Béni soit son saint Nom !

par | 3 janvier 2023

Frère David Perrin

« Lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception. » (Lc 2, 21) La coïncidence, chez les Juifs, entre l’imposition du nom de l’enfant mâle et la circoncision n’est pas un hasard.

C’est seulement au moment où l’enfant est reçu par son peuple qu’il peut recevoir son nom propre, seulement au moment où il entre dans la communauté des croyants qu’il peut être reconnu par elle et qu’il devenir une personne à part entière. Mais la circoncision ne signifie pas seulement l’entrée d’un homme dans une communauté. C’est aussi l’entrée dans une alliance personnelle avec Dieu, de sorte que la coïncidence entre circoncision et imposition du nom signifie cette vérité essentielle, pour les Juifs, mais aussi pour nous, chrétiens, que c’est seulement au moment où Dieu fait alliance avec nous que notre vie commence pour de bon et que nous gagnons notre nom propre.

Le nom que nous recevons nous inscrit dans une histoire sainte, car nous recevons un nom que d’autres personnes, avant nous, ont porté. Il oriente aussi notre vie, car chaque nom a une signification.

Le nom que Jésus reçoit fut celui d’un patriarche très célèbre. Yesu est un abrégé de Yesua, lui-même abrégé de Yehosua. Nous le traduisons en français par Josué. Josué, rappelez-vous, est le successeur de Moïse, celui qui a fait passer le peuple d’Israël à travers le Jourdain et l’a fait entrer en Terre Promise. Le nom que l’ange souffle à Marie et Joseph est donc chargé d’histoire ! Il dit que cet enfant sera le nouveau Josué d’Israël : celui qui, enfin, fera entrer son peuple dans la Terre Promise par Dieu qu’est le Royaume des cieux. Voilà pourquoi la première manifestation de Jésus a lieu auprès de Jean le Baptiste de « l’autre côté du Jourdain ».

Le nom de Jésus le rattache, comme nous venons de le voir, à une histoire sainte mais il délivre également un message sur son être profond et sur sa mission. Car les noms, surtout en Orient, disent le mystère profond d’une personne, sa vocation intime. Yesu, Yesua, Yehosua veulent dire en hébreu : « Le Seigneur Sauve » ou « Le salut du Seigneur ». Imaginez Marie qui présente son enfant à une amie : – « Shalom ! Comment s’appelle ton garçon ? » – « Le Seigneur sauve ! » Voilà qui en dit long sur l’identité de celui que Marie tient dans ses bras. Ce nom convient parfaitement à ce que Jésus fut pour chacun de nous : le salut de Dieu !

Prononcer le nom de Jésus revient donc, pour nous, à confesser deux choses. Premièrement, que l’histoire s’est accomplie et que Jésus est le vrai Josué qui a le pouvoir de nous transférer dans le Royaume des cieux. Deuxièmement, qu’il est le Sauveur que Dieu a envoyé pour nous libérer du péché qui enchaîne notre âme. Nous avons aujourd’hui l’honneur et le privilège insigne de connaître le nom du Saint des Saints, ce nom qu’autrefois personne en Israël ne pouvait prononcer, sinon le Grand-Prêtre au jour du Grand Pardon, et de pouvoir l’appeler quotidiennement par son nom. Puissions-nous jamais prononcer ce nom sublime à la légère mais avec toujours beaucoup de dévotion et une crainte sacrée, afin qu’il s’imprime dans notre esprit qui le conçoit, qu’il sanctifie notre âme et notre bouche qui le prononce.

Frère David Perrin

Frère David Perrin