L’adoration des mages

par | 3 janvier 2010

Solennité de l’Épiphanie, Dimanche 3 janvier 2010, Bordeaux, couvent de la Vierge du Rosaire.

L’ADORATION DES MAGES !

Frères et sœurs, alors que les Mages viennent de se prosterner à genoux devant l’Enfant de la Crèche avec Marie sa Mère, il nous faudrait nous aussi rester en silence, dans l’adoration d’un si grand mystère.

Oui, c’est un grand mystère que l’Épiphanie. Un grand mystère où tout est inversé. Celui qui entre en touriste dans cette étable n’y voit rien et n’y comprend rien. Il n’y voit rien qu’un tableau émouvant : une famille simple qui accueille la vie dans un coin de Palestine à l’abri du bruit de la ville, dans des conditions pour le moins spartiates !

Mais depuis Noël tout est inversé. Rappelez-vous ! « Quand vint la plénitude des temps » Dieu a décidé de réaliser sa promesse faite à Adam et Eve de ne pas laisser l’humanité sous la malédiction du péché et de la mort. Il a décidé d’envoyer son Fils unique, Lui le Dieu unique, la Sagesse éternelle, pour venir sauver les hommes, tous les hommes et pas simplement le Peuple de la Promesse. Et comment s’y est-il pris ? Eh bien, divinement. C’est-à-dire de façon inimaginable, incroyable pour nous les hommes. Une façon qui dépasse nos sens, notre esprit et même l’intelligence des intelligents : Dieu s’est fait homme. Le Maître de la vie s’est fait nourrisson. Dieu si grand s’est fait tout petit. Incroyable, inouï, merveilleux ! C’est Noël ! Et ce sont les bergers, les petits du pays, qui sont les premiers avertis, les premiers témoins de l’événement qui va changer le cours de l’histoire du monde !

Mais ce n’est pas tout. Alors que cette venue de Dieu au monde pouvait rester dans la discrétion et passer comme inaperçue, voici que des Mages venus d’Orient viennent également rendre hommage au « Verbe qui s’est fait chair ».

De ces Mages, nous ne savons pas grand chose, même si on les imagine de toutes les couleurs. Mais nous savons qu’ils représentent les savants de l’époque qui scrutent les secrets de la nature, qui cherchent les lois de l’univers. Ils représentent aussi les grands de ce monde qui conseillent et qui gouvernent les nations païennes. Ce sont les scientifiques du moment, des chercheurs de vérité qui vont aboutir par grâce, grâce à une étoile, à la connaissance invraisemblable du vrai Dieu.

Des bergers aux Mages, des petits jusqu’aux plus grands, des pauvres aux plus riches, tout homme est convié, chacun à sa façon, à venir voir Dieu, à le contempler, à l’adorer.

Mais comme souvent, même dans l’histoire sainte, une bonne nouvelle ne réjouit malheureusement jamais tout le monde !

De quoi Hérode a-t-il peur ? Pourquoi est-il si inquiet ? La rencontre avec Dieu n’est-elle pas une bénédiction ? Les Mages ne sont-ils pas dans leur quête sincère et honnête porteurs d’un merveilleux message ? Dieu fait irruption dans l’histoire des hommes et met tout en lumière. Et la jalousie d’Hérode éclate au grand jour. L’homme le plus puissant du pays – n’a-t-il pas le pouvoir de massacrer les innocents ? – cet homme se découvre vulnérable. Et si l’on peut tromper les hommes, on ne peut tromper Dieu : son mensonge aux Mages, puisque soi-disant il veut faire comme eux, ce mensonge n’aboutira pas. Les Mages ne repasseront pas par chez lui. Furieux, Hérode pourra bien s’acharner sur la nature (en programmant une gigantesque IVG, je veux dire l’Interruption d’une Vie Gênante), il n’atteindra pas pour autant le plan de Dieu.

Par la naissance de Dieu parmi nous l’esprit du monde est donc renversé. Ceux qui ont une âme d’enfant accueillent simplement le salut, « il élève les humbles ». Ceux qui se croient grande personne à dominer le monde sont alors provoqués et déstabilisés, « il renverse les puissants de leur trône ». Hérode est, pour nous chrétiens, une leçon. Quand Dieu se présente à nous et nous interpelle, avoir peur de Lui n’est donc pas vraiment bon signe.

Que voient-ils donc, les Mages, dans cette étable ? Ce que seuls les yeux de la foi peuvent contempler : Dieu dans ce petit d’homme. L’Infini dans le fini. Le Créateur dans le créé. La grandeur dans la petitesse. La gloire de Dieu dans ce nouveau-né inconnu. Nous comprenons alors d’où vient ce qui procure aux Mages une « très grande joie ». Il ne s’agit pas de la joie naturelle et pure que déclenche la frimousse d’un joli poupon. Il s’agit de la joie surnaturelle qui jaillit du coeur du croyant. Une joie profonde, intense, une joie théologale qui vient de la foi, de l’espérance et de la charité. Une joie qui illumine l’esprit et qui réconforte le cœur.

Voilà pourquoi dans le silence, les Mages se prosternent à genoux et lui offrent leurs présents, merveilleuse expression de leur foi : l’or, l’encens et la myrrhe.

L’or, symbole de la royauté. L’or est un signe de la richesse et de la puissance royale. Ils reconnaissent ainsi Jésus comme leur Roi.

L’encens, symbole de l’offrande faite à Dieu. Le parfum de l’encens monte vers Dieu. Ils reconnaissent ainsi Jésus comme Dieu.

La myrrhe, symbole de la vie après la mort (on s’en sert pour embaumer les morts). C’est sa résurrection qui est alors annoncée. Ils reconnaissent ainsi Jésus comme le Maître de la Vie.

Alors, remplis de la foi des Mages, venons adorer l’Enfant Dieu qui vient à nous ! Et dans cette Eucharistie nous nous prosternerons, comme les Mages, devant notre Dieu qui se donne à nous maintenant. Il a fait le premier pas, ne manquons pas la rencontre ! Il nous offre son Corps sacré, son précieux Sang. Que pouvons-nous Lui offrir en retour ? À genoux, notre amour, notre adoration et toute notre vie… Et nous repartirons par un autre chemin en chrétiens renouvelés, tout heureux d’avoir rencontré le vrai Dieu, Jésus-Christ notre Sauveur.

fr Antoine-Marie Berthaud op

Fr. Antoine-Marie Berthaud