la chute de son prochain, ce n’est certainement pas une vertu. Se faire une bonne conscience sur le compte des autres. Penser à exorciser son propre mal en le traquant dans son prochain est certainement une fausse route. L’indignation n’est pas une vertu, la preuve en est que nous ne nous indignons jamais de nos propres actes, toujours de ceux des autres. Nous pouvons avoir honte de nous-mêmes, nous pouvons nous accuser et assumer sa responsabilité, nous pouvons éprouver une sainte haine de notre propre lâcheté, médiocrité, malice, mais on ne se répand pas en grandes déclarations rhétoriques et hystériques sur son propre péché. Ce n’est pas en accusant les autres, qu’on devient juste.
Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres.
Il me faut reconnaître que je suis solidaire du mal du monde, qu’en moi se cache cette racine venimeuse capable de produire tout mal et tout péché. Dans d’autres circonstances, sans la grâce prévenante de Dieu, sans l’amour, l’exemple, le soutien de tant de personnes, je serai certainement à la place de celui contre qui je prétends m’indigner.
On ne se justifie pas devant Dieu, on se laisse justifier par lui. C’est le Christ – notre avocat, notre défenseur. Nous avons un choix crucial à faire : ou bien se justifier en accusant les autres, ou bien s’accuser en vérité et en confiance pour se trouver justifié par Dieu. Il y a un lieu concret où cela se vit – le confessionnel. Seigneur je m’accuse de tous les manquements de mon amour et je confesse ton infinie miséricorde.

Prenons conscience de notre propre péché, de là naîtra une véritable intercession pour les autres, l’antidote suprême à tout mépris, là sera vécue avec simplicité et réalisme cette miséricorde dont Dieu veut nous combler.

fr. Pavel Syssoev, op

Frère Pavel Syssoev

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