Les saints O.P. : tous saints, mais pas un qui ressemble à un autre !

par | 7 novembre 2016

Fr Hughes-François Rovarino

Les saints O.P. : tous saints, mais pas un qui ressemble à un autre ! 

Fr. Hugues-François Rovarino, dominicain

Pas un qui ressemble à un autre ; voilà une définition qui peut réunir les saints de notre Ordre des Prêcheurs. Ceux qui nous connaissent, savent que c’est vrai ; et de notre côté, lorsque nous regardons nos 800 ans d’âge, nous constatons que nos amis n’ont pas tort. Mais, plutôt que de cette prouesse variée que soulignait l’oraison ouvrant cette célébration : « Seigneur tu as enrichi ton Eglise par une grande diversité de dons chez les saints de notre Ordre », réjouissons-nous de la sainteté qui nous est offerte.

Elle a comme traits marquants la joie et la recherche de l’unanimité. Et durant la messe, la prière sur les offrandes comme la prière après la communion y reviendront.

Alors la joie et l’unanimité reviennent-elles comme une incitation à corriger nos faiblesses ? Comme si nous avions besoin de voir ce but pour réajuster notre parcours errant loin des chemins de notre Père fondateur ?

Ou bien la joie et l’unanimité sont-elles aujourd’hui mentionnées, car elles nous sont proches ? Parce qu’on reconnaît à travers elles la vie de saint Dominique lui-même, ce qui l’a animé, ce qu’il a voulu pour nous, ce qui lui a permis de répondre à son cri : « Mon Dieu, aie pitié de ton peuple, que vont devenir les pêcheurs » !

Précisément, la joie et l’unanimité, ces fruits de l’Esprit saint sont au diapason de la supplication de saint Dominique. Autant cette intercession monta longtemps vers le Ciel ; autant la joie et la paix unanime sont descendues vers son cœur de fondateur. Si la prière portée par l’Esprit saint – venant au secours de la faiblesse du prêcheur – retentit aux oreilles de Dieu, la joie et la paix fraternelle coulent vers le cœur des prêcheurs comme un fleuve de vie venu du Cœur du Seigneur.

Oui, la joie et la paix sont au plus profond de notre sainteté ; et leurs manifestations diverses – par exemple en s. Thomas ou en s. Martin de Porrès, en s. Catherine de Sienne ou en sainte Rose de Lima, chez le Bx Jean-Joseph Lataste ou le Bx Pier-Girogio Frassati – nous montrent que pour marcher sur les pas de saint Dominique, joie et paix doivent nous accompagner quoique chez chacun, elles auront été personnelles. Oui… pas un qui ressemble à un autre !

Joie et paix sont aussi une aide pour la prédication ; si la joie nous habite, elle est la signature de l’Esprit saint qui ouvrira les cœurs de ceux à qui cet Esprit nous envoie prêcher l’Evangile ; et quant à la paix fraternelle, elle sera comme le signe que ce que nous prêchons est réaliste, réalisable, que la suite du Seigneur est crédible et réjouit les cœurs. Comment prêcher la paix par la guerre, comment proclamer la joie tristement ?

Un trait de saint Dominique qui a marqué ses contemporains doit être magnifié : « comme il aimait tout le monde, tout le monde l’aimait ». A son époque les « bisounours » n’existaient pas et les guerres lacéraient ce qui deviendra la France : l’époque n’était pas meilleure que la nôtre. Mais la joie et la paix du saint savaient frapper les esprits.

Demandons la force, le courage et la charité de Dieu pour qu’il en soit ainsi au quotidien, pour que chacun puisse le dire des autres ; et pour que cela se manifeste aussi là où nous allons prêcher, nous rendant disponibles à obéir aux appels de Dieu, « à tout quitter pour le suivre » avec une certaine intrépidité.

 

Ainsi l’appel de Jésus-Seigneur ne sera pas trouvé vain ; et notre prochain en sera le premier touché, ce que nous dirons sera conforté par notre vie. Puisse la Toussaint fortifier en nous l’esprit de notre vocation au bénéfice de tous, pour la joie de Dieu et la paix du cœur !

fr. Hugues-François Rovarino, op

Fr Hughes-François Rovarino

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