Un cœur de Pierre

par | 15 avril 2013

Frère Pierre-Alain Malphettes

Un coeur de Pierre!

3e DIMANCHE DE PÂQUES, année C

Quelle tristesse il y a dans le cœur de Pierre ! et il y a aussi comme une insatisfaction profonde. En se remémorant les paroles que Jésus lui a adressé (Lc 22,60 et 22,34), il a brutalement pris conscience qu’il avait renié son ami. Il ne l’a pas fait en passant, ni à moitié, mais il l’a fait avec entêtement. Il a été complètement retourné lorsque le regard de Jésus s’est retourné et a croisé le sien. Au milieu des souffrances physiques, morales et spirituelles de Jésus, ce regard est un pur regard de miséricorde qui s’offre sans défense à Pierre. « Ne me regarde pas comme cela » dira à Maximilien Kolbe, son bourreau. L’insoutenable vérité qui émane de l’amour. Le regard de celui qui va être transpercé, transperce de part en part le cœur de Pierre. Rien ne sera plu pour lui comme avant. Il éclate en sanglots et quitte précipitamment la cour du Grand Prêtre. C’est l’ami qu’il a trahi ; l’ami qui ne les appelait plus serviteurs. Il ne s’attendait pas à ce regard de Jésus tellement éloigné de celui de la Justice du monde

  • Et pourtant- la paix est là qui lentement jaillit du pardon.

Mais il reste chez Pierre une insatisfaction ; mieux-même une impatience, il en a le cœur tout brûlant. Alors il reprend son métier de pécheur -sur les lieux-mêmes où Jésus l’avait appelé 3 ans auparavant. Et lorsqu’il apprend que Jésus ressuscité est là, que c’est sur lui que va reposer la nouvelle fécondité de sa vie. Alors, ni une, ni deux :

  • Il se précipite pour le rejoindre
  • Il brûle de lui déclarer sa flamme
  • Il brûle de réparer l’offense qu’il lui a faite
  • Il a une dette de reconnaissance à lui payer

La miséricorde exige une réciprocité. Il est tout joyeux de répondre, avec empressement, à Jésus que -bien sur- il l’aime. Il ne fait plus de comparaison avec les autres, à son avantage. Mais Pierre s’appuie sur Jésus. Et sur la connaissance que Jésus a de son propre cœur.

  • L’évangélisation c’est la dette qu’impose la miséricorde.
  • Il n’y a pas d’évangélisation sans miséricorde.
  • Il n’y a pas de miséricorde sans évangélisation.

Et même si -la 3e fois- Pierre est peiné de l’insistance de Jésus, c’est tout d’abord pour répondre au triple reniement mais c’est aussi -vous le savez bien- parce que la miséricorde, c’est un combat à la vie, à la mort. C’est un combat pour la vie, contre la mort. Le témoignage de l’amour dans la dimension de la CROIX, c’est un combat contre les puissances des ténèbres. Gethsémani, ce n’est pas de l’eau de rose ! Beaucoup parmi vous peuvent le dire. Pierre se sent honoré, d’être appelé à ce combat. Comme nous-mêmes y sommes appelés.

 

Voilà le témoignage que le monde attend des chrétiens. Voila le témoignage que le monde attend pour croire. La victoire du Christ repose sur un combat où la mort a échoué, ou la mort est morte . La mort de Jésus et sa résurrection ont tué la mort. Mais pour entrer dans cette victoire, Il faut faire sienne la croix d’amour de Jésus-Christ .

ALORS « VIENS ET SUIS-MOI ». Amen Allelluia

fr. Pierre-Alain Malphettes o.p.

Frère Pierre-Alain Malphettes

Frère Pierre-Alain Malphettes