Les Cieux racontent la gloire Dieu !

par | 17 mai 2012

Frère Marie-Arnaud Gualandi

Les Cieux racontent la gloire Dieu !

homélie pour La fête de l’Ascension, année B

Par sa résurrection, frères et sœurs, le Christ a inauguré une vie nouvelle, incorruptible : une vie humaine, la sienne, sanctifiée, délivrée, que le péché ni la mort n’ont pu retenir captive. Et nous, passés sacramentellement par le Baptême, avec le Christ, de la mort à la vie, nous fêtons sa Pâques – liturgiquement – notre relèvement par sa puissance… depuis quarante jours. Depuis la Pâques historique du Christ, la vie est nouvelle, divinement, quotidiennement neuve. Et l’Ascension – historique – du Christ conduit à sa conséquence ultime l’humanité divinisée en la déposant dans le sein du Père, à sa droite, dans sa gloire. L’Ascension est consécration définitive, permanente, de l’incorruptibilité de Jésus ! Non pas en tant que Dieu – Dieu est par essence incorruptible, éternel et saint. De façon inouïe, l’Ascension consacre l’incorruptibilité de Jésus en tant qu’homme, mort pourtant de notre mort, offert pour nos péchés, ressuscité comme Dieu dans la chair pour notre salut… cela se réalise hier, aujourd’hui, toujours… telle est la volonté de Dieu, sur la Terre comme au Ciel.

Par son Ascension, le Christ est glorifié. Mais l’Ascension du Seigneur n’est pas à comprendre – cela a son importance – comme une promotion du ressuscité. Elle est le mouvement, son mouvement qui le conduit vers son lieu naturel : la droite de Dieu… « Le Seigneur dit à mon Seigneur siège à ma droite, je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône »… Aucun « plus » pour Celui qui possède tout. Un père n’est pas plus père lorsque son enfant est éduqué, libre et responsable. Il n’est pas plus père, il est simplement plus heureux, heureux de contempler le perfectionnement de celui qu’il aime. Jésus, le fils, n’est pas plus fils dans son Ascension que lors de son Incarnation dans le sein de Marie, lors des fêtes de Cana ou des larmes de Béthanie, des psaumes au Calvaire. Saint Thomas commente ainsi l’Ascension du Seigneur : « (Par son Ascension) – le Christ a éprouvé de la joie ; non pas qu’il ait commencé à s’en réjouir pour la première fois, au moment où il est monté au ciel ; mais il s’en est réjouis d’une nouvelle manière comme d’une réalité qui arrive à son achèvement. Aussi ce verset du Psautier « A ta droite, éternité de délice ».

L’Ascension n’est autre que la fête de la joie du Christ… il court vers le Père, chevauche les nuées, une fois élève de terre il attire tout à lui.

Nous ne sommes pas à la fin d’une histoire, les disciples le comprennent qui courent faire les miracles, annoncer la vie et la rémission des péchés. L’Ascension montre une nouvelle phase de l’histoire du Salut, un achèvement… Au moment où nous parlons, l’Esprit Saint se lisse les ailes, l’Eglise prépare son anniversaire, troisième apparition officielle – ce sera la bonne… pour fondre sur nous et nous communiquer, tout, tout de la joie du Seigneur, nous faire ressouvenir des paroles du verbe, connaitre la vérité tout entière, donner… tout de notre Foi, tout de l’Espérance et de la Charité.

Mais pour cela il fallait que le Christ Jésus ouvrit les portes du Royaume, y déposa notre humanité et se réjouisse encore en ses œuvres : « Il est bon pour vous que je m’en aille ».

Lui, la tête du corps est entré le premier, nous préparer une place, comme il l’avait promis. Il intercède pour nous. Le Christ entre au ciel… « De même – c’est encore Saint Thomas d’Aquin – que le grand-prêtre de l’ancien testament entrait dans le sanctuaire afin de se tenir devant Dieu et de représenter le peuple ainsi le Christ est entré au ciel afin d’intercéder pour nous. Sa présence même, par la nature humaine qu’il a introduite au ciel est, en effet une intercession pour nous. Dieu qui a exalté de la sorte la nature humaine du Christ, n’aurait-il pas aussi pitié de ceux pour lesquels le fils de Dieu à pris la nature humaine ? »

Le Seigneur disparait dans les nuées et devient invisible aux yeux des apôtres, heureux ceux qui croient sans voir… eux pourtant qui avaient vu, touché, entendu le Verbe de Dieu, qui l’avaient reconnu, vont désormais annoncer le mystère de la Foi. « Allez dans le monde entier. Proclamez la bonne nouvelle à toute la création ». Le disciple qui a vu se souvient, il croit encore, comme le centurion ; ils annoncent désormais. Celui qui à touché les plaies prêche lui aussi. Marie-Madeleine qui retenait dans ses pleurs mêlés de joie le Seigneur ne retient plus, elle va dire à ses frères qu’il les précède. Elle brule encore de l’amour certes et mieux que jamais mais elle éclaire toute la maison. Le parfum de ses larmes, l’encens de sa prière, rependent dans tout le corps la bonne odeur de l’époux qui l’a imprégnée de sa miséricorde.

Voici la Foi. Voici l’Esperance, voici la charité.

Oui, frère et sœurs il est meilleur pour nous que le Seigneur s’en soit allé car nous pouvons désormais bénéficier plus pleinement de son intercession, croire plus fermement puisque sa mission est accomplie, annoncer plus hardiment car il nous délivre l’Esprit : que mon esprit soit sur vous, que votre joie soit parfaite…

Croire, espérer, aimer, cela nous est plus facile désormais, notre intercesseur est auprès de Dieu…

C’était donc vrai, la gloire Dieu, c’est l’homme vivant !

Si nous croyons en l’Ascension du Seigneur nous croyons que le Christ entre, corps et âme, là où est Dieu… ce lieu où il demeure, même si le monde n’avait jamais existé… dans l’éternel et pur acte d’amour et d’être.

Mais au fait croyons nous, frères et sœurs qu’aujourd’hui, au moment même où nous partageons la joie de cette fête, croyez-nous que maintenant, au ciel, au sein même de la gloire de Dieu existent réellement, un corps d’homme, des pieds, des mains, un cœur qui bat, ouvert ? Si nous ne croyons pas assez, demandons pardon et recevons avec la miséricorde du Seigneur les secours dont nous avons besoin afin de célébrer dignement les mystères de du Salut.

fr. Marie-Arnaud o.p.

Frère Marie-Arnaud Gualandi

Frère Marie-Arnaud Gualandi