Cauchemar au tombeau
Homélie pour le jour de Pâques – 31 mars 2024
En ce matin, la joie ne règne pas sur les âmes. Le tombeau du Christ est fermé, le corps du Christ est couché, habillé des linges. Cauchemar, les cœurs meurtris ne se remettent pas de ces événements tragiques. Et les âmes s’éveillent, et se remettent en question. Les portes des consciences se ferment. Quelques-uns cherchent désespérément les raisons de ce massacre. Tous se calfeutrent, personne ne bouge. Et pourtant, l’aurore se profile, l’invincible lumière renaît. Cette lueur d’espoir dissipe les ténèbres et donne à espérer.
Envisageons la situation suivante. Finalement, la porte du tombeau est ouverte, le tombeau est vide et les linges sont délicatement pliés et posés sur le sol. Ne serait-il pas judicieux d’espérer l’éclot d’un jour nouveau. Regardez, la lumière éclate de plus en plus, se dévoile douce et pénétrante. La vie reprend son droit et son souffle. Une renaissance s’envisage. Relevons la tête. Écoutons les promesses du Christ qui nous a dites avant tout cela : Je suis la porte, si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé. (Jn 10,9). Le Christ nous l’avait dit, il ne peut mourir et non avec Nous avons toujours la possibilité d’être présents à Dieu. Tous les moments uniques et irremplaçables sont à jamais envisageables. Et le Christ désire d’un grand désir continuer à être présent avec nous. Même si, deux ou trois fois durant sa vie, Jésus s’est plaint du temps à rester encore avec nous et à nous supporter. (Mc 9, 19). Mais, si nous sommes encore là, vivant c’est bien que le Christ soit bien vivant. Et le souhait du Christ perdure : passer du temps avec nous, tout son temps, un temps éternel. Dieu désire ce temps-là et celui de l’au-delà, de faire de ces deux temps, un seul et même temps, un temps qui dure et qui dure éternellement avec nous.
Envisageons la porte du tombeau ouverte, le tombeau vide et les linges délicatement pliés. Et l’espérance grandit. En ce matin, lentement, les ténèbres se dissipent et la lumière douce et pénétrante prend toute sa place. Le scénario où le Christ est encore dans le tombeau n’est plus du tout crédible. Le Christ a posé tant d’actes de miséricorde : guéri des plaies, cicatrisé des blessures, assoupli des cicatrices. Les enseignements comme la naissance et renaissance, les béatitudes et la miséricorde, le semeur qui sème la semence, le Christ comme pasteur et porte d’accès à la vie éternelle, tous ces enseignements nourrissent nos âmes. Tous les bénéficiaires de miracles, les aveugles, les estropiés, les lépreux, les délivrés des démons, les pardonnés ont tous été délivrés de leurs maux et ont repris leur place dans la société. N’oublions pas les ressuscités : le fils de la veuve de Nain, la fille de Jaïre, et Lazare qui se retrouve au Paradis. L’autre Lazare, l’ami du Christ a ressuscité en répondant à ces deux mots : viens dehors. Oh, n’oublions pas le bon larron : ce soir, tu seras avec moi dans le paradis (Lc 23, 43). Tous ces actes ont été posés par le Christ sauveur.
Avec le Christ, il est difficile d’imaginer que tout s’arrête avec la mort. Certes, le Christ expire sur le bois de la croix, il est déposé au tombeau, la porte fermée, et tout s’arrête. Vous, vous y croyez. Or le Christ a vaincu la mort, et la mort n’a pas d’emprise sur lui. L’accès à la vie éternelle, le Christ l’a acquis. Lors de sa passion, il est resté uni à son Père. À sa mort, la mission du Christ se termine avec le plus gros succès que le monde peut connaitre. La vie du Christ triomphe de la mort. La mort est vaincue. D’elle, resplendissent les couleurs de la vie. Le tombeau ouvert devient l’accès au Royaume de Dieu. Et dans le tombeau, le linge si délicatement plié se propose à chacun. Avec le linge resté en plan, nous sommes invités à en prendre un, à s’en vêtir et à en être fier. Avec ce linge, voici l’habit blanc, celui des noces de l’agneau. Même, un habit dominicain ne peut atteindre la blancheur de l’habit des noces. Ce dernier ne peut s’abîmer ni se salir car cet habit, c’est le Christ ressuscité. Avec lui, nous revêtons le Christ. Et la renaissance du baptême, arrhes de la vie éternelle, nous entraîne au banquet éternel. Là, notre palet se délectera des mets de l’au-delà. Aucun des plats d’ici bas même un confit de faisan ne peut rivaliser avec ceux du Royaume de Dieu.
Marie-Madeleine, merci ! Tu as su dépasser tes craintes. Tu t’es mise en route jusqu’au tombeau. Comme premier témoin de la résurrection, tu es aussi la première à découvrir le tombeau ouvert. Ton cœur a failli rendre l’âme en courant auprès des apôtres pour leur annoncer le tombeau ouvert. Tu as failli te fracasser les mains en tambourinant leur porte pour qu’ils t’ouvrent. Tu as recardé Pierre et Jean pour qu’ils se bougent et constatent un tombeau vide. Et grâce à toi, les deux ont vu la porte du tombeau ouvert, le tombeau vide et linge délicatement plié et posé par terre. Grâce à toi, nous sommes les témoins et bénéficiaires de la résurrection. Nous avons la liberté de franchir la porte de l’espérance, le Christ ouvert, lumière étincelante de la vie éternelle et gage de toute renaissance. Du Christ, recevons le désir de vivre, la force du désir de vivre, la résilience de se battre. Laissons couler la source d’eau vive et nous entraîner dès ici-bas dans l’au-delà.
fr. François-Régis Delcourt