Le royaume à recevoir – fr. Jean-Ariel Bauza-Salinas, op

par | 3 juillet 2016

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Le royaume à recevoir

« Ayant convoqué les Douze, Jésus (…) les envoya proclamer le Royaume de Dieu » lisons nous au chapitre 9 de saint Luc. Et aujourd’hui, au chapitre 10, nous venons d’entendre :« Le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre ».

Pour tout juif contemporain au Christ, la signification de ce geste est évidente : Jésus enlève les barrières qui sépare les 12 tribus du reste des nations. Il envoie ses disciples d’abord à Israël, et ensuite aux païens : non pas seulement aux héritiers de l’Alliance, mais a tout le monde habité, aux 72 nations catalogués symboliquement à l’époque de César Auguste. Et cela, dit saint Luc (9,10) se passe à Betsaïde, la ville d’où venait Philippe, cet apôtre à qui des grecs s’adresseront pour voir Jésus. Mais c’est aussi à Bethsaïde qu’aura lieu la multiplication des pains et la confession de Pierre, natif aussi de cette ville comme son frère André. C’est près de Bethsaïde, « maison de la pêche », que Jésus dira à tous les deux : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4, 18).
Et bien, aujourd’hui le Christ lance encore plus loin les filets et efface les frontières et les marqueurs, ceux de l’espace, mais aussi du temps. Partes mèdes, élamites, habitants du Pont, du centre ville, du Bouscat ou de Saint-Michel, nous sommes tous concernés, désormais, par cette réalité. Non pas seulement les cathos, mais tous, car l’amour de Dieu est pour tous et le Royaume est pour tous, un royaume sans frontières.

Il s’adresse non seulement à quelques pêcheurs de Betsaïde, aux juifs de Jérusalem ou aux païens de Corinthe ou de Rome, mais à tous : aux 72 nations. S’agit-il d’un méga projet politique (un peu à contrepied de ce que veulent les anglais (cf actualité du 3 juillet 2016)), une sorte de « Israëlisation » planétaire qui réussirait là où Rome a échoué ? Il y a un peu de cela, parce qu’il s’agit bien d’étendre un Royaume. Mais attention, ce Royaume n’a rien à voir avec une quelconque colonisation. « Le royaume de Dieu, dit Paul aux romains, c’est la justice, la paix et la joie, par le Saint Esprit » (Rm 14, 17). Justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. Non pas la joie imposée des plateaux télé ou des pub pour dentifrice, mais la paix et joie qui viennent du dedans, des profondeurs de Dieu, de Celui qui nous a donné un corps et façonné notre âme, tous les deux marqués d’une vocation plus haute. « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! dit Isaïe : dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit » (Is 66, 13). « Ma royauté n’est pas de ce monde », dit Jésus (Jn 18, 36) : « Paix à cette maison » (Lc 10, 6) ; « Je vous donne ma paix » (Jn 14, 27) : joie et paix de nous savoir délivrés du mal et rattachés au ciel, par le fil de son sang. « Réjouissez-vous –dit Jésus– parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ».

« Dieu vous appelle à son royaume et à sa gloire, dit Paul aux Thessaloniciens » (2, 12). Et ce « Règne de Dieu s’est approché aujourd’hui de vous ».

C’est lui qui s’approche, que devons-nous faire ? Ouvrez les portes, n’ayez pas peur. Le royaume est à recevoir, comme la Bonne nouvelle qui entre par les oreilles. Fides ex auditu: « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend –dit Paul aux Romains (10, 17)– vient de la parole de Christ ». « Le Christ ne vous enlève rien, disait le Saint-Père Benoît XVI : il vous donne tout ». Il suffit d’ouvrir la porte, d’ouvrir les oreilles de notre cœurpour que la brise légère de l’Esprit vienne le recréer, l’arroser de sa fraicheur, l’éclairer de sa lumière.

Amen.

fr. Jean-Ariel Bauza-Salinas, op

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Frère dominicain