Dernier ennemi, la mort

par | 15 août 2016

Assomption
Le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort… ( Rm 15, 20-27)
S’endormir dans la mort pour entrer dans la vie. Y entrer tout entier, dans son âme et son corps, dans ses peines et ses joies, jusqu’au moindre souvenir, pleinement – vivre, vivre de Dieu même. Le voir, face-à-face ; se voir, tel qu’on est, respirer comme jamais on n’a respiré et aimer avec une puissance infinie.
Devenir ce qu’on est. Être – enfin ! – tout entier soi-même, car plongé en Dieu. Sans faux semblant, sans l’opacité, avec une parfaite spontanéité et une grande sérénité. Laisser derrière soi l’inquiétude et les ombres, le poids du jour et de chaleur, le sang et les cendres de notre terre, pour vivre enfin comme Dieu veut que nous vivions.
L’Assomption : entrer dans la vie de Dieu par la mort du Christ.
Aujourd’hui nous célébrons la résurrection de Marie. La Pâque de son Fils, ces semailles d’espérance dans notre histoire, porte son premier fruit dans les chaleurs d’été. Marie, Vierge et Mère, qui a suivi son Fils dans la grande obscurité de la Croix, entre dans la pleine lumière de la vie éternelle. Comme le dit l’Apôtre : «  le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité… dans le Christ tous revivrons, mais chacun à son rang ». Celle qui a été la plus unie à lui, sa Mère et son disciple, entre dans la joie de son Maître, de son Fils, de son Sauveur.
Son assomption nous redit la vérité de Pâque : la mort n’aura pas le dernier mot. Dieu nous a faits pour la vie, il nous a faits pour lui ! Vous connaissez bien cette phrase de S. Augustin : « tu nous a faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne se repose en toi ». En Marie nous contemplons que le cœur de Dieu désire aussi se reposer dans le nôtre. Il veut nous voir libres, heureux, vivants, ressuscités ! Tout en nous est fait pour lui : non seulement la fine pointe de notre esprit, mais aussi notre corps ; non seulement les moments radieux de notre histoire, mais nos douleurs – pensons à la Vierge bénie au pied de la Croix – trouveront leur plénitude en Dieu.
Espérer ! L’assomption de Marie ancre notre espérance dans la fidélité de Dieu. Le grand dragon n’engloutira pas son enfant. Aussi terrifiant qu’il puisse paraître, l’Adversaire de son Fils est impuissant devant cet enfant apparemment si frêle. Ce combat est le nôtre, il est celui de Dieu. Mais ne nous trompons pas d’adversaire ! Le dernier ennemi qu’il détruira – dit l’Apôtre – c’est la mort.
Luttons donc avec la mort. Ne lui cédons notre cœur, en cultivant la haine et le désespoir. Ne lui cédons pas notre esprit, en refusant de penser, de chercher, de réfléchir, en tombant dans la torpeur des solutions faciles. Notre corps aussi, traitons-le comme un temps de Dieu, destiné à la gloire. Certes, les souffrances resteront notre lot commun, mais l’Assomption reste pour nous une étoile sûre qui nous guide : entrer dans la vie de Dieu par la mort et la Résurrection du Christ.

fr. Pavel Syssoev, op

Fr. Pavel Syssoev