“A l’instant même”

par | 11 janvier 2019

Frère David Perrin

Nous savons, nous chrétiens, que les choses prennent du temps, que le monde ne s’est pas fait en un jour, que la patience est une vertu, que nous ne pouvons pas avoir tout, tout de suite, que les choses se méritent, qu’il faut savoir ralentir et s’arrêter dans un monde qui va toujours plus vite, qu’il est important de retrouver le sens de la durée, du temps long, de la lenteur même ! Tout cela est vrai. Mais l’évangile d’aujourd’hui me pousse à faire l’éloge de la vitesse et de l’instantanéité !
L’échange entre ce lépreux et Jésus dure moins de trente secondes. L’homme se prosterne face contre terre. Il manifeste par son geste, avant même de parler, la seigneurie de Jésus. Sa prière tient en une phrase : Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. Il confesse d’un mot la royauté de Jésus en l’appelant Seigneur. Il ne cherche pas, ensuite, à fléchir la volonté de Jésus pour la conformer à la sienne. Non, il confesse que rien n’arrive sans sa permission : Si tu le veux. Et puis enfin : tu peux me purifier. Le lépreux croit en la puissance de Jésus. Il sait qu’il peut le guérir. Il n’a pas dit : « J’ai quarante ans. Je suis père de famille. J’ai des enfants à nourrir. Je suis au chômage. S’il te plaît, guéris-moi. » Il n’a pas cherché à prendre Jésus par les sentiments. Il est allé droit au but, en s’effaçant et se soumettant humblement à sa volonté : Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier.
Du côté de Jésus, les choses, aussi, sont claires et directes. Dès qu’il entend la prière de cet homme, il étend la main et lui dit : Je le veux, sois purifié. Ce geste et cette parole manifestent la décision de son cœur : Je le veux. Sans tarder, Jésus exécute ce qu’il a décidé : Sois purifié. L’effet de sa parole est immédiat : À l’instant même, la lèpre le quitta. La parole du Christ réalise ce qu’elle signifie. C’est ce qu’on appelle une parole performative. Elle est efficace, performante. Il dit et cela est. La guérison est immédiate, complète, instantanée.
Jésus n’a pas fait attendre l’homme. Il ne l’a pas fait patienter dans une salle d’attente. Il ne lui a pas a dit : « Je vais voir ce que je peux faire. Reviens dans un mois… » ou bien « Je vais te guérir mais auparavant tu devras faire ceci ou cela… » ou encore : « Il est dit dans l’Écriture, au chapitre tant, du prophète… » Non. Jésus a entendu une prière bien faite. Il l’a agréé et l’a exaucée aussitôt par sa puissance de sa divinité.
De cet évangile, retenons donc deux leçons. La première nous est donnée par ce lépreux. Il nous dit : « Abrège. Va à l’essentiel dans la prière. N’en fais pas des tonnes. Et surtout remets-toi à la volonté de Dieu et à a toute-puissance de Dieu. » La deuxième leçon nous est donnée par notre Seigneur. Jésus nous montre qu’il est prompt à nous sauver, à nous guérir et à nous purifier. À nous de croire qu’il peut nous libérer à l’instant même de ce qui nous fait souffrir. Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier.
Fr. David Perrin o.p.

Frère David Perrin

Frère David Perrin