La divine miséricorde

par | 15 avril 2012

La divine miséricorde

II° dim T.P.

Il ne faut surtout pas se tromper du personnage central de l’évangile de ce dimanche. Au fait, qui est au centre ? Il ne fait aucun doute, c’est Jésus. C’est Jésus qui après sa résurrection, se montre à ses apôtres et puis 8 jours plus tard à Thomas. Il est donc attesté dans cet évangile une chose vraie, le Christ est vraiment ressuscité. La résurrection, voilà la vérité la plus importante de notre foi au Christ. Dieu a donné la victoire à son Christ. La victoire de la vie sur la mort, du salut sur le péché; le triomphe du bien sur le mal. Les apôtres en sont témoins.  Le Christ ressuscité leur est apparu.

Apparemment, les apôtres retranchés dans la salle fermée, n’attendaient aucune visite. Ils s’attendaient à tout sauf voir Jésus venir les rejoindre.  C’est cela la résurrection, l’inattendu dans la nuit des temps. La foi pré-pascale des apôtres a été soumise à l’épreuve radicale de la passion et de la mort en croix de leur Maître. En effet, pendant trois ans, la parole de Jésus avait retenti sur les routes de Galilée, dans les synagogues, dans le temple de Jérusalem et sur les rives du lac Tibériade. De ceux qui l’avaient écouté, quelques milliers avaient cru en lui. Certains avaient mis en lui tous leurs espoirs. Lorsqu’il leur avait dit toutes les paroles sur le royaume des cieux, lorsqu’il avait guéri les malades et ressuscité les morts, lorsqu’il avait enseigné avec autorité, ils avaient  cru en lui. Aussi, l’avaient-ils suivi sur les routes, ils avaient retenu ses leçons singulières et difficiles à travers diverses paraboles, sans bien les comprendre, mais avec la confiance qu’il allait rétablir la royauté d’Israël. Et puis, en quelques jours, en quelques heures, tout s’était brusquement effondré.

Pendant quelques heures, entre les derniers instants du jeudi de la sainte cène et l’aube du dimanche de la résurrection, tout s’était effondré autour des apôtres, mais surtout en eux-mêmes. Les apôtres s’étaient enfermés derrière les portes verrouillées parce qu’ils avaient peur. De son côté, Thomas se montre incrédule au récit des apparitions du Seigneur. Dans cette spirale de peur et de doute, les apôtres sont loin de se rappeler tout ce que Jésus leur avait dit. Le signe de Jonas dont il leur faisait confidence ? Il leur avait pourtant dit, de même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. Toutes ces paroles révélaient son ensevelissement et sa résurrection.

Alors, si les apôtres qui avaient eu cette expérience directe des paroles et de la vie de Jésus s’étaient trouvés incapables même de comprendre le sens profond de ce que Jésus leur disait, comment en serait-il autrement de nous ?

Croire c’est plus que voir. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Avec nous, une nouvelle page de l’histoire commence. Une généalogie nouvelle formée de ceux qui n’auront rien vu mais seront heureux de croire.  Lorsque Jésus réclame la foi de ses apôtres, le plus souvent il s’agit de cette foi qui est totale confiance en lui, de cette remise de soi qui fait qu’on ne saurait douter de celui à qui on s’est donné.

La foi c’est aimer et espérer. Par rapport à la résurrection de Jésus, la peur des apôtres s’effrite et le doute de Thomas fait place à la profession de foi: Mon Seigneur et mon Dieu. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Voilà une vérité qui est exprimée sous la forme d’une promesse; le bonheur promis non pas aux incrédules mais à ceux qui feront confiance. Bienheureux sommes-nous, dans la mesure où nous serions parmi ceux qui n’attendent pas voir avant de croire. Jésus est revenu d’autres fois sur le sujet en interrogeant ses disciples : Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? C’est une parole terrible qui nous rejoint en ce moment. Terrible, car c’est tout le problème de la foi qui est ainsi posé, non seulement pour Thomas qui doute, mais pour chacun de nous. C’est déjà nous mettre en garde contre le danger de vivre une foi non approfondie, faible et fragile au point qu’elle semble désormais inexistante.

La résurrection doit nous permettre d’aimer Dieu d’une manière plus pure et plus docile. Jésus ressuscité se sert du doute de Thomas pour lui communiquer un plus grand amour. Non seulement, il l’aime et le pardonne, mais il lui offre une miséricorde plus plénière, en acceptant que tous les motifs de doute en Thomas soient brisés : Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. On le voit, avec quel amour, quelle douceur, jésus reprend Thomas. L’apôtre ne pourra plus jouer le dur ni pousser à bout son doute. Ce n’est pas pour rien que le Seigneur ressuscité souffle l’Esprit sur ses apôtres. Le don de l’Esprit saint aux apôtres leur confère une force nouvelle, ils sont vivifiés. Mais plus encore, par l’action de l’Esprit saint dont ils sont remplis, il s’opère en eux la transformation intérieure. L’amour de Dieu se répand dans leurs cœurs. Remplis de l’Esprit saint, les apôtres braveront divers obstacles en vue de témoigner du ressuscité. Ils devront agir dans la paix du Christ. Notre Seigneur est roi de la paix. La paix qu’il donne à ses apôtres est une paix divine, celle de son amour, celle de son cœur. En plus, il leur donne le pouvoir de remettre le péché, en vue de faire des hommes des futurs citoyens  du ciel.

Ainsi grâce au Christ ressuscité, nous sommes introduits dans l’univers de la paix de Dieu. Nous devenons acteurs de cette paix grâce au souffle de l’Esprit reçu. La foi nous aide à goûter au bonheur de l’espérance qui nous habite. Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. C’est par la foi que nous recevons la miséricorde, le salut du Christ ressuscité. Oui, il est vraiment ressuscité, nous le croyons. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.

fr. Antoine Tingba o.p.

Fr. Antoine Tingba