Discernons les épis saints

par | 17 décembre 2016

Frère Sébastien Perdrix

Discernons les épis saints
« Ma petite dame, mais réveillez-vous, tout va mal ! La France est en pleine décadence. L’insécurité grandit. Nos jeunes ne savent ni lire, ni compter. Nos élus votent des lois liberticides. Et à cause de la grippe aviaire, il n’y aura peut-être même pas de fois gras à Noël ! Oui, c’est de pire en pire ! »
En effet, notre monde n’est pas en pleine forme. Mais, à vrai dire, cela ne va pas bien fort depuis Adam. Oui, depuis le péché d’Adam, le ver est dans la pomme ! Les oiseaux de mauvais augure qui nous ruinent le moral à longueur de pamphlets et d’interviews ne font que constater une situation qui remonte aux patriarches et même avant. Depuis Adam, l’humanité gémit sous les maux qui l’accablent. Elle aspire de tout son cœur à en être délivrée. Qui nous sauvera de cette vallée de larmes ? D’où viendra l’homme providentiel qui pourra redresser la barre ?
Ce sauveur que le monde attend, il est déjà venu. Et nous le prêchons à la face de ce monde vieux et fatigué. Le sauveur, l’homme providentiel, est sorti du rang de l’humanité. Comme nous l’a rappelé la lecture de la généalogie, le Christ est de la descendance d’Abraham. Son humanité a été engendrée dans le sein de Marie sa mère. Il est de notre race, il est de notre sang.
Et pourtant, si Jésus est bien sorti de nos rangs, il n’est pas le pur fruit de l’humanité. Une humanité qui va mal, une humanité abîmée par le péché ne pouvait pas avoir en elle-même le remède à sa maladie. Le don du Christ Sauveur aux hommes comme le dit la généalogie est pure grâce. Il est le don du Bon Dieu. Il est « le remède concocté » par le divin médecin. En effet, ce n’est pas Joseph qui engendra Jésus dans le sein de Marie, mais Jésus fut engendré de Marie. La forme passive (« il fut engendré ») que l’Évangéliste emploie pour rendre compte du mystère de la naissance du Christ nous dit qu’elle est un événement unique dans l’histoire de l’humanité. Un homme naît d’une femme sans avoir été engendré par un acte conjugale.
A vrai dire, il y a déjà eu un précédent dans l’histoire de l’humanité. Il s’agit d’Adam. Lui non plus ne fut pas engendré par un couple, puisqu’il fut le premier homme. Il naquit de l’amour créateur de Dieu. De même, le Christ nouvel Adam est engendré en Marie par la puissance de l’amour re-créateur de Dieu. Pour sauver une création malade, il fallait que Dieu reprenne la main. Il fallait une nouvelle création : celle d’une humanité indemne de tout péché.
Oui, la création ne va pas très fort depuis Adam. Mais ce que les prophètes de malheur ne voient pas – à vrai, ils ne sont même pas prophètes, tout juste lucides – ce qu’il ne voient pas, c’est que depuis l’Incarnation du Fils, la création va mieux. Elle se renouvelle. Le royaume de Dieu grandit. Il ne connaît ni décadence, ni crise. Alors frères et sœurs, soyons vraiment chrétiens et cessons de nous plaindre comme des païens sans foi, ni espérance. Arrêtons de ne voir que l’ivraie dans le champ du monde. Discernons les épis saints. Discernons le travail de la grâce qui fait toute chose nouvelle. 

fr. Sébastien Perdrix, op

Frère Sébastien Perdrix

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