L’Esprit saint, l’Esprit de famille

par | 12 juin 2011

Frère Antoine-Marie Berthaud

L’ESPRIT SAINT, UN ESPRIT DE FAMILLE !
Homélie du fr Antoine-Marie BERTHAUD o.p.Fête de la Pentecôte, 12 juin 2011, année A
Il était une fois un petit garçon qui, le matin de bonne heure, entre dans la belle église de son
quartier. Une belle église, peut-être un peu comme celle-ci. Il aperçoit alors une statue de la Vierge
Marie. Il s’approche d’elle, un cierge à la main, pour lui faire une prière quand, tout à coup, la statue
lui fait un sourire.
Très impressionné, le petit garçon lui demande comme pour se rassurer :
– Bonjour, Madame ! Vous êtes bien la Sainte Vierge ?
– Tu me connais donc, mon garçon ? dit-elle d’une voix douce et bienveillante.
– Oh oui ! Vous êtes la Maman de Jésus. On vous voit souvent dans les églises, répond-il fièrement.
– C’est normal, mon enfant. Car c’est ma place d’être là dans les églises où les gens se rassemblent
pour prier. Et tu vois, j’aime à tenir ma place au coeur de l’Eglise (pause). Tu sais, j’ai reçu de mon
Fils Jésus la grande et belle mission de veiller sur tous ses amis, ceux qu’on appelle ses disciples. Il
me les a confiés le jour où, sur la croix, il est mort pour sauver tous les hommes.
– Pour sauver tous les hommes ? interroge l’enfant. Mais les sauver de quoi ?
– Eh bien, pour les sauver du grand malheur qu’on appelle la mort éternelle. On disait autrefois
l’enfer. Alors je veille, constamment, et je protège tous mes enfants pour qu’ils évitent de faire le
mal qui conduit loin de Dieu.
– Oh là là, Vierge Marie ! Heureusement que vous êtes là ! Si je comprends bien, vous êtes dans
l’Eglise comme les mamans qui sont à la maison pour qu’il n’arrive rien aux enfants…
– Oui, c’est un peu çà, acquiesce la Belle Dame amusée. Mais je ne fais rien toute seule ; alors qu’au
contraire, souvent, les grandes personnes veulent tout faire toutes seules, sans l’aide du Seigneur.
Et comme la vie n’est pas toujours facile, alors certains jours elles sont tristes et découragées, et
parfois même se sentent perdues. Certaines pensent qu’elles sont parfois obligées de faire ce qui est
mal ; ou encore qu’il leur est impossible d’obéir à ce que leur demande mon Fils Jésus. Et pourtant,
n’a-t-il pas redit à ses disciples : “Sans moi vous ne pouvez rien faire” ?!
– Mais Vierge Marie, interrompt l’enfant, Jésus n’est plus là !
– C’est vrai. D’une certaine manière tu as raison : il est remonté au Ciel auprès de son Père d’où il est
venu. C’est la fête de l’Ascension. Mais justement, il a promis qu’il nous enverrait son Esprit Saint.
Et le jour de la Pentecôte, les Apôtres et moi-même, nous étions réunis au Cénacle, quand tout à
coup le Saint Esprit est venu sur chacun d’eux. Et cela a été extraordinaire ! Pour moi, ce n’était pas
tout à fait nouveau. Car après l’annonce de l’Ange Gabriel, tu te rappelles, l’Esprit Saint a envahi
tout mon être et il a conçu en mon sein le Fils de Dieu. Grâce à l’Esprit Saint, Dieu, entends-bien, le
Fils de Dieu est devenu mon Fils. Depuis lors, on m’appelle la Mère de Dieu !
– Quelle merveille ! s’exclame le petit.
– Oui, comme tu dis :”Le Seigneur a fait pour moi des merveilles” !
– Mais, Vierge Marie, qui c’est, l’Esprit Saint ? demande l’enfant très curieux.
– Oh, tu le connais déjà un peu, lui fait-elle remarquer. Il est très discret mais il agit partout où
il se fait du bien, dans le coeur des croyants et spécialement au coeur de l’Eglise. Il faut que je
t’explique : on a du Saint Esprit plusieurs représentations car, bien entendu, il demeure invisible.
C’est d’abord l’eau. L’eau du baptême. Elle montre l’action du Saint Esprit qui lave et purifie
le coeur de l’homme du malheur du péché originel. Il devient ainsi enfant de Dieu.
Ensuite on représente l’Esprit Saint par l’onction d’huile. L’huile qui manifeste la marque
indélébile de l’Esprit Saint qui fait de nous d’autres “Christs”, comme Jésus, c’est-à-dire des
chrétiens.
C’est aussi le feu. Le feu brûle et montre la puissance de l’Esprit Saint qui transforme tout ce
qu’il touche. Te souviens-tu des langues de feu sur chacun des Apôtres ? Ils ont été transformés et
sont devenus très courageux alors qu’ils avaient peur d’être chrétiens. Ils ont eu une parole
enflammée pour proclamer la Bonne Nouvelle au monde entier ! Et le coeur des disciples
d’Emmaüs ?! N’était-il pas tout brûlant de ce feu de l’Esprit Saint quand au jour de Pâques ils
comprenaient enfin la vérité ?!
C’est pourquoi on l’appelle aussi la Lumière, puisqu’en Lui, il n’y a ni mensonge ni
cachotterie.
On dit également que le Saint Esprit est la main de Dieu, la main du Père. Car c’est lui qui
consacre et sanctifie, qui bénit et qui guérit et surtout qui pardonne les péchés, même les plus
terribles. Et c’est ce que nous montrent les mains du prêtre quand il donne les sacrements.
L’image la plus belle est celle du souffle. Parce que l’Esprit Saint est ce Souffle divin qui
nous donne la vie, la vie éternelle, qui anime notre foi et inspire notre prière. Ainsi Jésus est
toujours présent dans notre vie.
Et enfin on a l’habitude de dessiner l’Esprit Saint sous la forme d’une colombe. Sais-tu
pourquoi ? Parce que ce bel oiseau d’une blancheur étonnante représente la pureté de l’amour de
Dieu, qui vient se poser sur nous le jour de notre baptême et qui veut y demeurer toujours.
Notre garçon essaie bien de suivre ce que lui explique Notre Dame mais poursuivant son
idée, il insiste :
– Mais qui c’est, l’Esprit Saint, Vierge Marie ?
– Tu te souviens de ton signe de Croix ? reprend la Belle Dame. Eh bien, c’est la Troisième
Personne divine de la Sainte Trinité… C’est Dieu, Amour infini, qui unit le Père au Fils et le Fils
au Père dans un bonheur qui n’a ni commencement ni fin !
– Que c’est beau ! s’exclame notre jeune enquêteur. Et Jésus nous l’a donné ?
– Oui, mon garçon !
– Et il est dans mon coeur ?!
– Oui, mon garçon ! Mais n’oublies jamais de le demander à Jésus dans ta prière, surtout en faisant
un beau signe de croix. C’est Lui, l’Esprit Saint, qui te fera toujours davantage penser comme
Jésus, agir comme Lui, prier et aimer comme Lui. C’est ainsi que tous les chrétiens peuvent prier
ensemble, aimer d’un seul coeur et grandir en sainteté en ressemblant de plus en plus à Jésus,
chacun selon sa vocation.
– Ah ! je comprends mieux, dit-il en hochant la tête. En fait l’Esprit Saint, c’est celui qui donne
l’esprit de famille chez les chrétiens !
– Exactement.
– Tu sais, Vierge Marie… Aujourd’hui il y a ma famille qui vient, ici, à Saint-Paul.
– Oui, je sais, sourit la Vierge Sainte. Et c’est aussi aujourd’hui que mon Fils Jésus rassemble tous
les chrétiens du monde pour leur donner à nouveau son Esprit Saint, l’Esprit de Famille des enfants
de Dieu. Alors bonne fête de famille, mon enfant ! Tu sais, c’est une grâce que de vivre d’un esprit
de famille. Profites-en bien, et sois fidèle !
– Merci, Vierge Marie ! répond l’enfant tout heureux. (pause)
Il posa son cierge en silence devant la statue qui s’immobilisa… et il rejoignit les grandes
personnes qui déjà entraient dans l’église pour répondre à l’appel de l’Esprit Saint et rendre grâce à
la messe de ce jour.

fr. Antoine-Marie Berthaud, op

Frère Antoine-Marie Berthaud

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