Veux-tu guérir ?

par | 28 mars 2017

Fr Hughes-François Rovarino

« Veux-tu guérir ? »

Jamais deux sans trois. L’évangéliste, mieux que le petit Poucet du conte et ses cailloux, laisse briller des signes pour que, les remarquant nous puissions aller vers la maison du Père, en compagnie de Jésus qui se présente comme « l’égal du Père ». Après le signe de l’eau changée en vin, annonciateur de la Nouvelle Alliance, après la guérison du fils du fonctionnaire royal, réalisée par Jésus appuyé sur la seule foi de cet homme, voici le troisième !

Devrais-je relever les deux axes opposés ici : soit le sabbat, soit la guérison. On me dira que c’est un classique chrétien, et qu’il faut applaudir à la guérison !

Devrais-je essayer de visualiser une piscine carrée avec cinq portiques ? On me dira que ce n’est pas ici le lieu pour apprécier les élégances architecturales !

Mais ce troisième signe est plus simple encore. Il s’appuie sur une épreuve majeure, celle des… 38 ans ; 38 ans de vie commune partagée par cet homme paralysé avec son brancard. Beaucoup ici ne savent pas ce que peut signifier dans leur chair, pour leurs os, pour leur âme, cette durée de 38 ans de peine. Une durée qui pèse, qui regarde bouillonner l’eau de l’éventuelle guérison, chaque jour, qui patiente, et doit rendre les armes chaque soir. Au long de 38 ans, cette personne oscille entre résignation et désespoir.

Alors quand survient Jésus la question peut sembler inutile… Jésus ne devrait-il pas savoir ce qu’attend cet homme ? A-t-il besoin de demander : « Veux-tu guérir ? » Évidemment qu’il veut ! Cet impotent choisi parmi une foule de malades, aveugles, boiteux a 38 ans de vie commune avec son brancard ! Et les autres aussi voudraient… Il ne demande rien. Il est seulement là. Pourquoi lui seul ? La grâce de guérison, le signe du salut va être posé ; celui de la délivrance du cœur, le redressement de l’âme courbée.

Le message n’en sera que plus net, net pour tous, nous éclairant encore.

Jésus vient accomplir le geste auguste du Seigneur, celui du salut. Et ce geste est une simple parole : « Lève-toi, prends ton brancard, et marche. » Une simple parole. Dieu dit et ce fut fait. Ce fut au jour du sabbat, oui ; mais « la charité n’a pas d’heure » (Mgr J. Rodhain). Et nous avions besoin de ce signe.

 

Troisième signe et parole décisive : vous savez comment l’entendre ?  – Pleinement ! Ce temps est favorable. Depuis le temps que vous vivez avec votre brancard, impotent, entravés dans vos péchés, empêtrés dans vos petitesses, en vous-mêmes. Le Seigneur vous parle ; il va s’approcher de vos cœurs après être venu sur cet autel. Prenez-le au mot quand il vous demande comme en cette heure : « Veux-tu guérir ?”

fr. Hugues-François Rovarino, op

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