De vraies vacances !

par | 21 juillet 2024

Là, force est de reconnaître que l’Évangile que nous venons d’entendre est particulièrement d’actualité ! Voilà que, en pleine période estivale, le Christ nous invite au repos. « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». À défaut d’avoir institué les congés payés, Dieu prend soin de nos vacances. Alors, cette invitation, au cœur de l’été, à nous reposer est pour nous l’occasion de réfléchir au sens à donner à ce repos estival.

Tout d’abord, et Monsieur de La Palisse ne dirait sûrement pas le contraire, pour qu’il y ait repos, il est nécessaire – c’est là une condition logique préalable – qu’il y ait eu préalablement labeur. Le repos est le terme de l’action achevée. C’est bien parce que les disciples se sont fatigués à annoncer l’Évangile qu’ils ont besoin et qu’ils méritent de se reposer. C’est là affaire de justice. Il est juste de se reposer après avoir travaillé, peiné. Après l’effort, le réconfort. Dieu Lui-même nous en a donné l’exemple quand, au terme de la création, « il chôma après tout l’ouvrage qu’il avait fait ». Mais la réciproque s’impose : qui n’a pas œuvré, n’a pas lieu de se reposer.

En outre, pour se reposer, il est bon d’aller à l’écart, dans un endroit désert. Pour les disciples il s’agissait d’une réelle nécessité « car les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger ». Autrement dit, se reposer, c’est avant tout quitter le brouhaha, quitter le rythme plus ou moins harassant de notre quotidien, quitter la foule des activités qui nous occupent, voire préoccupent, habituellement. Se reposer, c’est donc, au terme du travail accompli, prendre un temps de recul qui permet de rompre avec notre activité habituelle, quelle qu’elle soit. Pour autant, aussi juste que soit cette conception du repos, elle demande encore à être précisée.

Car se reposer, en effet, ce n’est pas seulement suspendre nos activités. Ce n’est pas seulement faire une pause le temps de recharger la batterie physiquement et nerveusement avant et pour reprendre le travail. Ce n’est pas simplement une coupure entre deux périodes d’activité destinée à nous prélasser. Ce n’est pas simplement le farniente. Non ! Plus encore que tout cela, le temps du repos est avant tout un temps destiné à donner à notre âme le souffle de vie dont elle a besoin. Le temps du repos est un temps destiné à refaire notre âme (ce qui englobe la détente physique et nerveuse, mais ne se limite pas à elle). Le temps du repos est un temps de réfection. Reste à déterminer ce qui permet alors une telle réfection.

En ce sens, le psaume 22, que nous avons médité entre les deux premières lectures, nous met sur la voix : « Le Seigneur est mon berger ; sur des près d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. » Dans ce psaume, comme dans l’Évangile, c’est donc le Seigneur qui nous invite et nous conduit avec lui au lieu du repos. Autrement dit, il n’est de vrai repos qu’en présence du Seigneur. « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que peinent les bâtisseurs », dit un psaume que nous pourrions paraphraser en disant à notre tour : « si le Seigneur ne nous repose, c’est en vain que nous nous reposons ». Le Seigneur est la seule véritable source du repos car Lui seul peut refaire notre âme dont il est le centre et le principe vital, la source et la fin. « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, dit s. Augustin, et mon cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi ». « En Dieu seul le repos pour mon âme ».

Ce qui fait la réussite ou l’échec des vacances ce ne sont ni les considérations météorologiques ni la présence ou l’absence de la belle-mère. Des vacances réussies, ce sont des vacances où le Christ est présent. Alors, puisque les vacances nous laissent (normalement) un peu plus de temps libre (tel est en effet le principe même des vacances), profitons-en pour nous reposer en vérité, c’est-à-dire pour consacrer un peu plus et surtout un peu mieux de notre temps au Seigneur.

En l’occurrence, nous pouvons lui consacrer du temps en veillant à cultiver la part contemplative de notre âme, en prenant davantage le temps de la prière et de la lecture spirituelle : en venant à l’adoration ce soir, en nous rendant à la messe en semaine, en lisant un bon livre de spiritualité, etc. Serait-il donc impossible, pendant les vacances de donner au Seigneur un quart voire une demie heure de sa journée, alors que nous pouvons passer toute une après-midi sur une plage ? Quelles sont alors nos priorités ?

Nous pouvons aussi profiter de nos vacances pour consacrer du temps à Dieu en veillant à cultiver notre charité pour le prochain, en prenant du temps avec et pour lui. Attention, ici la question n’est pas tant quantitative que qualitative. Il ne s’agit pas tant de faire plus mais de faire mieux. Le temps des vacances est aussi le temps de se rendre plus disponible pour notre famille (notre conjoint, nos enfants, nos parents), pour nos amis, pour toux ceux pour lesquels nous ne prenons habituellement pas le temps de nous poser. Soyons attentifs à la qualité de notre disponibilité et de notre écoute aux autres. Profitons de ce que nous sommes moins stressés, moins bousculés pour porter la paix et la joie autour de nous. Prenons le temps de prendre du temps avec ce qui nous sont proches.

A toutes et à tous, bonnes vacances chrétiennes : reposez-vous en Dieu, bronzez saintement sous le feu de l’Esprit Saint. Le seul qui ne donne pas de coups de soleil. Amen.

Fr. Romaric Morin, op

Fr. Romaric Morin