Avoir le dernier mot!

par | 27 mai 2012

Frère Gilbert Narcisse

Avoir le dernier mot!

Fête de la Pentecôte, 27 mai 2012

La Pentecôte est la fin du temps pascal. Tout ne s’est pas arrêté pas à Pâques. Tout ne s’est pas arrêté pas à la résurrection de Jésus. Le dernier mot du temps pascal, c’est la Pentecôte : le mot de l’Esprit-Saint, le temps de l’Esprit. On le sait, c’est le dernier qui parle qui a raison. C’est encore plus vrai dans la révélation. C’est le dernier qui dit la vérité définitive ou permet de la comprendre. Oui, l’Esprit-Saint est le dernier nommé dans le Credo et dans le signe de Croix, peut-être le moins connu dans le Trinité, le moins reconnu comme Personne divine.

            Pourtant, sans l’Esprit-Saint, que serait le chrétien ? rien, absolument rien. Sans l’Esprit-Saint, pas de création, au commencement, cet esprit de Dieu qui plane sur les eaux et façonne l’homme d’emblée à l’image et ressemblance de Dieu, innocent. Sans l’Esprit-Saint, les prophètes n’auraient rien dit alors que l’Esprit a parlé par les prophètes. Sans l’Esprit-Saint, Jésus n’aurait pas été conçu dans le sein de la Vierge-Marie déjà, elle, dans la plénitude de ce même Esprit. Sans l’Esprit-Saint, pas de plénitude de la grâce en Jésus, qu’on appelle justement le « Christ », celui qui reçoit l’onction. Toutet le sens de sa mission vient de l’Esprit-Saint, au baptême, la colombe, au désert, poussé par l’Esprit, dans sa mort, où il remet son esprit, et sa résurrection où l’Esprit revifie tout.

            L’Esprit-Saint a fait tant de choses qu’on le nomme de bien des manières. Le Père, c’est le Père. Le Fils, c’est le Fils ou le Verbe. Mais l’Esprit-Saint, il faut une multitude d’images et de mots pour raconter ses merveilles. Il est presque partout invisible et presque partout agissant : l’eau et le feu ; la lumière ; la flamme ; la colombe ;  les splendeurs de la création en quête de leurs perfection ; les langues de feu contre toutes prétentions de Babel ; et ce mot si beau qui concentre  les oeuvres divines les plus spirituelles : la grâce, celle des hommes, celle des ange, la grâce qui exprime le don, la gratuité, l’élévation surnaturelle, la beauté et la reconnaissance car rien n’est plus beau en ce monde que de consentir à la grâce. Tout cela, c’est l’Esprit-Saint.

            Dans les Ecritures Saintes, c’est l’Esprit-Saint qui transforme les paroles humaines en parole de Dieu. On parle alors d’un souffle, une inspiration. Car l’Esprit est le souffle de Dieu, capable de rejoindre le plus intime de chaque vie spirituelle. Pas n’importe quel souffle anonyme, mais le souffle d’une Personne divine à part entière, aussi personnel, aussi divin que le Père et le Fils.

            C’est l’Esprit de vérité. Quelle vérité ? Pas n’importe quelle vérité. En tout cas pas celle qui ferait de l’Esprit, l’inspirateur de ma petite religion personnelle. Pas celle qui ferait de l’Esprit, le principe de n’importe quelle expérience mystique. Par d’un Esprit qu’on s’opposerait à une Eglise qui ne serait qu’une institution humaine. Dire cela n’est pas loin du péché contre l’Esprit-Saint, le pire sacrilège. Car l’Esprit-Saint est l’âme de l’Eglise, non seulement de sa sainteté mais aussi de toutes les formes institutionnelles voulues, conçue, vivifiées par l’Esprit-Saint. Quelle vérité ? Celle du Christ, celle de la plénitude révélée par le Christ. L’Esprit-Saint n’invente pas une autre religion ni ne mélange toutes les religions : quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière ; ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même, mais du Père et de ce que le Père a demandé au Christ de nous révéler en plénitude. La vérité de l’Esprit, c’est la vérité du Christ, du Christ plein de grâce et de vérité.

             L’Esprit est peut-être le moins connu parce qu’il donne de connaître toute chose dans le Christ, et il le peut car tout ce que le Christ a accompli s’est fait avec l’Esprit.

                L’Esprit, dit Jésus, reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Il est aussi notre Défenseur. Ce qu’il y a de plus précieux dans la Trinité est communiqué par l’Esprit. Ainsi, tout chrétien reçoit de l’Esprit non seulement le souffle de la vie naturelle, mais, mille fois plus, le souffle de la vie surnaturelle : la grâce, qui purifie et élève ; nous rend saint et amis de Dieu ; permet la prière et de vivre tous les sacrements, de nous purifier, de nous pardonner, de vraiment nous faire communier. L’Esrpit constitue ainsi l’Eglise et la rend missionnaire. Il crée aussi en nous les charismes qui sont les dons surnaturels multiples pour servir la communauté et donc perfectionner la charité fraternelle. Enfin, les dons du Saint-Esprit nous rapprochent de Dieu dans une connaissance expérimentale, s’épanouissant en amour. Le Saint-Esprit est donc cet artiste qui a façonne mille saints. Au Ciel et déjà sur terre, il mériterait un festival éternel

            Au soir de notre vie, quand nous rendrons à Dieu notre dernier souffle, comme on dit, l’Esprit-Saint sera là. Il prendra le relai d’une nouvelle respiration, celle de la vie éternelle, celle d’une vitalité si profonde qu’elle nous permettra de voir Dieu. Penser, croire, voire aimer, tout est rendu capable d’une grâce de l’Esprit.

            L’Esprit-Saint a vraiment le dernier mot. Laissons le dernier mot à l’Esprit-Saint.

fr. Gilbert Narcisse o.p.

Frère Gilbert Narcisse

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