Du jamais vu ! – Lc 8, 1-3
Jamais l’on n’avait vu en Israël un prédicateur… itinérant ! Les maîtres enseignaient jusque-là dans les synagogues. Personne n’avait osé en sortir et passer ainsi de villes en villages. Mais pour annoncer l’ouverture des cieux, prêcher à ciel ouvert était plutôt bien trouvé !
Jamais l’on n’avait vu en Israël un prédicateur itinérant accompagné, qui plus est, de ses disciples ! Le propre des disciples, c’est de se former patiemment dans un lieu retiré, d’apprendre à écouter avant de parler. Jésus, lui, n’a pas attendu la fin de leur formation religieuse pour envoyer ses disciples, deux par deux, en mission. À croire qu’il devenait urgent d’annoncer la bonne nouvelle du salut ! Et puis, il faut bien avouer que le nombre qu’il a choisi est un sacré coup de com ! Ils étaient douze, douze comme les douze tribus d’Israël, enfin réunies sous un seul chef : lui le fils de David, le roi et le prophète !
Jamais l’on n’avait vu en Israël un prédicateur itinérant accompagné de ses disciples et de tant de femmes ! Car les femmes, à cette époque, ça reste au foyer, ça ne bat pas la campagne avec des hommes qui ne sont pas leurs maris. Franchement, cette façon de prêcher sent le soufre ! Il paraît même que Jeanne, la femme de Souza, le célèbre intendant d’Hérode, les a rejoints. On l’a vue marcher bras-dessus bras dessous avec la Madeleine, la possédée ! C’est une histoire de fou. On raconte que l’argent de son mari passe à financer la bande. Faut dire que 13 bonhommes, ça mange ! Et ceux-là ne se privent pas ! Un ami pharisien, encore récemment, me l’a confié : « Ce sont des ivrognes et des gloutons ! »
Fr. David Perrin o.p.