La famille: Dieu lui donne sa carte d’identité !

par | 4 octobre 2015

Fr Hughes-François Rovarino

« Dieu donne sa carte d’identité à la famille ! » [Pape François]

Année B – T.O. – 27ème dimanche – Fr. Hugues-François Rovarino, dominicain

Nous avons entendu affirmée la simplicité à propos du mariage et la grâce de la famille ! Simplicité du propos biblique, simplicité du projet divin pour nous, et Jésus le dit : ce n’est pas simple pour autant ! Oui, le mariage, les jeunes s’y préparent, les époux en vivent, l’Eglise, la société en vivent aussi. Mais pour cela, les époux doivent se prendre vraiment …par la main ! Oui, le mariage, il faut le choisir, grandir dans ce choix et s’en rappeler régulièrement ensemble.

Quant à la famille, mille fois plébiscitée par les sondages, elle reste un lieu de vie qui peut être éprouvant. Quand notre société s’interroge sur la vie et son sens, alors qu’il est commun de répéter à l’envi que nous vivons une crise de l’engagement, que l’on entoure de guillemets hésitants les mots de « durée » et de « fidélité », l’Eglise proclame, « à temps et à contretemps », une espérance qui va redonner souffle aux uns, mais qui va parfois provoquer pour un temps un rejet chez d’autres ! On sait que l’amour naît et se développe entre ombres et lumières. L’amour peut s’épanouir entre l’homme et la femme qui essayent de ne pas faire du conflit le dernier mot, mais plutôt une nouvelle opportunité. Une opportunité pour chercher de l’aide, ou chercher une voie d’amélioration ou une opportunité comme une alerte pour redécouvrir Dieu parmi nous.

Faire au monde « la charité de la vérité », proclamer le message du Christ, faire entendre la sagesse de l’Eglise, sa réflexion sur ces questions, c’est faire le plus beau des cadeaux à l’être humain. Le Seigneur en a un tel amour qu’il veut lui donner à écouter son programme, la grâce dont il entoure les couples, les foyers.

Tous ne peuvent immédiatement accueillir cette charité. Car elle est « comme un feu dévorant ». Parfois, nos esprits et nos cœurs ne sont pas prêts à lui faire de la place, à la préférer, avec la volonté d’y accrocher sa vie. Mais ce n’est pas une raison pour se taire à jamais ; simplement, c’est un motif d’aimer assez chacun pour lui dire cette vérité avec douceur, d’une façon audible et recevable, pour le lui dire en l’aimant, pour le lui dire en priant, pour le lui dire en sachant que le message sera peut-être mal reçu, pour le lui dire parfois en ne parlant pas tout de suite, mais sans que l’on ait honte de cette grâce à offrir.

Faisons un double constat : le chrétien vit dans un monde blessé où il sait qu’il a été gratifié par le Seigneur de la vie afin de grandir avec lui, aidé par son Sauveur. Cependant, les moyens mis à sa disposition, dont les sacrements, interrogent la société ; souvent aussi, ils interrogent les proches du chrétien, et parfois en certains moments l’interrogent lui-même. C’est un fait. Et cela, que ce soit les sacrements du baptême ou ceux de l’initiation chrétienne, dont les célébrations viennent aussi rythmer avec bonheur la vie d’une famille. Ces interrogations vont aussi souvent porter sur le sacrement du mariage qui est évoqué en ces heures, autour du Synode sur la Famille.

Aujourd’hui, me direz-vous, un célibataire vante devant vous le mariage et la famille. Mais pourquoi s’en étonner ! Comme chacun, je sais ce que je leur dois ; et à qui je le dois. Je sais que « vraiment il est juste et bon » d’en parler avec joie et lucidité, d’y voir une espérance et un lieu de conversion ! La famille est un lieu de sanctification, ni plus ni moins. Car pour chacun, c’est la sainteté qui est notre chemin, et elle illumine notre horizon. Aux Etats-Unis, le Pape François a redit que la famille était une « fabrique d’Espérance ». Car « c’est par la famille que Dieu est entré dans le monde, un Dieu qui n’est qu’amour, débordant d’amour !… Vous savez ce que Dieu aime ? Frapper à la porte de la famille et y trouver une famille qui s’aime. Il aime apporter son amour à des cœurs ouverts ». Il s’agit de cela, un cœur disponible à l’amour ; ouvert en toute circonstance, où la charité et la joie sont chez elles en nous tournant vers d’autres.

Vous connaissez cette remarque : « La vie la plus dure n’est pas celle des hommes qui affrontent la mer, fouillent la terre, ou cherchent de l’eau dans les déserts. La vie la plus dure est celle de l’homme qui chaque jour, sortant de chez lui, se cogne la tête au linteau parce que celui-ci descend trop bas » (Alexandre Soljenitsyne).

Que personne ne vienne reprocher au Seigneur de ne pas nous aider à relever la tête ! Ne devrions-nous pas plutôt nous réjouir ? Quelqu’un nous prend au sérieux. Il sait de quoi nous sommes capables. Il ose nous proposer la durée pour parcourir nos jours, nous demande de hisser le linteau des portes de notre vie, et considère que nous pouvons vivre debout dans nos lieux quotidiens ; oui, comment ne pas se réjouir ! C’est enthousiasmant, disons-le ! Quand le Seigneur va accorder sa grâce à l’amour humain, il nous fait noter que ce sérieux est à notre mesure, que cet amour est à l’image du sien. C’est quand le linteau de porte est trop bas que nous ne pouvons pas vivre, que nous nous cognons, que nous nous épuisons. Allons-nous reprocher au Seigneur de nous prendre au sérieux, d’avoir confiance en nous ? L’homme est créé à son image, voilà où puiser notre enthousiasme, notre joie, notre avenir ! « Homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit : “Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1). Nous avons connu les années tragiques déchirées par les cris de « Famille, je vous hais » ; mais c’est le pas assez de famille ou son manque qui font souffrir, et non pas la famille ! Qui ne le sent : « Dieu donne sa carte d’identité à la famille ! » (François, Philadelphie 26.IX.2015). Puisse cette citoyenneté divine, encourager nos familles, et le désir de les voir se développer, avec grâce et fidélité, pour la joie de tous !

fr. Hugues-François Rovarino op

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