L’Immaculée Conception et la vie consacrée

par | 8 décembre 2014

Ouverture de l’année de la vie religieuse à Verdelais
Premiers Vêpres de l’Immaculée Conception
Verdelais, le 7 décembre 2014
L’Immaculée Conception et la vie religieuse – célébrons l’inaliénable fidélité de Dieu !
Comme les deux aspects de l’unique mystère, l’Immaculée Conception et la vie religieuse nous rappellent que Dieu nous veut pour lui. En effet, notre vocation, notre appel nous précèdent et nous fondent dans notre existence. Chacun de nous, Dieu l’a voulu, l’a désiré, Dieu l’a choisi et amené à la vie pour nous combler de son propre bonheur. Aux sources de notre être – cette étonnante bienveillance de Dieu qui porte tout ce que nous sommes. « L’homme est l’unique créature sur terre que Dieu a voulu pour elle-même, lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l’amour, la vie de Dieu » (CEC 356). Dans nos commencements, comme dans notre achèvement rayonne la joie de Dieu. La pureté immaculée de la Vierge nous rappelle que Dieu est l’origine de toute vie et que tous nous sommes faits pour cette communion avec lui qui constituera notre joie. Pourquoi entrons-nous dans la vie religieuse ? Parce qu’un jour la beauté de Dieu nous a saisis. Parce qu’un jour nous avons entrevu que notre vrai bonheur ne peut venir que de lui seul, ne peut se fonder qu’en lui seul et ne peut être reçu que de lui seul. Notre Créateur nous a faits pour lui.
Certes, l’innocence immaculée de Marie semble nous révéler jusqu’à quel point nous pouvons être loin de ce projet de Dieu. Il y a en nous tant de complicité avec le mal, avec la médiocrité, l’orgueil entre avec notre insuffisance dans un tel alliage, que l’accès à cette joie pure et simple nous paraît être à jamais obstrué. Après l’enthousiasme des commencements (Dieu m’a voulu pour lui !) vient l’épaisseur des jours – mais moi, je ne cesse de me dérober de sa main. Là encore, l’Immaculé Conception nous dit quelque chose de notre propre mystère : Dieu n’abandonne pas l’humanité à la mort. Il ne se résout pas à nous voir sous l’emprise du mal, du découragement, d’une morbide tristesse. Il reprend, inlassablement, notre histoire pour la mener à lui. Dieu ne nous attend pas là nous aurions dû être, il nous rejoint là où nous sommes. Au sein de l’humanité pauvre et confiante, rebelle et dure, si médiocre, si généreuse, il fait jaillir cette vie nouvelle, Marie, en qui resplendit l’aurore de notre salut. Notre Sauveur ne nous laisse pas sous la tyrannie du mal.
Dieu nous recrée. Oui, dans le changement des saisons et des temps de notre vie religieuse s’accomplit un grand mystère, à peine visible à nos propres yeux : Dieu crée en nous un cœur pur, une terre nouvelle et des cieux nouveaux où habitera sa justice. De notre baptême, par le don réitéré des sacrements, à travers les événements de ce monde, nos humbles amitiés et nos pauvres services, il façonne et recrée en nous l’image de son Fils, notre joie, notre amour. En Marie, d’un coup, dans l’excès indicible de sa bonté, en nous, patiemment, longuement, par des choix répétés, Dieu nous crée. Il pétrit cette glaise de nos vies, il la réchauffe du souffle de son Esprit pour nous établir gardiens de son jardin, signes de son amour, maîtres du monde à venir.
Enfin, non seulement Dieu nous recrée, mais il vient habiter en nous. C’est pour nous qu’il prend chair en Marie, c’est pour nous qu’elle est l’Immaculée, c’est pour nous que l’ange lui adresse ces sublimes paroles : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu ». Une intimité sans pareilles : tout comme l’Esprit Saint a formé Jésus dans le sein de la Vierge, il le forme dans le sein de l’humanité. L’Église, Corps du Christ, grandit à travers les âges de notre monde. De même il le forme en nous, il vient en nous et fait de nous des enfants de Dieu. Il nous a créés pour lui, il ne nous a pas abandonnés au pouvoir de la mort, il nous recrée et fait de nous sa demeure : dans l’Immaculé Conception, tout comme dans l’humilité de notre consécration, rayonne l’inaliénable fidélité de Dieu. Qu’il achève en nous ce qu’il a commencé !

fr. Pavel Syssoev, op

Fr. Pavel Syssoev