Elle est vraiment Mère de Dieu!

par | 1 janvier 2017

Elle est vraiment Mère de Dieu !

Solennité de Marie, Mère de Dieu

Que viennent contempler les bergers à la crèche ? Que vont-ils raconter de ce qu’ils ont vu ? Si, par sa naissance à Noël, Dieu est venu au jour comme tout bébé, il faut reconnaître humblement que la divinité de Jésus n’était pas inscrite sur le bout de son nez. Qu’ont-ils donc vu à la crèche, ces bergers ? Ils ont vu… bien plus qu’une petite famille, bien plus que la naissance d’un enfant bien mal logé. Ils ont vu, conformément à ce que le Ciel et les anges leur avaient annoncé, la venue de Dieu dans la chair. C’est ce qu’ils nous ont rapporté et que nous avons contemplé ces jours-ci. C’est Noël !
Et c’est dans cette lumière de Noël, dans cette célébration du mystère inouï de l’Incarnation, que l’Église nous invite aujourd’hui à méditer le mystère de Marie, Mère de Dieu.
La « Mère de Dieu », la Théotokos, réunit dans une expression saisissante l’incroyable Bonne Nouvelle que, pour nous sauver, Dieu s’est fait homme. « Mère de Dieu », l’expression est aussi audacieuse que celle qu’emploie s. Jean lorsqu’il affirme : « le Verbe s’est fait chair ». Si Marie est « Mère de Dieu », c’est parce que « Dieu s’est fait homme ». Car il est aussi impossible et incroyable que Dieu, l’Infiniment Grand, se soit fait petit enfant et que le Créateur de l’univers soit né d’une créature !
La « Mère de Dieu », la Théotokos, rassemble ce qu’il y a de plus divin et ce qu’il y a de plus humain dans l’Incarnation. « Théotokos » en grec signifie celle qui met Dieu au monde. La mise au monde dans ce qu’elle a de plus concret et de plus charnel ! Marie a accouché Dieu dans la chair ! Et l’Église, aux vigiles de fête, ne cesse de proclamer à travers le chant du Te Deum : « tu n’as pas craint, Seigneur, de prendre chair dans le sein d’une Vierge ». Jolie formule ! Mais en latin, l’évocation est beaucoup plus réaliste : non horruisti Virginis uterum. Ce qui mot à mot donnerait plutôt : tu n’as pas été horrifié par l’utérus d’une vierge ! Oui, frères et sœurs, notre religion est bien celle de l’Incarnation !
Ici je ne résiste pas au plaisir, surtout à l’adresse des plus jeunes, de reprendre cette magnifique évocation de la maternité divine de Marie par le poète Marie Noël (la bien-nommée) :
Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,
Mon enfant tout chaud sur mon coeur qui bat,
J’adore en mes mains et berce étonnée,
La merveille, ô Dieu, que m’avez donnée.
 
De fils, ô mon Dieu, je n’en avais pas.
Vierge que je suis, en cet humble état,
Quelle joie en fleur de moi serait née ?
Mais vous, Tout-Puissant, me l’avez donnée.
 
Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba
Votre grâce ? ô Dieu, je souris tout bas
Car j’avais aussi, petite et bornée,
J’avais une grâce et vous l’ai donnée.
 
De bouche, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d’ici-bas…
Ta bouche de lait vers mon sein tournée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
 
De main, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las…
Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
 
De chair, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas…
Ta chair au printemps de moi façonnée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
 
De mort, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour sauver le monde… O douleur ! là-bas,
Ta mort d’homme, un soir, noir, abandonnée,
Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.
Mère de Dieu, donc ! Mais ce titre ne ferait-il pas de Marie une déesse ? Certainement pas ! Les premiers chrétiens ont de suite contemplé le mystère de Marie dans sa maternité divine hors de toute confusion possible avec les déesses païennes. Ces dernières, divinités cosmiques aux allures plantureuses aussi puissantes que les forces de la nature, n’ont rien à voir avec cette jeune fille de Nazareth, servante et pauvre, qui exulte dans le Magnificat !
Non, le titre de « Mère de Dieu », sa raison d’être est d’affirmer la divinité de Jésus et de tenir l’unité de la Personne du Christ, vrai Dieu et vrai homme tout à la fois. Si ce n’est pas Dieu qui est né, qui est mort pour nous, Dieu et l’homme en Jésus seraient juxtaposés. Jésus serait un pantin et Dieu en tirerait les ficelles. Tout serait alors dans l’apparence… de même, l’amour de Dieu. Notre foi serait vaine : Dieu nous ferait croire à un salut comme à une simple histoire à faire rêver les enfants.
Dans ce mystère de la Mère de Dieu, nous le comprenons maintenant, frères et soeurs, c’est toute la justesse du mystère de l’Incarnation qui se déploie et se révèle à nous !
Marie est Mère de Dieu parce qu’elle est la mère de la Personne de son fils. Et son fils est le Fils de Dieu en Personne ! Marie est mère de la deuxième Personne de la Sainte Trinité selon l’humanité ! Elle est donc la clé de cet admirable échange qui, il y a 2017 ans (aujourd’hui, c’est bien cela !), a permis à Dieu de se faire homme, pour que l’homme accède à nouveau au bonheur de Dieu.
Mère de Dieu, nous te contemplons !
Mère du Sauveur nous te glorifions !
Mère de notre salut, nous t’espérons !
Notre Mère, nous t’aimons !
O Marie, tu es vraiment Mère de Dieu et notre mère. Et Celui qui se donne maintenant à nous dans cette Eucharistie qui démarre notre année, c’est toi qui nous l’a donné. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort, amen.

Fr. Antoine-Marie Berthaud, op

Fr. Antoine-Marie Berthaud