Le Jugement – la bonne nouvelle

par | 29 novembre 2015

Frère Pavel Syssoev

Le Jugement – la bonne nouvelle

Premier dimanche de l’Avent, année C,

Lc 21, 25-36

Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.

Au commencement de l’année – la bonne nouvelle du jugement. Car le jugement de Dieu est une bonne nouvelle. Dieu juge, et donc l’innocent n’aura plus à souffrir. Dieu juge, et donc les puissants ne pourront plus jamais écraser les faibles. Il juge, et donc rien de ce qui est beau, noble ou pertinent ne sera plus jamais sacrifié au profit d’une laideur, bassesse et bêtise. Ce jugement s’abat sur le monde, tel un filet sur la proie, telle une mer en furie – et le Christ nous dit que c’est notre grande espérance : Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.

Les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer, mais ceux qui mettent leur vie en Fils de l’Homme se redressent, car leur délivrance arrive. De quoi espérons-nous être délivrés par ce retour glorieux de notre Seigneur ? Non seulement des ténèbres extérieures, mais aussi de cette connivence avec le mal qui ronge notre propre cœur. En nous aussi, la haine se sent à l’aise. En nous aussi, la luxure a l’entrée libre. Les beuveries, l’ivresse et les soucies de la vie alourdissent aussi notre âme qui voudrait s’oublier dans ce désordre ne serait-ce que pour un instant. Qui de nous n’aurait à craindre le regard de ce Juge ? Il est irrécusable, car absolument pur et innocent. Il n’y a aucun mal en lui. L’Agneau comme égorgé se tient debout et qui nous cachera de sa colère, pour reprendre la parole de l’Apocalypse ?

Je me rassure : Il est miséricordieux. C’est vrai. Aujourd’hui sa miséricorde m’est offerte. Comment se fait-il que j’en use pour ne pas me convertir, mais continuer comme si rien n’était ? Il ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Je le crois. Faut-il donc que je continue de choisir la mort contre sa volonté par chaque refus que j’oppose à son appel ? Nous ouvrirons l’année de la miséricorde – puisse-t-elle être l’année de ma conversion ! Si cette année sert juste à me rassurer : pèche comme si rien n’était, cultive le mal, ne lutte surtout pas contre honteux esclavage de ta médiocrité – une telle année ne sera pas une année de grâce, mais celle de malédiction et d’une grande tristesse. Puisse-t-elle au contraire accomplir en moi l’avènement de la justice qui me disposera à accueillir le Christ comme mon Seigneur et non pas comme un voleur qui m’arrache à ce monde que je prends pour mon unique trésor.

Les tragédies du monde en convulsions et la joie de l’accomplissement de la promesse divine : comment les concilier ? « Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole du bonheur… Le Seigneur-est-notre-justice ». Maintenant, pas de conciliation possible. Cette joie est la nôtre, et cette peine est la nôtre. C’est nous qui souffrons en attendant la rédemption de nos corps, c’est nous qui espérons contre toute espérance. Nous avons à pleurer sur la splendeur de ce monde détruite par notre méchanceté, l’aveuglement, l’irresponsabilité politique et personnelle. Nous avons aussi à bâtir cet amour, de plus en plus intense et débordant, qui rendra nos cœurs irréprochables et saint devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. Les deux, inséparablement.Dieu seul peut essuyer les larmes de nos yeux. Lui seul peut changer nos pleurs en joie véritables, à condition de tenir dans cette œuvre impossible de la conversion. Ne pas s’endormir, ne pas s’enténébrer, ne pas abandonner la prière. Viser à tenir debout devant le Fils de l’Homme. Quelles que soient nos chutes, relevons-nous, changeons de vie, saisissons la main tendue de sa miséricorde. Offrons-la à ceux qui n’osent plus espérer ce seul changement qui compte – celui du cœur qui s’ouvre à la lumière. Le Seigneur vient. Tout commence. C’est une bonne nouvelle. Oui, amen, viens, Seigneur Jésus !

fr. Pavel Syssoev, op

Frère Pavel Syssoev

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