Vendredi Saint

par | 22 avril 2011

Frère Guy Touton

VENDREDI SAINT
                       Homélie du Frère Guy Touton, le Vendredi saint 22 avril 2011
Au moment où sur le parvis du temple sont égorgés les agneaux
pour la pâque juive, dans ces bêlements qui ont perdu d’avance,
Jésus est crucifié à la romaine sur un monticule de Jérusalem.
Les rouleaux de la Loi étaient mis dans un coffre ;
le corps du Supplicié sera roulé dans des linges,
plein de sang partout. Une vraie boucherie.
Des clous transpercent ses pieds et ses mains ; du bois de forêt
menuisé pour la cause porte son corps malmené, défiguré à faire peur,
de grosses épines du coin enfoncées dans le crâne,
comme pour dire : Tu l’as voulu, eh bien tu l’as !
En bas de ce gibet de misère, réservé au dernier paria,
le tribunal des hommes.
Que célébrons-le en ce Supplicié parmi tant d’autres suppliciés
et torturés de l’histoire, infâme à bien des égards ?
La quintessence de toute souffrance ? Non. Infiniment plus que cela.
Nous célébrons un amour qui s’est montré invulnérable
dans un corps qui a pris tous les coups.
Nous célébrons un amour éternel dans un corps
dont les souffrances et la mort ont eu raison.
Nous célébrons un amour qu’on n’avait jamais vu jusque là,
si grand que le mal s’y est rompu :
« Père, pardonne-le leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » 
 
Dieu en Jésus a eu la grandeur de vivre sans pouvoir sur les hommes
et de mourir sans défense au milieu de leur haine.
Mais quand son corps toucha ses limites,
c’était l’amour infini qui s’y manifestait.
Un agneau, oui, un véritable agneau, mon Dieu, vous êtes donc cela :
Quelqu’un qui ne se défend pas, Quelqu’un qui vous regarde,
Quelqu’un qui vous transperce d’un regard, et nous transpercera là-haut,
d’un seul regard saint et innocent. Un regard d’agneau.
Car c’est Vous, mon Dieu, oui, c’est Vous, Seigneur, qui transpercez
tout ce mal, ce déchaînement de nuit, par votre douceur terrible :
« Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé ».
Tout ce mal subi, mon Dieu, vous le transformez en amour donné.
Toute cette haine, tout cet égarement de jeunesse du vieux sacré,
sûr de son fait, spirituellement immature, cruel et lâche
vous les fondez dans le feu de votre « Je Suis »,
dans la flamme qui ne s’éteint pas de votre charité.
Et votre amour devient un enfer pour ceux qui le refusent,

et votre joie devient lumière pour ceux qui vous accueillent.

fr. Guy Touton, op

Frère Guy Touton

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