Tous pour la nouvelle évangélisation !

par | 12 juillet 2015

Frère Antoine-Marie Berthaud

15e Dimanche du Temps Ordinaire, Année B
12 juillet 2015, Bordeaux, Couvent des dominicains
 
 
TOUS POUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION !
 
Voilà bien, frères et sœurs, une parole de Dieu qui aujourd’hui nous invite à mieux comprendre l’appel du Pape François et de toute l’Eglise à participer à la nouvelle évangélisation !
Voyez déjà la vocation du prophète Amos ! Il n’est pas vraiment accueilli par son confrère Amazias. Tout simplement parce qu’il dérange. Ses visions et ses prophéties interpellent les plus installés de ses contemporains à se convertir, à se tourner vers le vrai Dieu et à revenir dans le droit chemin, dans la justice et la vérité.
« Va-t’en d’ici ! Arrête de prophétiser ! Et va ailleurs pour gagner ta vie ! » Amos n’a rien pour plaire : paroles gênantes, manque à gagner. Tant au plan spirituel qu’au plan matériel, le prophète est vraiment un gêneur à écarter sinon à éliminer. Et quelle va être sa réponse ? Tout simplement le choix de Dieu, sans aucune autre justification. Lui, Amos, serait bien resté à son métier de bouvier derrière son troupeau ou de jardinier tranquille à tailler ses sycomores. Mais voilà qu’en premier il a été lui-même interpelé, touché au cœur par cette Parole de Dieu : « Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. »
Alors frères et sœurs, si l’on vous rabroue comme chrétien, si l’on vous fait comprendre que vous êtes gênants, ne vous inquiétez pas ! Si vous êtes aujourd’hui dans cette église et pas éloignés de l’Eglise et sans la foi, c’est que le Seigneur vous a simplement choisis. Oh non pas parce que vous seriez des êtres exceptionnels (même si certainement vous en êtes tous), parce que vous seriez prophètes, euh je veux dire catholiques « de père en fils », ou que vous l’auriez mérités ! Non. Vous pourriez bien être comme tout le monde, avec une vie comme tout le monde, mais Dieu a fait pourtant de vous des chrétiens, des prophètes, des gens à part qui vont à la messe le dimanche et qui pour cela se privent du bon temps !
Ensuite, et c’est la raison profonde que souligne s. Paul dans sa lettre aux Ephésiens, nous pouvons participer à la nouvelle évangélisation sans nous effrayer davantage. Parce que non seulement Dieu nous as choisis, mais en plus « il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ … pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour »… Dieu a fait de nous des fils, des fils de Dieu, ses enfants bien-aimés ! Vous rendez-vous compte ?! En sommes-nous conscients ? Que dis-je, en sommes-nous convaincus ? C’est le baptême qui nous a ainsi faits tels : enfants de Dieu ! Plongés dans l’eau et le feu de l’Esprit Saint, lavés et purifiés de nos fautes par le Sang de l’Agneau, ce Sang précieux du Christ qui agit continuellement en chaque absolution reçue, en chaque eucharistie célébrée ! Ce Sang divin est celui qui coule à présent dans nos veines de chrétiens, celui qui emplit et vivifie notre cœur de fils ou fille de Dieu ! Dieu est notre Père. Jésus est vraiment notre frère et l’ami intime de nos âmes. Nous sommes cohéritiers avec le Christ du Royaume des Cieux, dont l’Esprit Saint est la première avance dès cette terre. Et cette famille si riche héritière, c’est l’Eglise !
Là, mes amis, est notre identité profonde, notre intimité secrète et notre destinée éternelle. Elle nous habilite à parler au nom de Jésus, tel que l’Esprit Saint nous donnera de le faire. Mais toujours avec un ardent désir, nourri dans la prière, de communiquer ce trésor à nos contemporains mécréants ou ignorants, souvent désorientés, pour ne pas dire perdus !
Enfin nous comprenons dans l’Evangile ce que Jésus va faire avec ces Apôtres. Ils ont été choisis (comme Amos). Ils ont reçu la grâce de vivre en intimité avec le Christ (comme en parle s. Paul). Et là « pour la première fois il les envoie deux par deux ». On imagine un instant leur désarroi. Vivre à ses côtés, se laisser guider, enseigner par lui, en un mot le suivre, c’est déjà pas mal. Mais à cet instant Jésus demande aux Douze de s’éloigner de lui, comme de le quitter pour partir en mission !
En premier, et c’est étonnant, il leur demande un très grand dépouillement matériel. Ne prenez rien pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie. Mettez des sandales et une seule tunique. Matériellement ils n’auront pas de sécurité, se mettant alors sous la dépendance totale de la Providence. Cela veut dire qu’ils devront prêcher les mains vides, car c’est bien toujours l’œuvre de Dieu dont il s’agit, et non point œuvre humaine !
Par contre en second, chose inouïe : Jésus va les suréquiper spirituellement, de ses propres pouvoirs à lui : chasser les démons et guérir les malades. Les deux signes fondamentaux du Royaume : d’une part le retrait de Satan et le recul de son emprise sur le monde jusqu’à sa défaite totale et, d’autre part, le recouvrement de la santé du corps manifestant la résurrection des âmes pardonnées.
C’est là, mes amis, la mission et le pouvoir magnifiques de l’Eglise à travers le monde par la proclamation de la Bonne Nouvelle, l’invitation à la conversion et la dispensation des sacrements. C’est ainsi que chacun, participant du Corps du Christ, peut s’élancer à sa façon dans l’évangélisation de notre monde, c’est-à-dire de notre entourage. Comme nous y exhorte bien souvent le Pape François, vivons toujours plus en cohérence avec la grâce qui est la nôtre, la grâce d’être sauvé, d’être de vrais chrétiens. Donnons envie ainsi d’appartenir au Christ et n’ayons pas peur d’inviter à venir voir Jésus en rencontrant un apôtre, un prêtre qui usera de son pouvoir divin de salut.
Pour cela, faisons nôtre cette prière de l’Eglise que nous avons peut-être rapidement entendue en début de messe et si nous étions à l’heure : « Dieu qui montres aux égarés la lumière de ta vérité pour qu’ils puissent reprendre le bon chemin, donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom et de rechercher ce qui lui fait honneur ». Amen.

fr. Antoine-marie Berthaud, op

Frère Antoine-Marie Berthaud

Frère Antoine-Marie Berthaud