S’abreuver d’une foi vive – fr. Marie-Ollivier o.p.

par | 12 mars 2012

S’abreuver d’une foi vive

2° Dim. Carême, 2012, La Samaritaine Jn 4,5-42

Faut-il le dire ? L’évangile de ce 3e dimanche de carême fouette notre âme engourdie, par la tiédeur et peut-être le découragement, parce que « le carême c’est pas drôle… » Frères bien-aimés, la Samaritaine attise ou ravive en nous le désir de l’eau vive, le désir de la vie éternelle, le désir de Dieu lui-même. L’eau, la vie ! scandait une publicité pour une eau minérale Oui ! mais ici, l’eau de la foi divine, et la vie de l’Esprit, qui nous ouvre le paradis. Ici commencent les mystères, commente s. Augustin.

Rappelle-toi qu’au bord de la fontaine

Un Voyageur fatigué du chemin

Fit déborder sur la Samaritaine

Les flots d’amour que renfermait son sein

Ah! je connais celui qui demandait à boire

Il est Le Don de Dieu, la source de la gloire,

C’est Lui, L’Eau qui jaillit

Cette poésie de s. Thérèse, docteur de l’Eglise, peut nous aider à percer les mystères dont parle s. Augustin ; à comprendre les paroles étranges de Jésus à la Samaritaine; à saisir que le don de Dieu, les eaux vives, la vie éternelle ne sont pas autre chose que Jésus lui-même.

« Ah! je connais celui qui demandait à boire: Il est Le Don de Dieu, la source de la gloire, C’est Lui, L’Eau qui jaillit. Jésus-Christ! »

Tout l’évangile de Jean conduit à ce terme de l’initiation chrétienne : le don de l’Esprit qui provient de la foi en Jésus. Ainsi un peu plus avant, au ch. 7, Jésus avait dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi! » Et Jean de noter : « Jésus parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui ».

Voilà le grand mystère qui s’opère dans l’âme de la Samaritaine : elle reçoit le don de la foi, le don de la vie éternelle : elle est inondée de l’amour de Dieu répandu dans son coeur par l’Esprit. Jésus le lui donne, en primeur si j’ose dire, avant l’effusion de Pentecôte. C’est ce que l’Eglise nous enseigne dans la liturgie aujourd’hui: « en demandant à boire à la Samaritaine, chante-t-on dans la préface, Jésus lui fait le don la foi. Parce que Jésus a un si grand désir d’éveiller la foi dans son coeur, il fait naître en elle l’amour même de Dieu ». C’est cela le mystère. « O Amour que tu es fort ! O Amour que tu es puissant », s’écriait Agnès de Langeac devant les invasions de Jésus en son âme!!

Dès lors, frères bien-aimés, comment ne pas se laisser toucher par la conversion de la Samaritaine ! Elle nous touche, la Samaritaine, parce que d’abord elle-même se laisse toucher par Jésus. Elle nous touche avec sa cruche et ses 5 maris, figure de nos soucis matériels, et de notre moralité approximative. Surtout, elle nous touche parce qu’elle nous renvoie à nos espérances fébriles et inavouées : rencontrer une fois celui qui nous dira tout sur notre vie ; voir enfin Jésus s’asseoir au bord de notre existence comme au bord du puits; et l’entendre nous dire: « J’ai soif, donne-moi à boire ».

Laissons le mot de la fin à Mère Thérésa ; elle disait aux Missionnaires de la Charité : « Essayez d’entendre votre propre nom et Jésus qui dit : « j’ai soif».Quelle sera votre réponse? Mettez-vous simplement devant le tabernacle. Ne laissez rien vous déranger. Entendez votre propre nom et « j’ai soif ». J’ai soif de ta pureté, j’ai soif de ta pauvreté, j’ai soif de ton obéissance, j’ai soif de cet amour de ton coeur, de cet abandon total. Jésus a soif de cet abandon total. »

Jésus s’était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. Ici commencent les mystères.

fr. Marie-Ollivier o.p.

Frère dominicain