Le nouveau-né qui fait la joie de nos familles

par | 26 décembre 2010

Frère Antoine Tingba

Le nouveau-né qui fait la joie de nos familles
Homélie pour le dimanche de la Sainte Famille
Rien ne peut remplacer les enfants dans une famille. J’aurais bien voulu voir en ce dimanche de sainte famille, un peu comme en Afrique, les enfants occuper les premiers bancs de notre église. Je voudrais regarder leur attitude en cette fête de Noël.
Essayez d’imaginer une fête de Noël sans enfants. Sans enfants parce que un certain Hérode cherchant à les faire périr, ils ont été obligés de fuir et de se réfugier. Que se passerait-il ? S’il n’y avait pas d’enfants dans nos familles, il y aurait peut-être quand même la fête de Noël. Cependant, elle ne se célébrerait pas dans toutes ses joies. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’y aurait pas de crèche et pour la seule raison qu’il n’y a pas d’enfants. Il n’y aurait pas de cadeaux non plus parce que les mages ne se seraient pas déplacés, pas de chœur d’anges pour chanter ; pas de sapin, pas de Père Noël.
Le nouveau-né qui fait la joie de nos familles ici rassemblées s’appelle Jésus. La naissance de Jésus, Fils de Dieu, dans notre humanité ne peut nous laisser indifférents. D’ailleurs, il n’y a aucun nouveau-né qui laisse ses parents tranquilles. Mesdames, Vous le savez peut-être mieux que moi. On le sait, quand la femme attend famille, le calme habituel laisse place à l’agitation. Le couple s’agite pour préparer la maternité: il faut revoir le budget à la hausse, il faut prévoir l’un ou l’autre article indispensable à la maternité… Tout se fait en fonction de l’enfant qui va naître. Et à la naissance, l’enfant perturbe l’ambiance habituelle de la famille : si sa présence apporte la joie, ses pleurs interrompent le sommeil de ses parents et suscitent parfois des inquiétudes.
La naissance de Jésus ne laisse pas les hommes tranquilles: déjà les bergers quittent leurs brebis pour aller saluer l’heureux événement, les mages partent de leur pays pour Bethléem, les bêtes sont délogées de leur étable au profit de l’Enfant. Cette naissance bouleverse les projets de tant d’hommes et de femmes.
En effet, la présence du nouveau-né impose à ses familiers un nouveau mode de vie. Hérode n’est plus tranquille, il cherche à faire périr l’enfant car il voit sa royauté menacée. Il n’hésitera pas à mettre son plan en exécution. Il fera même périr des enfants, des innocents. Des enfants de moins de deux ans, inoffensifs et sans défense. Transgressant ainsi le plus grand commandement de Dieu qui nous dit de ne pas tuer.
Or en chaque enfant, on l’ignore trop, naît et se développe le projet intuitif d’être considéré comme une grande personne qui a des droits. Aussi attend-il qu’on ait à son égard le comportement et le respect que l’on a vis-à-vis d’un adulte.
Le fait indéniable de l’élection de Jésus de la part de Dieu, ne cache pas le mystère du mal, par lequel l’homme est capable de rejeter Celui qui l’a aimé jusqu’au bout. Ce refus de Jésus de la part des hommes, à l’instar d’Hérode, se prolonge dans l’histoire de l’humanité et rejoint aussi notre époque. Sous l’influence des facteurs multiples, on assiste aujourd’hui à l’émiettement des valeurs familiales. Décidemment, le respect de la vie n’est plus un sujet comme un autre. Cela s’est vérifié lors des journées bioéthiques organisées cette année autour du thème « naître ou ne pas naître, de l’avortement au bébé à tout prix ».
Les parents de Jésus ont été confrontés plusieurs fois à des surprises. Parmi ces surprises, la fuite de la famille en Egypte.   Après le départ des mages, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit:« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ».
Oui, mes frères et sœurs, la naissance de Jésus vient contraindre Joseph et Marie à un nouveau style de vie. Une vie d’exilés, avec ce que cela implique de contraintes sociales spécifiques (voyage long et difficile, absence d’un toit décent, insertion difficile) et de sentiment d’éloignement de la patrie (nostalgie, déracinement…).
Toutes ces contraintes, Joseph et Marie  les ont vécues sans désarmer et sans se décourager. Ils ont vécu l’exil pour sauver l’enfant de la mort et survivre au massacre commandité par Hérode.
Bien sûr, les prophéties messianiques se sont réalisées à travers le rôle joué par Joseph et Marie.  Le voyage en Egypte où la Sainte Famille a trouvé refuge, le surnom de «Nazaréen» que Jésus adoptera plus tard, montrant ainsi sa mission universelle.
Joseph et Marie se sont montrés héritiers fidèles de la foi d’Abraham: foi en Dieu qui guide les événements de l’histoire selon son mystérieux dessein de salut. Mais la grandeur de Joseph comme celle de Marie, se distingue encore plus parce qu’ils ont accompli leur mission des parents dans l’humilité, la docilité et la fidélité à la parole de Dieu.
Ils ont accueilli leur enfant comme un don de Dieu. Joseph et Marie jouent effectivement leur rôle des premiers éducateurs à travers la sollicitude qu’ils manifestent pour l’enfant dès avant sa naissance, dès le premier moment de sa conception et ensuite au cours de son enfance et de son adolescence. L’enfant Jésus échappe à la mort grâce à la protection de ses parents.
Dieu a voulu que la vie soit sauvée de la mort. Induire une rupture entre cette volonté de Dieu et la conception humaine, serait un mensonge au cœur même de l’homme. De nos jours, plusieurs situations blessent la relation des parents à l’enfant et dénotent ainsi une véritable négation de la valeur et du respect de ce grand don qu’est l’enfant.
Dieu qui se fait homme, Dieu qui a choisi de naître dans le monde et dans le cœur de chacun de nous, vient nous contraindre à un nouveau style de vie. Il nous met sur le chemin du salut. Un chemin qui peut ressembler à celui d’exil. Sortir de nos conforts habituels pour obéir à la parole de Dieu.
Cette parole c’est l’enfant de Noël. Jésus, l’enfant de la sainte famille. Jésus, l’enfant de toutes les familles. C’est lui qui nous met en route. Cette parole qui nous dit lève-toi. Lève-toi pour la vie et non pour la mort.
La sainte famille ne nous éloigne pas de la crèche. Elle fixe notre regard sur l’enfant de la crèche. Cet enfant dont la venue réconforte toutes les familles fragilisées.

En cette année de famille, nous avons besoin de nous tourner vers cet enfant et ses chers parents pour demander réconciliations et guérisons dans nos familles. Avec le secours de la Sainte famille, cela est possible.

fr. Antoine Tingba, op

Frère Antoine Tingba

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