A vous, le pharisien et le publicain de mon cœur

par | 21 mars 2020

Frère David Perrin

Deux hommes montent dans la Jérusalem de mon cœur, pour y prier : un pharisien et un publicain. Le premier n’a pas peur. Il avance, d’un pas sûr, et se tient debout, droit comme un i, devant l’autel du Seigneur. Le second se cache dans la pénombre. Il est assis, au fond de mon âme, comme au fond d’une église, et se demande s’il a encore le droit d’être là, après tout le mal qu’il a fait.

Pharisien et publicain, toujours, se tiendront ensemble dans notre temple intérieur. Ils se croiseront, sans jamais se parler, le publicain, tête baissée, laissant passer devant lui le pharisien, le pharisien, tête haute, laissant loin derrière lui le publicain.

Il y aura toujours en notre âme cet homme qui, à la première bonne action, à la première aumône, au premier jeûne venus, lèvera les yeux vers Dieu et, d’un sourire entendu, dira : « Merci, mon Dieu, car je ne suis pas comme les autres hommes — ils sont voleurs, injustes, adultères — ou encore comme ce publicain ! » Et il y aura toujours en nous cette autre personne qui, face contre terre, murmurera : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! »

Jusqu’à notre dernier souffle, les deux cohabiteront : le pharisien qui bombe le torse, prêt à monter sur le podium de la sainteté, sans que personne ne l’ait appelé, le champion de l’amour qui se voit déjà médaillé d’or, sous les bravos et les hourras de la cour céleste ; le publicain, sur la touche, qui retournera chez lui, sans savoir si Dieu l’a entendu et pardonné.

À vous, le pharisien et le publicain de mon cœur, Jésus vous adresse cette parole. Au premier, il dit : « Qui s’élève sera abaissé ». Au second, il dit : « Qui s’abaisse sera élevé. » Au premier, il dit : « Souviens-toi que tu es comme ce publicain. » Au second, il dit : « Va et ne pèche plus ».

fr. David Perrin o.p.

Frère David Perrin

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