Lumière née de la lumière

par | 5 février 2017

Frère Nicolas-Bernard Virlet

Lumière, née de la lumière …
        Jésus nous dit : « Vous êtes la lumière du monde » Cette parole pourrait nous prendre la tête et faire enfler nos chevilles. Mais elle est une difficile et exigeante mission à remplir et non un constat allant de soi.
Comment remplir cette mission ? En commençant par bien écouter Jésus, qui ne dit pas d’abord à chacun « tu es la lumière du monde », mais « vous êtes la lumière du monde ». Cette lumière est portée par chacun, mais pas sans la communauté des croyants, l’Eglise, qui a mission de transmettre la lumière de l’amour de Dieu. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtres mes disciples » (Jn 13,35), que vous serez lumière pour le monde.
Cette lumière véritable, nous vient en plénitude par l’Eglise. Déjà dans le cœur à cœur journalier de chacun avec son Dieu, dans la prière (Mt 6,6), l’accueil de la grâce des sacrements et le service de nos frères (Mt 25,40). Mais aussi quand deux ou trois sont réunis dans la lumière de mon nom, moi, qui suis la lumière du monde, je suis au milieu d’eux (Mt 18,20), et ils sont alors la lumière du monde.
Car sans moi, qui suis la lumière du monde, vous ne pouvez rien faire (Jn 15,5), vous ne pouvez être la lumière du monde. Car tu n’es pas la lumière, mais tu as à rendre témoignage à Celui qui est la lumière ( Jn1,8).
Le miroir ne réfléchit aucune lumière s’il ne se tient lui-même du côté où réside la lumière (Jb 38,19) : c’est une condition incontournable. Seul le miroir qui se tient dans la lumière réfléchit la lumière, devient lumière à son tour. Ainsi en est-il du baptisé à qui cette lumière divine a été confiée : il doit se tenir chaque jour dans la lumière de la parole de Dieu, de sa présence, de son amour, en quoiqu’il pense, dise et fasse. Ainsi seulement il pourra devenir un « phosphorescent », porteur, dans les nuits du monde, de la lumière de la grâce reçue.
        Qui est Celui qui est la lumière du monde, sans qui nous ne pouvons être lumière du monde ?
Il est, de toute éternité, Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu.
Au premier jour il dit que la lumière soit et la lumière fut, et il vit que la lumière était bonne.
Il crée l’homme à son image et ressemblance (Gn1,26a+27), fait pour sa lumière éternelle.
Il donne sa lumière pour tous, sur les bons et les méchants, qui est celle de son amour pour la multitude (Mt 5,45).
Il est la vérité qui nous a tant aimés, qui vient nous sauver, qui nous rend la liberté des enfants de Dieu, qui nous conduit à la lumière (Jn 3,21), inséparable de la vérité (Ps 43,3).
Il est Dieu qui est lumière : en lui point de ténèbres (1 Jn 1,5). Il est la lumière véritable qui illumine sans aveugler, qui éclaire sans éblouir, qui réchauffe sans brûler, qui envisage sans dévisager, qui transfigure, qui révèle la beauté, la dignité, la vocation éternelle de tout être qui se laisse guider et envelopper par elle, qui se tient dans son champ.
       Mais Satan lui-même se déguise bien en ange de lumière (2 Cor 11,14). Il y a tant de fausses lumières en notre monde dit moderne. Aussi faut-il apprendre à discerner ce qui est de la vraie lumière et ce qui est des fausses lumières qui nous assaillent chaque jour sous mult formes et faux éclats : des lumières séduisantes du confort matériel à celles des idéologies racoleuses qui ont ensanglanté et ravage encore chaque jour notre monde, visiblement et invisiblement.
Pour nous guider, Jésus nous donne un commandement nouveau(1 Jn2,8). Celui qui prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère est encore dans les ténèbres. (1 Jn 2,9) Mais celui qui aime son frère demeure dans la lumière (1 Jn 2,10).
Et Il fait lever sur ses serviteurs la lumière de sa face (Ps 4,7+119,135) Sa parole est limpide, lumière des yeux, lumière sur la route du juste (Ps 19,9+119,105+Sg18,4). Il est la lumière par qui nous voyons la lumière (Ps 36,10). Devant Lui, même la ténèbre n’est point ténèbre, et la nuit comme le jour illumine (Ps 139,12). Il est la Sagesse, reflet de la lumière éternelle, miroir sans tâche de l’activité de Dieu, image de sa bonté (Sg 7,26).
Il est le Chemin et la lumière sur le chemin : la lumière qui est notre unique chemin dans les ténèbres de nos péchés (Sir 50,29).
Il est le Verbe qui est la lumière véritable qui éclaire tout homme (Jn1,9) mais à laquelle les hommes ont mieux aimé les ténèbres (Jn 3,19) Et pourtant qui Le suit ne marche pas dans les ténèbres : il aura la lumière de la vie (Jn 8,12) et pourra la transmettre.
        Alors devenez des fils de lumière : croyez en Celui qui est la Lumière du monde (Jn 12,35-36) Pour cela, revêtez les armes de lumière (Rm 13,12).
Jadis vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur : conduisez-vous en enfants de lumière. Car le fruit de la lumière, de l’Esprit d’Amour qui est lumière, consiste en toute bonté, justice et vérité (Eph 5,8-9).
        Aussi, si tu rassasies d’amour le plus petit de tes frères, qu’est en premier et dernier le Christ, alors ta lumière éclatera comme l’aurore, … ta lumière se lèvera dans les ténèbres et l’obscurité sera pour toi comme le milieu du jour (Is 58,8a+10b).
Alors vous pourrez proclamer les louanges éternelles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 Pi 2,9), qui est celle de son visage de gloire éternelle.
Alors vous pourrez vous passer de l’éclat du soleil et de la lune, car la gloire de Dieu vous illuminera et l’Agneau vous tiendra lieu de flambeau (Apo 21,23).
        Oui, Il est la Lumière du monde : et depuis le jour très saint de votre baptême, vous êtes par Lui seul, avec Lui seul, en Lui seul, la Lumière du monde.
La lumière comme le sel, n’existe pas pour elle-même, mais pour éclairer ceux qui sont là, comme le sel n’existe que pour donner de la saveur, relever le goût des aliments, leur donner leur lumière gustative.

A la suite du Seigneur et Maître, mort sur la croix et ressuscité le troisième jour, le baptisé fidèle est un vrai dissident au cœur du monde où il est envoyé. N’y désertez pas votre mission, car le dernier dissident qui en partirait, en obscurcira le bon sens et lui enlèvera toute saveur, affadira la parole de Dieu, mettra le monde au régime sans sel : éteindra la lumière. Mais soyez humblement et fidèlement, des fils du Père des lumières (Jc 1,17), des frères de Celui qui est la lumière du monde, les frères et soeurs de la petite fille espérance qui porte avec foi en ses mains, au milieu des hommes, la flamme fragile et forte, vive et éternelle, de la charité qui ne meurt pas.

fr. Nicolas-Bernard Virlet, op

Frère Nicolas-Bernard Virlet

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