Noël, la belle humanité de Dieu
Noël, la belle humanité de Dieu
Noël 2011, Messe du jour, Jn 1,1-18.
Çà y est ! Il est né le divin Enfant. Depuis le temps qu’on l’attendait…
Il est né cette nuit, dans le silence des étoiles qui étaient aux premières loges. Même la nouvelle lune s’était cachée derrière la terre comme pour réserver au soleil l’éclat de ce jour nouveau.
Oui il est né le divin Enfant ! Depuis le temps qu’on l’attendait !
Il est né cette nuit. Lui devant qui les anges s’étaient prosternés au moment de sa descente sur la terre. Eh oui, ce n’est pas tous les jours que Dieu le Verbe, le Fils unique de Dieu le Père, est descendu du Ciel. Et là mes amis, les anges se sont lâchés : des trompettes et des gloria à n’en plus finir toute la nuit. Un vrai délire de louange et d’action de grâce qu’aucun artiste-compositeur n’a pu reproduire en concert !
Il est né cette nuit chez nous. Et pourtant ce n’était vraiment pas commode. Marie et Joseph ont passé la nuit la plus terrible et la plus merveilleuse à la fois.
Terrible, parce qu’il faut le reconnaître, les choses se présentaient mal :
Marie à l’approche de la naissance a dû supporter des dizaines de kilomètres à dos d’âne… pour les besoins de l’administration.
L’hôtellerie cette nuit-là était bondée. Et ni l’hôtelier, ni personne n’a voulu se gêner. Une grotte, une étable, une mangeoire : voilà bien un hébergement pour un tel événement ! Bien sûr Joseph a fait au mieux pour arranger les choses, mais quand même !
La nuit la plus merveilleuse aussi car, enfin… Dieu a montré le bout de son nez ! Oui mes amis, nous qui sommes venus l’adorer, Dieu se montre à nous ce matin.
Avec un petit nez qui saura sentir et discerner toute chose.
Une petite bouche en cœur qui bientôt prêchera la grâce et la vérité.
De beaux yeux à peine ouverts de qui a déjà vu Dieu et qui nous le donneront à voir.
De jolies oreilles bien dessinées qui bientôt recueilleront la supplication des pécheurs comme la louange des saints.
Deux petites menottes aux ongles minuscules qui plus tard rompront le pain et béniront les hommes du haut de la croix !
Un petit cœur qui bat vite comme celui de tous les bébés et d’où jailliront un jour pour nous les sources de la vie éternelle, l’eau du baptême et le sang de l’Eucharistie !
Car jusque là, Dieu, personne ne l’a jamais vu ! Et aujourd’hui il apparaît. Le Verbe s’est fait chair, l’Infiniment Grand s’est fait tout petit. Le Tout-Puissant s’est fait vulnérable et fragile ! Le Maître du monde s’est fait dépendant de tous. Dieu s’est fait homme. Et le Sauveur de l’humanité repose ce matin sur le cœur tout chaud de sa maman, la première des sauvés !
Merveilleuse aussi cette nuit, car après le travail de l’enfantement, il faut imaginer la joie de Marie dans son cœur de mère, car elle est vraiment la Mère de Dieu. Et l’éblouissement de Joseph dans son regard contemplatif : Un enfant nous est né, un fils nous est donné ! Le plus beau des enfants des hommes !
Avec les traits de Marie et le cœur de Dieu.
La beauté d’une chair intacte et la bonté du pur Esprit !
Le Fils unique de Dieu, vrai Dieu et vrai homme, sous nos yeux !
L’Homme dans sa grâce et sa vérité divines !
Un amour, ce Jésus ! C’est même l’Amour en personne qui vient nous réconcilier avec notre pauvre humanité afin que nous nous laissions enfin réconcilier avec Dieu. L’Amour plus fort que le mal subi et que le mal commis. Plus fort que le péché et sa fatalité.
Un amour d’Enfant-Dieu qui nous donne ou redonne envie de L’aimer, Lui Dieu, à présent, plus que tout !
Oui, frères et sœurs et jusqu’aux plus petits, il est né le divin Enfant !
Dans un monde sans Dieu qui devient vite inhumain, n’ayons pas peur de nous approcher de Dieu qui s’est fait tout humain. Quelle est belle notre humanité dont s’est revêtu le Créateur ! Il l’a ainsi sanctifiée et sauvée. Oui à la vue du Petit de la crèche, notre humanité peut certainement retrouver son innocence. N’est-ce pas en se faisant créature que Dieu a voulu se faire notre frère, notre ami, et nous faire, nous, ses fils bien-aimés, cohéritiers du Royaume des cieux ? N’y a-t-il pas plus humain finalement que ce Dieu qui rejoint notre insignifiance et nous fait recouvrer notre dignité et notre destinée divine !
Si ce matin nous comprenons que Dieu, en Jésus, a fait le choix de la vie humaine, ce peut être pour nous permettre aujourd’hui de faire le choix de la vie divine, de la vie chrétienne, de la vie éternelle !
On l’attendait depuis si longtemps, il est bien né le divin Enfant ! Merci Seigneur ! Et nous les enfants, ne tardons plus maintenant à nous approcher de Lui et à Lui ressembler vraiment !
fr. Antoine-Marie BERTHAUD, o. p.