Convertissez-vous !
Convertissez-vous !
fr. Antoine Tingba – dominicain
Des pertes en vies humaines, l’évangile nous en rapporte le récit telle une page à la une des journaux. Des Galiléens massacrés par Pilate alors qu’ils offraient un sacrifice. Dix-huit personnes mortes par accident suite à l’effondrement d’une tour. Dans le quotidien de notre vie, il existe bien des circonstances aussi déplorables persécutions, accidents, catastrophes, tant des chaines des malheurs qui entravent la liberté d’enfants de Dieu. Circonstances qui, sans nous laisser indifférents, ne peuvent manquer de susciter en nous des interrogations et même amener certains à douter de l’existence même de Dieu.
Nos interrogations ainsi que nos doutes, cependant, n’arrêtent pas le plan de l’amour de Dieu sur nous. Au milieu des événements malheureux qui accidentellement peuvent nous arriver, le Seigneur fait un appel urgent à la conversion, à l’Espérance. Il le dit à deux reprises, si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Disciples de Jésus que nous sommes, nous ne devons pas nous laisser impressionner par les bouleversements de ce monde. Aussi douloureuse soit notre histoire, il nous faut sortir de nos petites vies, placer notre confiance en Dieu. Notre assurance doit être inébranlable parce qu’elle est placée en Dieu, le Créateur et le Sauveur de tous les hommes. Autant, on reconnaît la solidité d’un édifice par le passage des tempêtes, des pluies, des vents et des torrents, autant notre foi se vérifie à travers toutes les difficultés qui cherchent à la faire vaciller. Et c’est même bien quelque part ces difficultés-là qui font que notre foi n’est pas seulement une simple adhésion, mais bien une confiance réellement incarnée, solide, au travers de tous les malheurs qui nous assaillent.
Le Christ est passé par l’adversité et la haine, il a porté sa croix, il souffrit sa passion. Par lui et avec lui, nous avons cette ferme conviction : vaincre la mort par la victoire de la vie. Nous n’avons donc rien à redouter des catastrophes, des accidents, et même de la fin de ce monde. Quelle est notre croix, sinon tout ce que nous n’avons pas choisi de vivre et qui nous fait souffrir? Ceux qui sont du Christ passeront, avec lui, par des épreuves. Notre Espérance repose, non sur les certitudes du monde, mais sur les paroles et la présence de Jésus ressuscité.
Quand nous tombons sous les poids de nos souffrances, n’oublions pas que c’est le Christ Jésus lui-même qui vient nous relever. Il nous a montré le chemin qui mène à la vie éternelle. Chemin qui passe par la confiance, par l’amour du Père. Notre Espérance est ancrée dans le cœur de Dieu.
Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Alors, convertissez-vous !
La conversion, c’est d’abord accepter sa volonté et non pas la nôtre. C’est le suivre tel que nous sommes, avec ce que nous sommes ; nos qualités si nous en avons mais aussi nos faiblesses, toute notre humanité.
La conversion, c’est aussi croire que Dieu par sa grâce surnaturelle peut nous aider à changer ce qui nous paraît impossible de changer. Qu’il peut nous guérir de tout le mal qui est en nous. Qu’il peut transformer notre vie. Et que même du mal, il peut en tirer du bien.
La conversion, c’est mourir en nous-mêmes, c’est-à-dire de renoncer à nous-mêmes, de ne pas nous enfermer dans le mal qui nous tient. Se convertir, ce n’est pas être à l’abri de tous les dangers. Mais c’est faire confiance à Dieu, s’appuyer sur lui en toute circonstance. Croire qu’il est présent dans notre vie et qu’il nous accompagne.
Dans la parabole du figuier, Dieu se présente sous la figure du vigneron. Il agit par lui-même, dépensant son énergie, pour atteindre son désir le plus cher, maintenir le figuier debout. En lui la vie est plus forte que la mort. Dieu se révèle en ce vigneron, bon et affectueux, très tendre et compatissant, prêt à faire largesse.
Laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour. C’est la parole de Dieu qui donne la beauté à chacune de nos existences. Compassion de Dieu toujours présent à nos souffrances, attentif au cri de nos appels, à la détresse de ceux que le monde accuse injustement. Chaque jour, Dieu nous irrigue de sa parole. C’est dans la parole de Dieu que nous devons nous enraciner pour y trouver la force de vivre, malgré l’adversité de ce monde.
Le figuier, peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas. Dans le Christ, et par lui, tous les hommes trouvent le salut. Et si le Christ nous donne le salut, encore faut-il le recevoir et l’accueillir! Donner du fruit à l’avenir, c’est la joie de témoigner de la bonne nouvelle du salut et aussi l’Espérance de voir le Règne de Dieu s’accomplir. Le temps du salut est là, à nous de ne pas laisser passer l’occasion de l’accueillir.
Dieu est patient avec nous. Il laisse fleurir en nous l’espoir d’une vie meilleure. Et nous ne pouvons y accéder qu’à partir de ce que nous acceptons d’être. Puiser dans la terre fertile pour laquelle Dieu lui-même est à l’œuvre tous les jours.
Jésus nous le rappelle souvent qu’il est venu pour les pécheurs. Quel bonheur de le savoir ! De se savoir aimé et pardonné, ouvert à la gratuité de la vie. De se savoir appelé à se convertir. Le Seigneur nous veut debout pour avancer vers lui en abandonnant tout ce qui nous détourne de lui.
Pire des pécheurs, il n’y en a pas. Cependant, faute de conversion, pensez que vous pourrez le devenir.
Alors, la mort indubitablement, s’en suivrait. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Pour que nos chances de conversion s’ouvrent à l’infini, ouvrons-nous à Dieu, à la vérité de sa parole. C’est lui qui nous arrache à nos ténèbres pour nous conduire à la lumière de son Royaume. Là est la vie en plénitude.