Ne dire que le Verbe!

par | 19 mai 2013

Frère Antoine-Marie Berthaud

Ne dire que le Verbe!

dimanche de Pentecôte 19 mai 2013, fr. Antoine Tingba

Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. Il vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.

Ces paroles de Jésus ouvrent un temps nouveau pour les disciples. Jésus a accompli sa mission, il retourne vers le Père. Les disciples vont avoir à vivre la séparation physique d’avec lui. Ils n’ont pas à baisser les bras, ils doivent poursuivre la mission et Jésus ne les abandonne pas.

Mais vous l’avez remarqué aussi, dans ce discours d’adieu, en une heure aussi décisive, Jésus donne en premier lieu une ligne de conduite à ses disciples: si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Il s’agit d’abord d’aimer et de demeurer fidèles. La promesse du Défenseur se déploie dans cette dynamique d’amour. L’esprit est donné à ceux qui aiment Jésus dans la fidélité aux commandements. Ces commandements, c’est le mode d’être de l’amour selon Dieu. La fidélité quant à elle devient le fait de prendre part à la mission même de Jésus. Et nous savons bien que cette mission est une épreuve. Les chemins du Seigneur sont quelquefois déconcertants et déroutants. Le dessein de Dieu passe aussi, de fait, par la mort de ses fidèles. Dieu ne veut pas la mort, mais il veut la fidélité totale, celle qui va jusqu’au bout, même si, de temps à autre, cette fidélité est mise à l’épreuve et même crucifiée. La possibilité de perdre le contact avec Jésus se présente comme une éventualité possible. Et pour ne pas perdre ce contact avec le Christ au moment de ce passage ultime de ce monde à son père, Jésus, en même temps qu’il annonce son départ dit à ses disciples, et nous avec eux, qu’il invoquera lui-même le Père afin qu’il nous envoie un autre défenseur qui sera avec nous de façon permanente.

La promesse du Christ est de garder auprès de nous l’aide d’un Défenseur autre que lui-même au moment où il nous arrivera de vivre l’inconfort de la position du disciple. Dans cette promesse, nous pressentons la gravité et le sérieux de son amour pour nous. Cela montre comment le Christ soutient chacun de ses disciples, chacun de nous, quand nous consentons à prendre le risque du témoignage de la fidélité à l’amour qui se donne à nous. Ce soutien du Christ ne peut faire défaut à ceux qui se laissent conduire par l’esprit de Dieu. L’esprit ne peut manquer à l’église.

En tant que défenseur, l’esprit vient au secours de notre faiblesse pour que nous puissions surmonter les tentations de ce monde. L’esprit demeure ardent, même lorsque la chair est faible. En effet, il vient dénoncer l’erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation. Il vient montrer où est le péché, où est le bon droit. Grâce à l’esprit, nous apprenons à aimer Dieu davantage car il nous guide et nous donne du courage pour proclamer au monde l’amour infini de Dieu. Pour devenir pleinement sujet de notre acte d’aimer, nous avons besoin de l’esprit saint.

L’esprit saint ne vient pas modifier ce que le Christ a enseigné, il n’est pas non plus en opposition avec le message du Christ et il ne peut être le défenseur de ce qui serait contraire à la loi du Christ. C’est lui le défenseur infatigable de ce qui est divin dans l’homme.

Toute véritable inspiration de l’esprit saint oriente vers une plus grande fidélité au Christ. Ceux qui sont remplis d’esprit proclament les merveilles de Dieu.

Du point de vue du Père, l’esprit saint est le don de ce qui lui est propre. Dieu agit par son fils qu’il a envoyé. Par son fils et avec son esprit, Dieu choisit de faire de chacun d’entre nous son ami.

Alors comment l’esprit nous fera-t-il souvenir de tout ce que Jésus nous a dit ? Il réveille en nous le souvenir des paroles divines en reprenant pour nous le faire connaître, ce qui a été manifesté par Jésus, dans sa mort et sa résurrection. Il nous fait connaître de l’intérieur ce pourquoi le Christ a donné sa vie sur la croix. Il nous donne d’aimer comme Jésus nous a aimés. Ainsi, il nous conduit vers la plénitude de l’amour de Dieu.

C’est par lui que nos actes et nos paroles peuvent exprimer quelque chose de la vérité du Christ, car il permet de rendre témoignage à la vérité. Il témoigne de la vérité du Christ dans le cœur même des disciples et leur donne d’en rendre témoignage dans le monde. Dans nos cœurs, l’esprit se fait lumière et force, et illumine de l’intérieur notre vie tant qu’il y trouve de la place. C’est bien l’esprit saint lui-même qui témoigne en nous de la vérité profonde du Christ et de sa bonne nouvelle.

Le Christ part vers le Père au moment où l’Esprit arrive pour tout vivifier. Le départ de Jésus ne laisse pas un vide derrière lui. Sa victoire est totale. Les disciples appelés à continuer la mission du salut initiée par le Christ seront soutenu dans le combat contre le prince de ce monde. N’est-ce pas une chance pour les disciples que d’avoir un sauveur et aussi un défenseur!

Quelles que soient les embûches de l’ennemi, l’esprit saint agit. C’est lui qui parle à notre cœur. C’est lui qui enseigne et qui conseille, c’est lui qui accompagne et qui accomplit. Jésus l’a dit, le Défenseur sera pour toujours avec nous. Alors, avec confiance, nous pouvons continuer sur notre chemin de foi, en faisant place dans notre vie, au Défenseur, l’Esprit saint que le Père nous donne.

fr. Antoine Tingba o.p.

Frère Antoine-Marie Berthaud

Frère Antoine-Marie Berthaud