Tu rassures ce peuple par un mensonge…
Lundi de la 18ème semaine du temps ordinaire
Jr 28, 1-17
Tu rassures ce peuple par un mensonge…
Jérémie, prophète du malheur, s’oppose à Ananie, fils d’Azzour, car ce dernier rassure le peuple par un mensonge. Oh, Jérémie ne se complaît nullement dans sa mission – annoncer la destruction à venir, la conversion pénible dans l’Exil ! Combien de fois il dit à Dieu qu’il ne peut plus porter sa parole amère et dure, qu’il ne parlerait plus en son Nom, et après il cède : ta parole a été pour moi comme un feu dévorant et je n’ai pas pu la contenir.
Rien de tel pour un faux prophète. Aucun combat, pas de prix à payer. Sa parole est douce, elle coule comme un baume sur les cœurs angoissés : tout ira bien. Le roi de Babylone nous laissera tranquilles, il rendra même la parure du Temple, il libérera nos captifs. Inutile de s’inquiéter, inutile de se convertir, le joug de Nabuchodonosr disparaîtra tout seul !
« Amen ! – répond Jérémie, – Dieu veuille agir ainsi et accomplir ta prophétie ! » Puissions-nous vivre dans la paix et loin des menaces ! Mais Jérémie a vu que la vraie paix ne s’achète pas au prix des mots creux, mais par une conversion. Qu’une menace extérieure n’est qu’un reflet de notre propre vide. Que si Nabuchodonosr profane le Temple, c’est parce que nous avons abandonné Dieu. Jérémie prêche la conversion. Ananie prêche la facilité.
La voie que Jérémie trace est rude : elle passe par la reconnaissance de l’échec politique, elle engage une profonde réforme de vie. La voie que prêche Ananie est commode : il suffit de faire comme si rien n’était, répéter les mêmes phrases, et tout s’arrangera tout seul. Ananie est agréable à écouter. Jérémie est pénible. Mais c’est Jérémie qui annonce la Bonne Nouvelle. Dieu nous sauvera, si seulement nous acceptons de regarder le réel en face et croire en lui. Aujourd’hui encore, puisse la prophétie de Jérémie être entendue !