Saint Dominique : sur son front et pour nous, une étoile

par | 8 août 2011

Fr Hughes-François Rovarino

Saint Dominique : sur son front et pour nous, une étoile
                                                                                                            
 
Saint Dominique nous réunit. Sur son front et pour nous, s’est fixée une étoile… Ainsi le reconnaîtra-t-on : étoile au front ! La lumière de l’Evangile éclairant l’apôtre, illuminant son intelligence. L’étoile qui éclaire aussi les nuits. Les nuits de Dominique ont façonné son cœur ; elles vont faire accéder au jour le prédicateur. Car dans ses nuits brille la présence, la vigilance de Dieu, et son désir du salut des hommes.
     Quand on évoque saint Dominique, habituellement, on ne voit que sa lumière. Cependant, son étoile brille dans la nuit, ses nuits qui peuvent ressembler aux nôtres ; et surtout ses nuits qui peuvent transformer les nôtres en moments de lumière.
La nuit accompagne la vie de Dominique. Ce sera la nuit du songe de sa mère enceinte : « Que sera donc cet enfant ? » ; plus tard, la nuit des cris de prière du chanoine d’Osma qu’il aura été en Castille : « Mon Dieu, ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ? » ; puis la nuit de la prise de conscience, la nuit de la parole longuement partagée avec son hôtelier, familier des cathares à Toulouse, rencontré par la grâce de la Providence : la longue nuit de la prise de conscience d’où est né un prêcheur quand naissait le 13ème siècle ; viendra enfin la nuit de l’enfouissement en terre de Bologne sous les pieds de ses frères, nuit du silence d’où l’Eglise le sortira à la demande du pape Grégoire IX, des années après sa mort.
Tant de nuits, autant de nuit où « se fortifie l’homme intérieur » grâce à Dieu ; où grandit l’homme qui parle avec Dieu ; où grandit aussi l’homme qui parlera de Dieu. L’Etoile en sera le symbole. L’Eglise l’aura fixée car la vie de Dominique sera devenue éclairante !
     Cette familiarité avec Dieu fera de Dominique le saint patriarche dont nous faisons mémoire ! Combien de frères ne va-t-il pas attirer, revêtir, réunir en couvents et envoyer vers tous les horizons dès 1215. Et combien de sœurs n’aura-t-il pas d’abord rassemblé, dès 1207 prolongeant ainsi dans leur contemplation la sienne ; des moniales portant aussi sa prédication et celle de ses frères !
Mais de quelle façon ces nuits transforment-elles nos vies ? Elles visent l’essentiel d’une vie d’apôtre. Elles portent le souci de l’avenir. Elles se greffent sur le dessein divin bienveillant. « Ma Miséricorde, que vont devenir les pécheurs ? » Elles captent la grâce là où elle naît, dans la prière nocturne compagne désormais de Domingo, pour lui faire rencontrer les cœurs, même s’il faut préparer les chemins au Seigneur par toute une nuit de discussion ! D’une telle rencontre, comme pour lui à Toulouse, Dominique sortira le cœur blessé comme jadis le patriarche Jacob confronté une nuit durant à l’Ange du Seigneur.
La confrontation avec tout homme, pour lui parler de Dieu, l’aider à rencontrer son Dieu, voilà aussi la nuit dominicaine.
      Sans la nuit dominicaine, pas de saint Dominique ni de dominicains : mais cette nuit n’a jamais eu autant d’occasions de prendre forme !
      Si le 13ème siècle était traversé en Europe de multiples courants religieux, il peut ressembler au nôtre, préoccupé des mêmes réalités. Si les cathares de l’époque venaient pour une grande part du monde catholique, nous savons que bien des catholiques nous préfèrent ces courants religieux, ces sectes diverses, ces propositions de sagesse qui fleurissent en occident. Si la réponse de saint Dominique aura été fondée sur la prière des sœurs moniales, sachons aussi appuyer la nôtre sur ce même terreau de la prière fraternelle, porté par le roc du cœur de Dieu.
     Et s’il fallut une nuit à Dominique pour discuter et percevoir les accents fondamentaux d’une autre croyance, afin de pouvoir y répondre, n’oublions pas que pour qui aura pris un temps des distances avec l’Eglise, revenir en elle sera souvent difficile et devra souvent être guidé, accompagné.
Dans ses nuits, saint Dominique aura grandi dans la familiarité de Dieu et la rencontre des hommes ; puisse son étoile qui brille sur son front, accompagner nos nuits dominicaines, pour que la lumière de l’Evangile et le désir du salut chrétien pour tout homme rejoigne les cœurs contemporains !

fr. Hugues-François Rovarino, op

Fr Hughes-François Rovarino

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