Tel père tel fils
5e vendredi de carême – Jn 10, 31-42
Tel père tel fils, dit un célèbre adage. Cet adage fait ainsi de la ressemblance entre un père et le fils le signe de reconnaissance du lien de filiation qui unit le fils à son père. Le fils se reconnaît à ce qu’il ressemble à son père. Sauf que cet adage ne précise pas quel est l’objet de cette ressemblance. Ce sur quoi elle porte. Ce en quoi un fils doit ressembler à son père pour être reconnu comme étant son fils.
De cette précision, le Christ se charge. Déjà l’autre jour (mercredi), lors d’une précédente controverse avec ses coreligionnaires, le Christ leur avait expliqué qu’un fils se reconnaît à ce qu’il accomplit les œuvres de son père. Aux Juifs qui se prétendaient fils d’Abraham, il leur contestait cette filiation pour ce motif qu’ils n’accomplissaient pas les œuvres d’Abraham. Mais bien plutôt, en voulant le tuer, celles de leur père (qu’il se gardait bien de désigner expressément alors). Aujourd’hui, dans le même ordre d’idée, le Christ rend compte de son propre lien filial avec Dieu le Père justement en arguant de ce qu’il en accomplit les œuvres. Le Christ peut se prétendre Fils de Dieu, de Dieu le Père, dans la mesure où il accomplit les œuvres du Père.
Certes, mais cela ne nous dit pas quelles sont alors ces œuvres de Dieu le Père qui permettent de reconnaître le Fils de Dieu. En l’occurrence, il ne s’agit pas simplement de dresser une liste d’actions aussi miraculeuses soient-elles car les œuvres de Dieu ne peuvent pas se lister à la manière d’une liste de courses. Non ! Si nous voulons déterminer quelles sont ces œuvres, il nous faut, après tel père tel fils, recourir à un autre célèbre adage : tel on est, tel on agit. Les œuvres du Père sont celles qui sont l’expression de son être. Celles qui expriment qui il est. Or Dieu est amour et vérité. Donc ses œuvres sont amour et vérité. Par conséquent, le Fils de Dieu est celui qui, à l’instar de son Père auquel il ressemble, aime d’une part et fait la vérité d’autre part.
Cela bien sûr vaut éminemment pour le Christ, Fils de Dieu par nature. Mais cela vaut aussi pour chacun d’entre nous puisque nous sommes également fils de Dieu par adoption. Et le monde nous reconnaîtra donc effectivement comme tels dans la mesure où nous accomplirons les œuvres d’amour et de vérité de Dieu. Demandons-lui à présent la grâce de nous garder en son amour et sa vérité, afin que nous en accomplissions les œuvres. Amen.
Fr. Romaric Morin, op.