D’une Transfiguration à l’autre, la nôtre !
D’une Transfiguration à l’autre, la nôtre !
fr. Hugues-François Rovarino, op
L’occasion d’une bonne jalousie s’offre à nous : saisissons-la ! Et jalouser notamment saint Pierre, pour une fois, c’est recommandable. Il fut témoin de ce Mystère de la Transformation : « une voix … disait : « Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie ». Cette voix venant du ciel, nous l’avons (…) entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. »
Mais comment se représenter ce Mystère ? Il fut un peu ce qu’est le dévoilement d’une silhouette passant d’une zone d’ombre à une exposition au plein soleil. La personne révèle alors un visage, un aspect unique : elle-même sans ombre. C’est la découverte et la surprise. Au-delà de la personne rencontrée, nous sommes invités à l’écouter.
La Transfiguration de Jésus semble être de cet ordre ; métamorphose de l’Elu du Seigneur ; surprise qui saisira les trois disciples dans la torpeur et la maladresse ; et message qui suivra.
La Transfiguration n’est-elle pas d’abord délivrée par Jésus comme un moment pédagogique ? Il y a en elle du mystère et pour cette raison une initiation. D’une part, prendre part à cette scène incomparable correspond à notre désir d’amis du Seigneur ; ce n’est pas une curiosité, mais l’expression de ce que nous vivons avec Jésus. Et d’autre part, reconnaissons que tout cela est un fruit – celui de la prière de Jésus, et l’expression de sa charité, de l’Amour qu’est Dieu.
Ces questions avec lesquelles nous soupirions tout à l’heure dans notre désir, expriment le chemin sur lequel nous rencontrons le Seigneur qui passe.
Pour nous, il ne s’agira pas de rejoindre Pierre, Jacques et Jean puis de leur demander des confidences ! Il faudra plutôt accueillir l’amitié de Jésus et sa révélation comme Seigneur ; accueillir cette grâce comme ses disciples le firent, enveloppés de la nuée sans laquelle toute la scène n’est qu’une « belle légende » ; en demandant à ce « Jésus de Lumière », son amour intense qui est la seule explication de ce Mystère.
La métamorphose de Jésus est la manifestation de son identité. Elle ne correspond pas à quelque chose en plus ; mais à quelque chose en moins ! Elle est la révélation de sa nature divine à la manière dont une sculpture se manifeste au sortir de ce qui la voilait, la masse de bois ou de marbre dont le sculpteur vient de l’extraire par son ouvrage.
La Transfiguration est un dévoilement ; elle exige une initiation, don de la Sagesse du Seigneur. Nos yeux ne peuvent fixer le soleil. En raison de cela, la nuée du Très-Haut prit les disciples « sous son ombre ». Elle les enveloppa. « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse ».
L’amour qu’est Dieu rayonne : il nous éclaire. C’est la première étape.
Il vient ensuite nous prendre dans sa lumière amoureuse : c’est la torpeur; nous sommes aveuglés, c’est le temps de « la crainte du Seigneur, le commencement de la sagesse » : deuxième étape !
Enfin, resplendit l’heure de l’illumination intérieure : troisième étape. Dieu délivre son message : « Une voix survient de la nuée : mon Fils, l’Elu, écoutez-le ! » Sa lumière est entrée en nous. Elle peut briller dans nos yeux, éclairer notre visage, nos attitudes. « Notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire. »
fr. Hugues-François Rovarino, op